Afrique

3,84

Violations régulières des droits

Détérioration par rapport à l’année dernière

En Afrique, la situation des travailleurs s’est dégradée par rapport à l’année dernière et la note moyenne de la région est de 3,84.

Le Burundi, la République centrafricaine, la Somalie et le Soudan du Sud sont toujours en proie à des conflits internes qui détériorent encore la situation humanitaire et privent des millions de personnes de protections de base.

Au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Soudan et au Tchad, où des régimes militaires sont au pouvoir à la suite de coups d’État survenus ces dernières années, les libertés et les libertés civiles des travailleurs, comme le droit de réunion pacifique et l’accès à la justice, ont été fortement restreintes.

En Eswatini, la répression du gouvernement contre l’opposition, dont les syndicats, a culminé avec l’assassinat d’un éminent avocat spécialisé dans les droits humains, tandis qu’au Zimbabwe, les autorités continuent de persécuter et d’arrêter des dirigeants syndicaux. Au Cameroun, en Guinée-Bissau et en Mauritanie, les travailleurs ont eu beaucoup de mal à exercer leurs droits collectifs.

En bref

95%

95% des pays ont violé le droit de grève [41 pays].

Pas de changement par rapport à 2022
95%

95% des pays ont exclu des travailleurs du droit de constituer un syndicat et de s’y affilier.

Pas de changement par rapport à 2022
93%

En Afrique, 93 % des pays ont violé le droit de négociation collective.

Pas de changement par rapport à 2022
84%

En Afrique, 84 % des pays ont empêché des travailleurs d’accéder à la justice.

Contre 90% en 2022
74%

En Afrique, 74% des pays ont fait obstacle à l’enregistrement de syndicats [32 pays].

Contre 79% en 2022
53%

En Afrique, 53 % des pays ont restreint les libertés d’expression et de réunion.

Contre 45% en 2022
40%

En Afrique, des travailleurs ont été arrêtés et placés en détention dans 40% des pays de la région.

Contre 36% en 2022
21%

En Afrique, des travailleurs ont été victimes de violences dans 21% des pays de la région.

Contre 31% en 2022

Des travailleurs ont été assassinés en Eswatini et en Sierra Leone.

Violations des droits des travailleurs

Droit de grèvePoursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

95%

95% des pays ont violé le droit de grève [41 pays].

Pas de changement par rapport à 2022

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

En mars et en avril 2022, le Syndicat des enseignants du Togo (SET), un syndicat d’enseignants du secteur public, a lancé un appel à la grève pour réclamer des augmentations de salaire et des avantages sociaux, ainsi que l’embauche de nouveaux enseignants. Au lieu d’entamer un dialogue social, comme le proposait le SET, le gouvernement a déclaré la grève illégale et a fait arrêter trois dirigeants de l’organisation le 8 avril 2022. Ensuite, un arrêté ministériel du 25 avril 2022 a autorisé le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social à licencier 86 enseignants et 26 enseignants stagiaires pour leur participation à la grève, et à geler arbitrairement leurs comptes bancaires, les privant ainsi de toute ressource depuis avril 2022. Plusieurs dizaines d’autres personnes attendent toujours que des sanctions disciplinaires soient prises à leur égard.

Droit de constituer un syndicat et d’y adhérerTravailleurs exclus

95%

95% des pays ont exclu des travailleurs du droit de constituer un syndicat et de s’y affilier.

Pas de changement par rapport à 2022

Travailleurs exclus

Au Burundi, les autorités ont refusé d’enregistrer des syndicats que des travailleurs du secteur informel avaient créés. Selon les dernières données de l’Organisation internationale du travail (OIT), l’emploi informel concerne 87 % de la population active en Afrique. Dans le monde, près de 2 milliards de personnes, soit 6 travailleurs sur 10, travaillent dans l’économie informelle.

Droit de négociation collective

93%

En Afrique, 93 % des pays ont violé le droit de négociation collective.

Pas de changement par rapport à 2022

Droit de négociation collective

En Guinée, le conflit du travail lié au licenciement de deux dirigeants syndicaux élus était toujours en cours en 2023 au Sheraton Grand Conakry.

Après une année d’actions pour réclamer la réintégration des deux dirigeants syndicaux élus, le 26 octobre 2021, des membres du personnel ont déposé un préavis de grève pour exiger leur réintégration et le respect de la liberté syndicale. Lorsque les parties ne sont pas parvenues à un accord, des délégués syndicaux ont annoncé leur intention de faire grève le 7 décembre 2021. Trois jours plus tard, le 10 décembre, la direction a annoncé au personnel qu’en raison de soi-disant moisissures, tout l’hôtel devait être fermé pour procéder à des rénovations et des salariés seraient licenciés.

Dans un premier temps, l’hôtel n’a fourni aucune information sur les conditions de licenciement, mais après des protestations et une campagne médiatique, la direction a accepté de payer 30 % des salaires aux travailleurs pendant la fermeture. Les mobilisations qui ont suivi ont poussé la direction à augmenter les versements à 50 % des salaires, mais le personnel a continué de se mobiliser pour obtenir un salaire plein.

Après une première période de fermeture de six mois, la direction du Sheraton Grand Conakry a annoncé en août 2022 son intention de mettre fin aux contrats de la plupart des membres du personnel jusqu’à la réouverture de l’hôtel. Lors de négociations imposées par le gouvernement sur la réduction prévue des effectifs, le propriétaire de l’hôtel, Palma Guinea, et son exploitant, Marriott, ont refusé de fournir à l’organisation syndicale des travailleurs, la Fédération de l’hôtellerie, tourisme, restauration et branches connexes (FHTRC-ONSLG) ou au gouvernement guinéen le moindre document décrivant en détail le problème de moisissure présumé ou le calendrier prévu pour y remédier. Malgré la proposition de l’inspecteur du travail et du ministère du Travail de Guinée pour préserver les emplois en prolongeant la période de « chômage temporaire » jusqu’à deux ans pendant les travaux de rénovation du bâtiment, la direction de l’hôtel a refusé d’entamer des négociations de bonne foi.

Droit à la justice

84%

En Afrique, 84 % des pays ont empêché des travailleurs d’accéder à la justice.

Contre 90% en 2022

Droit à la justice

Trois ans après leur licenciement abusif, Luximun Badal et Shavindra Dinoo Sunassee, respectivement président de la section locale n° 2 du Union of Post Office Workers et ancien président du Airports of Mauritius Limited Employees Union, tentent toujours d’obtenir leur réintégration.

Mauritius Post Ltd a licencié M. Badal le 18 juin 2020 pour avoir prétendument refusé un transfert unilatéral à la suite de différends portant sur la négociation d’une nouvelle convention collective pour les agents des services postaux, la précédente convention ayant expiré le 31 décembre 2017. Quelques jours plus tard, Airports of Mauritius Ltd a licencié M. Sunassee après plusieurs tentatives de la direction de modifier unilatéralement les termes d’une convention collective, ce à quoi le syndicaliste s’opposait.

Droit de mener des activités syndicales

74%

En Afrique, 74% des pays ont fait obstacle à l’enregistrement de syndicats [32 pays].

Contre 79% en 2022

Droit de mener des activités syndicales

En juin 2022, en République centrafricaine, des syndicats jaunes proches du gouvernement ont présenté une demande au ministre du Travail pour annuler le décret de 2003 qui désigne les organisations de travailleurs les plus représentatives du pays. Cet appel direct à l’exécutif, lancé au mépris total des critères de représentativité et des procédures établies, était une tentative claire de supprimer la véritable représentation des travailleurs dans le dialogue social tripartite, y compris à la Conférence internationale du travail. Toutefois, dans une décision du 15 juillet 2022, le ministre du Travail a accédé à leur demande et a annoncé la mise en place d’un système de rotation de la représentation entre les différentes organisations syndicales.

Droit aux libertés civiles

21%

En Afrique, des travailleurs ont été victimes de violences dans 21% des pays de la région.

Contre 31% en 2022

Assassinats

Des travailleurs ont été assassinés en Eswatini et en Sierra Leone.

Assassinats

En Eswatini, des inconnus armés ont abattu Thulani Maseko, un avocat spécialisé dans les droits humains et les droits syndicaux, et un militant politique. La scène s’est déroulée devant sa famille, le 21 janvier 2023 à son domicile à Manzini.

De 2012 à 2015, Thulani Maseko a défendu les droits de l’organisation syndicale Trade Union Congress of Eswatini (TUCOSWA) à la suite de l’annulation de son enregistrement par le gouvernement. Il a ensuite fourni des conseils juridiques au mouvement syndical du pays et a également présidé le Forum multipartite qui représentait des groupes progressistes œuvrant pour la démocratie en Eswatini à la suite de l’interdiction des partis politiques.

Dans la région de l’Afrique, le régime militaire de Guinée a sérieusement porté atteinte aux droits des travailleurs.Kena Betancur/via AFP

Tendances sur dix ans : violations des droits des travailleurs

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