Moyen-Orient et Afrique du Nord

4,53

Violations systématiques des droits

Aucun changement depuis l'année dernière

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont la pire région pour les travailleurs

En 2023, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, avec une note moyenne de 4,53, restent la région la pire au monde pour les droits des travailleurs et des travailleuses. Elle se classe entre une situation caractérisée par des « violations systématiques des droits » et un climat où ne règne « aucune garantie des droits ».

La Libye, la Palestine, la Syrie et le Yémen sont toujours en proie à des conflits, ce qui porte gravement atteinte aux libertés fondamentales et aux droits de la main-d’œuvre.

Malgré des progrès au Qatar, le système de la kafala continue de s’appliquer dans plusieurs pays du Golfe et, dans la pratique, les travailleurs migrants, qui constituent pourtant l’écrasante majorité de la population active de la région, subissent toujours de graves violations des droits humains.

En Tunisie, les syndicats craignent pour la démocratie et les libertés civiles alors que le président Kaïs Saïed renforce encore ses pouvoirs autocratiques, tandis qu’en Algérie et en Égypte, les syndicats indépendants ont toujours du mal pour se faire enregistrer auprès d’autorités hostiles et ne sont donc pas en mesure de fonctionner correctement.

En bref

100%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 100% des pays ont violé le droit de négociation collective.

Pas de changement par rapport à 2022
100%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 100% des pays ont exclu des travailleurs du droit de constituer un syndicat et de s’y affilier.

100%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 100% des pays ont fait obstacle à l’enregistrement de syndicats [19 pays].

Pas de changement par rapport à 2022
95%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 95% des pays ont violé le droit de grève.

Pas de changement par rapport à 2022
79%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 79% des pays empêchent des travailleurs d’accéder à la justice.

79%

79% des pays ont limité les libertés d’expression et de réunion [15 pays].

Contre 84% en 2022
53%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des travailleurs ont été victimes de violences dans 53% des pays de la région.

Contre 42% en 2022
47%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des travailleurs ont été détenus et arrêtés dans 47% des pays de la région.

Pas de changement par rapport à 2022

Violations des droits des travailleurs

Droit de constituer un syndicat et de s’y affilierTravailleurs exclus

100%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 100% des pays ont exclu des travailleurs du droit de constituer un syndicat et de s’y affilier.

Travailleurs exclus

Le système répressif de permis, les contrôles de sécurité et les postes de contrôle permettent de réguler strictement l’accès des Palestiniens au marché du travail en Israël et dans les colonies illégales. Seules les personnes disposant d’un permis de travail en cours de validité peuvent être employées « légalement » par des entreprises israéliennes. Selon des estimations, sur 133.000 Palestiniens qui travaillent en Israël et dans les colonies illégales, environ 94.000 disposeraient d’un permis de travail. La grande majorité (99%) des titulaires de permis sont des hommes, dont la plupart travaillent dans le secteur de la construction.

Les permis sont délivrés pour une durée maximale de six mois, mais les employeurs ou les services de sécurité israéliens peuvent les annuler arbitrairement à tout moment. Les employeurs menacent souvent les travailleurs d’annuler leur permis s’ils adhèrent à un syndicat, exigent le respect des droits ou participent à toute forme d’activité politique.

Droit de mener des activités syndicales

100%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, 100% des pays ont fait obstacle à l’enregistrement de syndicats [19 pays].

Pas de changement par rapport à 2022

Droit de mener des activités syndicales

En Égypte, tous les syndicats indépendants ont été dissous en mars 2018. Depuis lors, plusieurs d’entre eux font face à d’innombrables obstacles administratifs et en 2023, certains tentaient toujours d’obtenir leur enregistrement officiel auprès des autorités. En 2023, les autorités ont refusé d’enregistrer des syndicats indépendants établis dans les secteurs de l’habillement, de l’agriculture, de l’industrie du verre et des télécommunications, et représentant les vendeurs de rue et les chauffeurs de taxi.

Lorsqu’un syndicat jaune existe déjà sur le lieu de travail, les organisations syndicales rencontrent davantage de difficultés, les employeurs affirmant qu’en vertu de la loi de 2017, seul un comité syndical peut être créé; cela leur permet d’empêcher la formation d’un nouveau syndicat. En 2023, tel était le cas de syndicats indépendants représentant des travailleurs de la Bibliothèque d’Alexandrie et de la poste, de plusieurs unités locales d’enseignants et de syndicats du système judiciaire.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

79%

79% des pays ont limité les libertés d’expression et de réunion [15 pays].

Contre 84% en 2022

Les libertés d’expression et de réunion attaquées

Le 1er mai 2022, partout en Iran, des travailleurs et des travailleuses ont organisé des marches de protestation malgré les tentatives de répression des forces gouvernementales. En tout, plus de 230 enseignants ont été arrêtés pour avoir participé aux manifestations du 1er mai.

À Téhéran, malgré la présence de forces de sécurité armées autour du Parlement islamique, plusieurs enseignants ont défilé jusqu’à l’un des parcs de la ville en brandissant des banderoles de protestation et des portraits d’enseignants emprisonnés pour marquer la journée de la liberté et de l’égalité.

À Bouchehr, les forces de police ont chargé un rassemblement d’enseignants dans la matinée; ils ont agressé et ont arrêté au moins 12 d’entre eux.

Le 12 mai, des enseignants de plus de 40 villes d’Iran se sont rassemblés pour protester contre le maintien en détention de leurs collègues. À Yasuj, les forces de sécurité ont été déployées devant la Direction générale de l’éducation pour empêcher les enseignants de se rassembler et lorsqu’ils ont tenté de manifester, plus de 50 d’entre eux ont été arrêtés et placés en détention.

Droit aux libertés civiles

47%

Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, des travailleurs ont été détenus et arrêtés dans 47% des pays de la région.

Pas de changement par rapport à 2022

Droit aux libertés civiles

Le 31 janvier 2023, vers 21 heures, le secrétaire général du syndicat des agents de la Société Tunisie Autoroutes, Anis Kaâbi, a été arrêté dans le cadre d’une grève organisée les 30 et 31 janvier. Les agents réclamaient le renouvellement du contrat d’exploitation de l’autoroute reliant Tunis à M’saken, qui prend fin en 2025. Ils demandaient également l’application des augmentations salariales convenues dans un accord conclu entre l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et le gouvernement en septembre 2022, ainsi que la livraison des uniformes promis cinq ans auparavant.

Le domicile de M. Kaâbi a été perquisitionné par les forces de l’ordre et sa famille n’a pas été informée du lieu où il se trouvait. Ce n’est que plus tard, vers 23 heures, qu’il a finalement pu passer un appel téléphonique à sa famille pour lui demander d’envoyer un avocat au commissariat d’El Gorjani.

Cette arrestation est la conséquence directe d’une plainte déposée par la société Tunisie Autoroutes contre M. Kaâbi pour des « pertes financières causées par la grève » dues à l’ouverture de voies gratuitement pendant le mouvement. Toutefois, il semblerait que cette décision provienne de la direction. L’arrestation de M. Kaâbi fait suite à des déclarations menaçantes du président de la République dans lesquelles il avait annoncé que les syndicalistes qui menaçaient de fermer les autoroutes « [devaient] rendre des comptes ».

En Israël, le droit de grève, le droit de négociation collective et le droit de constituer un syndicat ont été menacés. Le pays est situé dans la pire région pour les travailleurs: le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.Ahmad Gharabli/AFP

Tendances sur dix ans : violations des droits des travailleurs

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