Bangladesh

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Aucune garantie des droits

Aucun changement depuis l'année dernière

Le Bangladesh est l’un des dix pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses

  • Lois régressives

  • Obstacles à la formation de syndicats

  • Violence policière

Au Bangladesh, les droits des travailleurs/euses sont toujours strictement limités. Dans le secteur du prêt-à-porter, le plus grand secteur d’activité du pays, qui emploie plus de 4,5 millions de travailleurs, les tentatives de constituer des syndicats ont été systématiquement bloquées et les grèves ont donné lieu à l’intervention extrêmement brutale de la police du secteur de la confection, qui a tiré à balles réelles et fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser les travailleurs. Au moins six travailleurs ont été tués par la police pendant des grèves et de nombreux autres ont été gravement blessés.

Les travailleurs bangladais font l’objet de licenciements collectifs et de poursuites pénales alors qu’ils ne font qu’exercer leur droit de manifester pacifiquement. Les autorités ont également fait obstacle à la formation de syndicats en imposant un processus d’enregistrement très fastidieux.

Violations des droits des travailleurs

Assassinats

De nombreux travailleurs/euses du secteur de la confection ont été blessés le 13 juin 2021 après la répression de la police pendant des grèves de l’usine de Lenny Fashions et Lenny Apparels, située dans la zone franche d’exportation de Dhaka (DEPZ), à Ashulia, dans la banlieue de Dhaka, au Bangladesh. Les travailleurs demandaient leur salaire suite à la fermeture de l’usine. L’ouvrière Jesmin Begum, âgée de trente-deux ans, est décédée de ses blessures après avoir heurté une barre de fer alors qu’elle quittait le site de la manifestation en courant, parce que la police dispersait violemment les manifestants. De nombreux travailleurs ont été blessés par la police, qui a fait usage de balles en caoutchouc, de bombes lacrymogènes, de canons à eau et de matraques pour refouler les manifestants. Plus de 6.000 personnes ont perdu leur emploi lors de la fermeture de Lenny Fashion et Lenny Apparels, filiale de l’entreprise Must Garment établie à Hong Kong, le 20 janvier 2021. La direction avait dit qu’elle verserait les salaires dus avant le mois de mai, mais l’entreprise n’a pas respecté son engagement.

Assassinats

Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées le 17 avril 2021 lorsque la police a ouvert le feu sur une foule de travailleurs/euses qui manifestaient pour demander le paiement des salaires dus et une augmentation de salaire sur le chantier de construction de la centrale à charbon SS Power Plant, à Chittogram, au sud-est du Bangladesh. Les travailleurs protestaient contre le non-paiement des salaires, la réduction imprévue de leurs heures de travail, un congé pour le ramadan et une diminution du nombre d’heures de travail pendant la fête religieuse.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

La police du Bangladesh a fréquemment interdit les réunions syndicales et ont physiquement empêché les participant(e)s d’assister à une réunion lors de laquelle devait être institué le comité régional de l’IndustriALL Bangladesh Council (IBC).

L’IBC est l’organe de coordination des affiliées bangladaises du syndicat mondial IndustriALL. Le 24 septembre 2021, une réunion devait avoir lieu au bureau de la fédération syndicale de la confection Bangladesh Independent Garment Workers Union Federation (BIGUF) à Chattogram pour former un comité régional. Toutefois, suite à un appel de la police au vice-président de l’IBC, Salauddin Shapon, la réunion n’a pas pu se tenir. Une deuxième réunion a été planifiée dans un autre endroit le lendemain. Mais là encore, la police a contacté le vice-président pour dire que la réunion ne pouvait pas avoir lieu à cet endroit non plus.

Pour la troisième tentative, l’IBC a décidé d’organiser la réunion au bureau d’une autre affiliée du secteur de la confection, la Bangladesh Textile and Garment Workers League (BTGWL). Lorsque les dirigeants de l’IBC sont arrivés, des policiers, certains en civil, ont bloqué l’entrée et n’ont laissé entrer personne.

Droit aux libertés civiles

Le 6 août 2021, la police industrielle bangladaise a intenté des poursuites pénales contre Babul Akter, secrétaire général de la fédération du secteur de la confection Bangladesh Garment and Industrial Workers Federation (BGIWF), et 24 dirigeant(e)s et membres syndicaux suite aux incidents survenus dans les usines de Crossline Factory (Pvt) Ltd et Crossline Knit Fabrics Ltd. La direction de l’entreprise a également poursuivi ses employés au pénal. Ces plaintes ont été déposées lorsque les ouvriers ont créé deux syndicats dans leurs usines respectives et soumis des demandes d’enregistrement au ministère du Travail en mars 2021.

Pratiques antisyndicales

Le 24 septembre 2021, une réunion était prévue dans le bureau du syndicat de la confection Bangladesh Independent Garment Workers Union Federation (BIGUF) à Chattogram pour créer un comité régional de l’organisation syndicale IndustriALL Bangladesh Council (IBC). Or, la police a téléphoné au vice-président de l’IBC, Salauddin Shapon, pour empêcher la tenue de la réunion. Une deuxième réunion a été planifiée dans un autre endroit le lendemain. Mais là encore, la police a contacté le vice-président pour dire que la réunion ne pouvait pas avoir lieu à cet endroit non plus.

Pour la troisième tentative, l’IBC a décidé d’organiser la réunion au bureau d’une autre affiliée du secteur de la confection, la Bangladesh Textile and Garment Workers League (BTGWL). Lorsque les dirigeants de l’IBC sont arrivés, des policiers, certains en civil, ont bloqué l’entrée et n’ont laissé entrer personne.

Travailleurs exclus

Dans le secteur du prêt-à-porter, qui représente une énorme proportion de l’économie du Bangladesh dédiée à l’exportation, plus de 500.000 travailleurs/euses employés dans les zones franches d’exportation n’étaient pas autorisés à constituer des syndicats ni à y adhérer, ce qui les privait du véritable pouvoir de négocier de meilleures conditions de travail. La situation s’est aggravée au moment de l’application de la loi sur les zones franches d’exportation de 2019, qui stipule que les travailleurs peuvent seulement faire partie d’une association de bien-être des travailleurs, qui ne leur offre pas forcément toutes les possibilités de la négociation collective. Il leur est strictement interdit d’organiser une manifestation au sein des zones franches, et toute manifestation fait souvent l’objet de violentes représailles de la part des autorités des zones franches d’exportation.

Des travailleurs de l’industrie du vêtement au Bangladesh protestent contre les démissions forcées et les licenciements abusifs. Le Bangladesh figure parmi les pires pays pour les travailleurs, confrontés à des lois répressives, à des obstacles à la formation de syndicats et à la répression violente des grèves.Mamunur Rashid/NurPhoto via AFP

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