Moyen-Orient et Afrique du Nord

4,53

Violations systématiques des droits

Détérioration par rapport à l’année dernière

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont la pire région pour les travailleurs et les travailleuses

  • Exclusion de travailleurs et de travailleuses de la protection au travail

  • Démantèlement de syndicats indépendants

  • Poursuites et condamnations de travailleurs et de travailleuses pour leur participation à des grèves

En 2022, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) sont restés la pire région au monde pour les droits des travailleurs/euses, avec un classement moyen de 4,53 par rapport à la moyenne de 4,50 des années passées, oscillant entre les violations systématiques des droits et aucune garantie des droits.


La Libye, la Palestine, la Syrie et le Yémen sont toujours le théâtre de conflits et bafouent gravement les libertés et les droits fondamentaux des travailleurs. Malgré les efforts déployés dans certains pays du Golfe, notamment le Qatar et l’Arabie saoudite, pour mettre fin au système de la kafala, les travailleurs migrants, qui constituent la majeure partie de la main-d’œuvre de la région, ont continué de subir des violations extrêmes des droits humains, en particulier dans les Émirats arabes unis. En Tunisie, la démocratie a été considérablement affaiblie, et les libertés civiles des travailleurs sont compromises depuis que le président Kaïs Saïed a dissous le Parlement et s’est emparé directement du pouvoir.

En bref

100%

100% des pays ont violé le droit de négociation collective

Contre 94% en 2021
100%

Les 19 pays ont tous privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021
100%

Les 19 pays ont tous empêché l’enregistrement de syndicats

Pas de changement par rapport à 2021
95%

95% des pays ont violé le droit de grève

Contre 94% en 2021
84%

84% des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont restreint les libertés d’expression et de réunion

Contre 83% en 2021
79%

79% des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice

Contre 83% en 2021
47%

Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 47% des pays

Contre 44% en 2021
42%

Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 42% des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

Contre 44% en 2021

Des travailleurs/euses ont été assassinés en Irak

Violations des droits des travailleurs

Droit de négociation collective

87%

87% of countries violated the right to collective bargaining.

63%79%

La proportion de pays qui violent le droit de négociation collective a augmenté, passant de 63% en 2014 à 79% en 2022

54%

54% des pays ont violé le droit de négociation collective

Pas de changement par rapport à 2021
76%

76% des pays ont violé le droit de négociation collective

Contre 72% en 2021
93%

93% des pays ont violé le droit de négociation collective

Contre 95% en 2021
100%

100% des pays ont violé le droit de négociation collective

Contre 94% en 2021
83%

83% des pays ont violé le droit de négociation collective

Contre 91% en 2021

Droit de négociation collective

En mai 2021, la banque Santander Brazil a imposé une réduction de salaire de 55% à 40 dirigeants syndicaux et à des employé(e)s de la banque suite au recours juridique qu’ils ont entrepris pour demander le paiement des heures supplémentaires. Le Brésil représente la plus grande part de bénéfices pour la multinationale espagnole Santander, mais au lieu de payer aux travailleurs les sommes dues, la branche brésilienne de la banque les a rétrogradés et réduit leur salaire de plus de moitié. Face à cette réduction arbitraire, les employés de la banque ont saisi la justice et obtenu un jugement favorable au rétablissement de leur niveau de salaire et au versement des salaires dus. Toutefois, Santander Brazil n’a pas exécuté l’ordonnance du tribunal en dépit des amendes journalières qu’elle encourait en cas de non-respect.

Droit de négociation collective

Au Royaume-Uni, le 18 mars 2022, la compagnie de paquebots P&O Ferries, qui appartient à DP World, a licencié sans préavis 800 membres du personnel, projetant de les remplacer par des travailleurs/euses intérimaires moins coûteux, payés au-dessous du salaire minimum. Cette décision a provoqué un choc, étant donné qu’il n’y avait pas eu de consultations préalables avec les syndicats ni de préavis de licenciement adressé aux employés. La direction de la compagnie a annoncé les licenciements collectifs dans une communication sur Zoom, laissant les membres de l’équipage dans la plus grande sidération, d’autant plus qu’ils ont été menés à quai de force par des agents de sécurité embauchés à cette fin.

Les syndicats et les responsables politiques ont dénoncé ce scandale, qui a donné lieu à des rassemblements et à des campagnes de solidarité à travers l’ensemble du Royaume-Uni et dans de nombreux pays.

Droit de négociation collective

En 2021, en Espagne, le Syndicat de la construction et des services affilié à Comisiones Obreras de Cadix a dénoncé les violations réitérées de la convention collective commises par ITELYMP, l’entreprise chargée du nettoyage des locaux de l’université de Cadix. La dernière violation concernait les congés, que l’entreprise avait unilatéralement réduits de deux jours. Malgré les appels du syndicat, l’entreprise n’est pas revenue sur sa décision.

En outre, ITELYMP a établi un plan d’égalité sans consulter les représentant(e)s du syndicat.

Droit de négociation collective

En Pologne, les syndicats et les travailleurs/euses du secteur du commerce ont manifesté le 4 novembre 2021 pour demander une meilleure représentation syndicale, des salaires décents, des dimanches sans travail et des mesures visant à remédier au manque chronique de personnel et à la charge élevée de travail. Les personnes qui travaillent dans le commerce de détail représentent 14% de la main-d’œuvre en Pologne, mais seulement 3% d’entre elles sont couvertes par une convention collective. Le faible niveau de négociation collective dans le secteur du commerce va de pair avec des salaires peu élevés et de mauvaises conditions de travail, y compris des mesures de santé et de sécurité au travail insuffisantes.

Les affiliées de la centrale syndicale nationale NSZZ Solidarnosc ont signalé de graves violations des droits syndicaux dans de nombreuses entreprises de vente au détail, notamment le licenciement de dirigeants et membres syndicaux, la discrimination à l’encontre des représentants et des membres syndicaux, la marginalisation du rôle des syndicats, le mépris des droits syndicaux, un accès aux syndicats limité ou très difficile pour les travailleurs, et un manque de dialogue véritable et de consultation.

En Pologne, une grande partie du secteur du commerce de détail est entre les mains des entreprises multinationales, mais il n’existe aucune convention collective avec les multinationales. Les principales entreprises de vente au détail en Pologne sont Amazon, Auchan, Carrefour, Castorama, H&M, Jysk, Lidl et Metro.

Droit de négociation collective

Aux Pays-Bas, les employeurs ont fréquemment négocié avec les syndicats maison ou les comités d’entreprise pour adopter des réductions de salaire. Le pays ne dispose pas de législation qui garantisse que seuls les syndicats indépendants sont autorisés à conclure des conventions collectives ou que les syndicats sont prioritaires par rapport aux comités d’entreprise sur ces questions. Par conséquent, lorsque les syndicats décident de mener une action collective dans le cadre d’une négociation, les employeurs peuvent affaiblir la position des syndicats en établissant une convention simplement avec les syndicats maison ou les comités d’entreprise.

Droit de négociation collective

Aux Pays-Bas, la fédération syndicale FNV essaie depuis plus de quinze ans de conclure une convention collective dans le secteur de la transformation de la viande, en particulier pour améliorer l’accès des responsables syndicaux aux sites de travail. Depuis des décennies, les dirigeants syndicaux qui cherchent à distribuer des dépliants sur les parkings sont en butte aux actes d’intimidation et aux attaques de la part des employeurs, qui ont même déclaré qu’ils n’autoriseraient l’accès de leurs locaux aux responsables syndicaux que lorsqu’ils y seraient contraints par la loi. Le secteur de la viande emploie un pourcentage élevé de travailleurs/euses migrants, qui sont particulièrement vulnérables aux abus et à la précarité.

Droit de négociation collective

Le 8 février 2022, en Lituanie, une grève a été organisée dans l’entreprise AB Achema pour protester contre le refus systématique de l’employeur d’engager des négociations collectives. Depuis plusieurs années, le syndicat essayait d’établir un dialogue constructif avec la direction de l’entreprise et avait pris toutes les mesures possibles pour parvenir à un accord. Malheureusement, l’employeur a toujours rejeté le dialogue social. Des tensions supplémentaires sont apparues lorsque l’employeur a adopté unilatéralement un nouveau système de rémunération.

Achema produit des engrais azotés et des substances chimiques en Lituanie et dans les États baltes. À l’heure actuelle, il n’y a pas de négociation collective au sein de l’entreprise, et l’inspection du travail de l’État enquête sur d’éventuelles violations concernant les temps de pause des travailleurs/euses et les modalités d’aménagement du temps de travail.

Droit de négociation collective

En Irlande, la direction de l’entreprise biopharmaceutique AbbVie, à Carrigtwohill, a systématiquement refusé de dialoguer avec les représentants du syndicat des travailleurs/euses, le Services Industrial Professional and Technical Union (SIPTU) au sujet des négociations collectives.

Ce refus a perduré malgré deux recommandations formulées par le tribunal du travail en 2017 et 2020 préconisant d’échanger avec des représentants du SIPTU au nom de leurs membres sur «toutes les questions associées aux conditions d’emploi, y compris le salaire».

Les représentants du SIPTU ont écrit à la direction à plusieurs reprises, lui reprochant de ne pas appliquer pleinement les deux recommandations du tribunal du travail et de ne pas engager de négociations collectives avec le syndicat. La direction a continué de ne pas répondre au syndicat et de dialoguer avec lui, directement ou indirectement.

Enfin, début août 2021, les membres du SIPTU du site d’AbbVie ont entamé une action revendicative en refusant d'effectuer des heures supplémentaires dans le processus de fabrication. Deux semaines plus tard, n’ayant obtenu aucune avancée, le syndicat a annoncé qu’il envisageait d’intensifier son action.

Droit de négociation collective

En Grèce, la violation des conventions collectives s’est révélée assez courante, en particulier dans le secteur de la banque. Les entreprises ont souvent refusé d’appliquer les conventions collectives existantes – une attitude exacerbée par l’adoption de la loi 4808/2021 du 19 juin 2021, qui stipule qu’en cas de contestation d’une convention collective au tribunal, la convention en question sera suspendue jusqu’à ce que le tribunal rende sa décision finale. La loi risque ainsi de suspendre l’application des conventions collectives pendant de longues périodes en attendant que le corps judiciaire statue, ce qui empêche les travailleurs/euses de bénéficier des avantages des dispositions négociées.

Droit de négociation collective

Le 8 février 2021, en Finlande, l’entreprise du secteur forestier United Paper Mills (UPM) a subitement annoncé qu’elle ne négocierait plus les conditions d’emploi. Au lieu de cela, les conditions seraient déterminées sans convention collective, ce qui signifie concrètement qu’elles seraient dictées par l’employeur de manière unilatérale.

En octobre 2020, l’association des employeurs du secteur forestier, la Finnish Forest Industries Federation, avait déjà annoncé qu’elle ne participerait plus aux négociations collectives. Les conventions collectives au niveau national prendraient fin, et toutes les conventions collectives seraient désormais conclues au niveau de l’entreprise.

Les syndicats qui représentaient les travailleurs/euses, Finnish Paper Workers’ Union Paperiliitto, Finnish Industrial Union Teollisuusliitto et Trade Union Pro, ont appelé à négocier une convention au niveau de l’entreprise, en vain.

Le 31 août 2021, UPM a déclaré qu’elle définirait les conditions d’emploi sur la base du «droit du travail, des pratiques d’UPM et des contrats de travail personnels». Selon un calcul qu’UPM a présenté à ses employés, le salaire serait réduit d’un tiers à partir de janvier 2022. De nombreuses prestations conclues dans la négociation collective allaient également disparaître.

Droit de négociation collective

En Bosnie-Herzégovine, un plan de restructuration a été convenu en mai 2021 entre la compagnie publique d’électricité Elektroprivreda BiH (EPBiH) et les syndicats représentant sept mines de charbon qui employaient environ 7.000 travailleurs/euses.

Le 22 novembre 2021, toutefois, EPBiH a imposé de nouvelles réglementations de travail contraires à la convention collective, qui faisaient passer le salaire de base des mineurs de 850 marks (489 dollars) à 570 marks (328 dollars).

Plusieurs milliers de mineurs ont cessé le travail le 23 novembre et manifesté devant le siège du gouvernement, à Sarajevo. Ils demandaient un salaire minimum de 1.000 marks (575 dollars) ainsi que le paiement de l’assurance retraite, la démission du directeur des mines et du directeur de l’EPBiH. Les manifestations ont duré une semaine, jusqu’à ce que le gouvernement intervienne en qualité de médiateur.

Droit de négociation collective

En juin 2021, le président du Syndicat des employés de l’État, des gouvernements locaux et de la fonction publique d’Arménie a envoyé une lettre au maire d’Erevan pour lui proposer d’engager des négociations visant à conclure une convention collective sectorielle pour les employé(e)s de la municipalité, comme le prévoit le Code du travail. Toutefois, l’administration de la municipalité a vivement rejeté cette proposition. Au début de l’année, le dirigeant du syndicat des employés de la mairie d’Erevan a été licencié abusivement.

Droit de négociation collective

En Uruguay, les syndicats du personnel médical Sindicato Médico del Uruguay (SMU), Federación Médica del Interior (FEMI) et Sindicato Anestésico Quirúrgico (SAQ) ont sollicité une réunion tripartite avec les représentants des employeurs (IAMAC) et le ministère du Travail en avril 2021 pour demander la mise en œuvre de la convention collective conclue cinq mois plus tôt, en décembre 2020. L’IAMAC (entreprises médicales du secteur privé de Montevideo et de l’intérieur du pays), n’avait pas tenu son engagement de verser des compléments de salaire aux personnels médicaux. En dépit des efforts du syndicat, les employeurs ont systématiquement refusé de respecter leurs obligations inscrites dans la convention collective.

Droit de négociation collective

En 2021, au Pérou, l’entreprise AB InBev a mis en œuvre un processus de restructuration du personnel sans consulter les organisations syndicales. Dans le cadre de ce processus, l’entreprise a licencié trois secrétaires généraux du syndicat, Luis Samán, José Gayoso, et José Leiva, ainsi que 15 travailleurs/euses de l’usine de Motupe, dans le nord du Pérou, tous membres du syndicat Backus National Union qui s’étaient mis en grève.

Droit de négociation collective

Entre avril et mai 2021, les employé(e)s administratifs de santé de la Fondation Tesai, un conglomérat d’hôpitals de la région d’Itaipu, Paraguay, se sont mis en grève pour dénoncer le non-respect de la convention collective de la part de l’entreprise. Les employés, soutenus par leur syndicat, Union of Civil Construction and Service Workers (Siconaps), demandaient le paiement des prestations, le droit aux congés payés et au congé de maternité, des équipements de sécurité pour l’ensemble du personnel et des garanties médicales ainsi que d’autres garanties prévues dans le contrat collectif des conditions de travail en vigueur. Tesai est restée sourde aux demandes et a continué d’enfreindre la convention collective.

Droit de négociation collective

Le manque de respect des conventions collectives est resté un phénomène courant au Canada. Par exemple, le Conseil des relations de travail de l’Ontario a reçu 355 plaintes pour pratiques de travail déloyales, les employeurs étant principalement accusés de «licenciement illégal» ou de «discrimination à l’encontre d’employés en raison de leur activité syndicale», de «modifications illégales des salaires et des conditions de travail» et «d’absence de négociation de bonne foi».

Droit de négociation collective

En Nouvelle-Zélande, la chaîne de prêt-à-porter H&M a mis à pied 14 employé(e)s le 24 avril 2021, pendant la négociation d’une nouvelle convention collective concernant les salaires. Cette pratique antisyndicale visait à sanctionner les employés au motif qu’ils avaient demandé à obtenir un salaire décent. Déjà en 2019, les travailleurs syndiqués de H&M avaient fait l’objet d’un lock-out après avoir porté sur leurs vêtements, dans les magasins, des étiquettes appelant à un salaire juste.

Droit de négociation collective

En Nouvelle-Zélande, le 22 avril 2021, NZ Bus a averti les conducteurs/trices de bus de Wellington qu’un lock-out serait imposé et qu’ils ne pourraient plus travailler tant qu’ils n’accepteraient pas une baisse de salaire et une révision de leurs conditions d’emploi et de leur contrat de travail. Cette annonce de lock-out est intervenue après plusieurs mois de négociations tendues au sujet d’une nouvelle convention collective. NZ Bus avait refusé la proposition du Conseil régional de Wellington de financer un ajustement de salaire en faveur d’un salaire décent, parce que l’entreprise voulait revoir à la baisse les conditions d’emploi. Cette violation des droits du travail a été vivement dénoncée par le président de l’organisation syndicale New Zealand Council of Trade Unions (NZCTU) et par le ministre des Transports, qui a exhorté l’entreprise à retirer son annonce de lock-out.

Droit de négociation collective

À Hong Kong, le 28 mai 2021, le syndicat des employé(e)s de Coca-Cola Swire Coca-Cola Hong Kong Beverages Employees’ General Union (SCBEGU) a entamé une grève pour protester contre d’importantes baisses de salaire. En effet, la direction avait réduit les salaires et modifié la structure salariale de l’entreprise, au mépris le plus total du syndicat et du processus de négociation collective. Le SCBEGU est l’un des rares syndicats du secteur privé à exercer les droits de négociation collective depuis plusieurs décennies.

Droit de négociation collective

En juin 2021, la ministre des Autorités locales a annoncé que plusieurs conseils locaux rencontraient des difficultés financières. La solution qu’elle proposait fragilisait les conditions approuvées dans les conventions collectives et imposait unilatéralement des contrats à durée déterminée aux employé(e)s des conseils locaux, avec des prestations et des salaires moins avantageux. La confédération syndicale Fiji Trades Union Congress (FTUC) a vivement dénoncé cette décision unilatérale.

Droit de négociation collective

Le 26 octobre 2021, l’entreprise australienne de manutention Patrick Terminals s’est adressée à la Commission du travail équitable pour résilier son accord d’entreprise avec le syndicat Maritime Union of Australia (MUA).

Si la résiliation aboutit, les manutentionnaires vont perdre la rémunération qu’ils négociaient depuis des années et retrouver les normes minimum du secteur, à moins qu’un nouvel accord ne soit conclu dans les six mois. Plus d’un millier de dockers étaient concernés par cet accord.

Le MUA et Patrick Terminals avaient entamé les négociations sur un nouvel accord environ deux ans plus tôt. Le MUA a accepté de renoncer à sa demande initiale d’augmentation de salaire annuelle de 6% pendant quatre ans, et approuvé les 2,5% d’augmentation proposés par Patrick Terminals, ce qui est nettement au-dessous de la hausse actuelle de l’indice des prix à la consommation, qui s’élève à 3,8%. Patrick Terminals a estimé que les demandes du MUA étaient excessives, en particulier la demande de consulter le syndicat au sujet de la proportion de nouvelles embauches. Le MUA a précisé que des accords du même type avaient été conclus avec d’autres importants opérateurs portuaires. De leur côté, les travailleurs/euses reprochaient à Patrick Terminals son recours à la main-d’œuvre temporaire, son sytème de planning et ses plans de recrutement.

Droit de négociation collective

Mi-octobre 2021, en Autralie-Occidentale, la direction de Fremantle Container Terminal, qui appartient à QUBE Holdings, refusait toujours de reprendre les négociations avec le syndicat Maritime Union of Australia (MUA) au sujet d’un conflit de longue date, en dépit de la demande du premier ministre d’Australie-Occidentale, Mark McGowan, de plusieurs autres ministres et de la Commission du travail équitable.

Plus de 120 membres du MUA étaient en grève depuis le 30 juillet et réclamaient un meilleur accord d’entreprise. Le planning des employé(e)s était au centre du conflit. En effet, les employés de QUBE n’avaient pas de planning fixe et n’étaient informés de leur emploi du temps qu’à 16h00 pour le lendemain. Le syndicat a demandé que les horaires de travail soient communiqués, au minimum, à 14h00 la veille, mais la direction a systématiquement refusé, et a rejeté les 42 demandes déposées par le syndicat. QUBE a alors imposé un lock-out et affecté son propre personnel de direction et de contrôle pour effectuer le travail de manutention et essayer de faire fonctionner le terminal, malgré d’importants problèmes de sécurité.

Fin octobre, après onze longues semaines de conflit, le MUA a été contraint de mettre un terme à la grève, suite à la menace du gouvernement fédéral libéral-national de demander à la Commission du travail équitable de mettre fin à la grève chez QUBE et d’imposer un arbitrage obligatoire.

Droit de négociation collective

Le 9 décembre 2021, le président tunisien a diffusé une circulaire (n°20) à tous les ministères et institutions gouvernementales pour interdire à toute personne de négocier avec les syndicats sans l’autorisation officielle préalable du chef du gouvernement.

Droit de négociation collective

En 2021-2022, les employeurs d’Oman ont unilatéralement modifié la convention collective, ou même arrêté d’en appliquer les dispositions, pour des motifs infondés.

Droit de négociation collective

L’année passée, les violations du droit de négociation collective ont augmenté au Maroc, notamment les licenciements ciblés de représentants syndicaux et le refus des employeurs d’engager des négociations collectives. Ces mesures antisyndicales ont fortement diminué la capacité des travailleurs/euses à défendre leurs droits collectivement et ont eu un effet négatif sur la négociation collective qui, en conséquence, a été virtuellement absente de la plupart des entreprises et des secteurs. De précédents engagements entre le gouvernement et les représentants des confédérations syndicales ont été suspendus sans avoir pu être mis en œuvre.

Droit de négociation collective

En Israël, la direction l’université de Tel Aviv a refusé d’engager des négociations avec le Comité des employés de la recherche et des projets, bien que sa représentativité soit reconnue. Le Comité a dû saisir les tribunaux, qui ont finalement statué en sa faveur en décembre 2021.

Droit de négociation collective

En septembre 2021, en Égypte, 2.000 travailleurs/euses du fabricant d’appareils électroménagers Universal Group Co. ont organisé une manifestation pour demander le paiement de leurs salaires de juillet et août, et d’autres prestations qui ne leur avaient pas été versées depuis longtemps. Il s’agissait des travailleurs de cinq usines sur les neuf que compte le groupe. Ils reprochaient plus particulièrement à la direction de ne pas respecter la convention signée en octobre 2019 avec le ministère de la Main-d’œuvre, au titre de laquelle elle s’engageait à payer les salaires. À ce moment-là, le ministère était venu en aide à l’entreprise et avait payé les 5.000 travailleurs avec le fonds d’urgence pendant six mois, dans le but d’inciter l’entreprise à ne pas licencier d’employés, mais le groupe a tout de même fait en sorte de contraindre les travailleurs à démissionner.

Droit de négociation collective

En avril 2021, en Algérie, les employé(e)s de l’Agence nationale d'appui et de développement de l'entrepreneuriat ont débuté une grève sur la décision de l’Assemblée générale nationale du Syndicat de l’entreprise, qui protestait contre le refus de la direction d’engager des négociations collectives.

Droit de négociation collective

Le syndicat de la métallurgie National Union of Metal and Allied Industries of Zimbabwe (NUMAIZ) a protesté contre les violations des droits des travailleurs/euses commises dans l’entreprise chinoise Afrochine Smelting et contre le manque total de respect des lois et des conventions collectives existantes. Au cours de l’année passée, Afrochine n’a pas versé les salaires dans les temps et a licencié 33 employés de manière unilatérale sans avoir consulté le syndicat au préalable. Les conciliations menées au Conseil national pour l’emploi du secteur des ferroalliages – une plateforme dédiée au dialogue social – n’ont pas abouti, les représentants d’Afrochine n’ayant pas assisté à la réunion tenue le 22 septembre 2021.

Les employés d’Afrochine vivent dans la peur – privés de sécurité de l’emploi et quotidiennement humiliés et frappés par leurs supérieurs hiérarchiques. Toute tentative de signaler les abus entraîne un licenciement immédiat.

Afrochine est une filiale du plus grand fabricant d’acier du monde, Tsingshan Holding Group, présent sur le London Metals Exchange, le marché de cotation des métaux. Plus de 1.500 travailleurs sont employés à l’usine de ferrochrome, à environ 75 kilomètres d’Harare.

Droit de négociation collective

Le syndicat South African Municipal Workers’ Union (SAMWU) s’est présenté au tribunal le 21 avril 2021 face à l’entreprise Rand Water, qui avait tenté d’interdire une grève protégée décidée par le syndicat. Le SAMWU avait organisé une grève protégée illimitée lorsque l’employeur a modifié de manière unilatérale les conditions d’emploi des travailleurs/euses, en supprimant notamment les primes incitatives qui leur étaient versées depuis 17 ans. Le syndicat avait cherché à plusieurs reprises à rencontrer les dirigeants de Rand Water pour les convaincre de revenir sur leur décision, en vain.

Droit de négociation collective

À Nairobi, au Kenya, environ 11.000 employé(e)s des gouvernements locaux se sont mis en grève le 13 octobre 2021 pour protester contre le non-respect d’une convention collective conclue en 2013. Depuis des années, les travailleurs se plaignaient de l’absence de promotions, des retards de salaire répétés et du non-paiement des déductions réglementaires. Ils dénonçaient également le manque d’équipement de protection individuelle et, plus récemment, au moins 11.000 employés des autorités locales n’avaient plus de couverture médicale depuis juillet 2021.

Deux jours plus tard, le syndicat des autorités locales Kenya County Government Workers’ Union (KCGWU) a été informé que ses membres pouvaient reprendre le travail. Le syndicat espérait que les promesses relatives aux principales réclamations des employés seraient tenues, mais il était déjà arrivé à plusieurs reprises que le gouvernement approuve les demandes des travailleurs et n’en tienne pas compte pour autant.

Les problèmes ont resurgi début février 2022, et les travailleurs ont donné 21 jours à la municipalité pour leur verser les salaires impayés, ce qui représentait plus de 560 millions de shillings kenyans, ainsi que les déductions réglementaires, faute de quoi ils entreprendraient une action revendicative.

Droit de constituer un syndicat et d’y adhérerTravailleurs exclus

41%

41% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021
76%

76% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Contre 72% en 2021
95%

95% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Contre 90% en 2021
100%

Les 19 pays ont tous privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021
87%

87% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021

Travailleurs exclus

Dans la législation turque, les hauts fonctionnaires, les magistrats et les gardiens de prison sont exclus du droit d’organisation.

Travailleurs exclus

Aux Bahamas, le personnel pénitentiaire est exclu de la législation sur le droit syndical.

Travailleurs exclus

En 2021, en Jamaïque, les violations généralisées des droits des travailleurs/euses dans le secteur de l’externalisation des processus d’affaires (business process outsourcing – BPO) ont suscité une profonde préoccupation. Ce secteur est l’un de ceux qui se développent le plus rapidement dans les Caraïbes. Sur les 40.000 travailleurs du BPO que compte la Jamaïque – qui occupent des emplois très variés, allant du service consommateur au soutien technique et à la vente, entre autres – pratiquement tous avaient des contrats de travail temporaires à durée déterminée, et aucune des 70 entreprises ou plus présentes sur l’île n’avait autorisé de représentation syndicale dans ses locaux.

Des milliers de jeunes travailleurs ont été attirés dans les centres d’appels, séduits par la promesse d’un bon salaire et d’un travail qualifié dans un secteur mondial de haute technologie, pour se retrouver confrontés à une réalité bien différente une fois le contrat de travail signé: longues heures de travail, pauses trop courtes ou inexistantes en période d’activité intense, environnements dans lesquels les employeurs embauchent et licencient à leur gré. Sans être explicites, les termes de leur contrat laissaient entendre que la syndicalisation et la négociation collective étaient des motifs de licenciement.

Entre-temps, les entreprises du BPO bénéficiaient de privilèges spéciaux, étant régies par la législation des zones économiques spéciales (zones franches) comme des «services d’utilité publique». Cet arrangement a donné lieu à une série d’exonérations fiscales et de lois antisyndicales: par exemple, pour organiser une grève, les travailleurs doivent donner un préavis de six semaines à l’employeur.

Travailleurs exclus

La raffinerie de sucre de Taboga, située dans la province de Guanacaste, la principale région productrice de canne à sucre du Costa Rica, embauche chaque année des centaines de personnes pour la récolte, essentiellement des migrant(e)s originaires du Nicaragua voisin.

Le syndicat local SINTRAICA, affilié à l’UITA, a demandé à la direction de l’entreprise, au ministère du Travail et aux autorités compétentes de respecter les droits des travailleurs sur le site de l’entreprise agro-industrielle Ingenio Taboga, et d’améliorer les terribles conditions dans lesquelles les migrants vivent et travaillent, notamment en respectant les dispositions de la convention collective relatives à la sous-traitance et à la main-d’œuvre intérimaire. Il demeure difficile aux travailleurs migrants du secteur du sucre d’adhérer à un syndicat.

Travailleurs exclus

Dans le secteur du prêt-à-porter, qui représente une énorme proportion de l’économie du Bangladesh dédiée à l’exportation, plus de 500.000 travailleurs/euses employés dans les zones franches d’exportation n’étaient pas autorisés à constituer des syndicats ni à y adhérer, ce qui les privait du véritable pouvoir de négocier de meilleures conditions de travail. La situation s’est aggravée au moment de l’application de la loi sur les zones franches d’exportation de 2019, qui stipule que les travailleurs peuvent seulement faire partie d’une association de bien-être des travailleurs, qui ne leur offre pas forcément toutes les possibilités de la négociation collective. Il leur est strictement interdit d’organiser une manifestation au sein des zones franches, et toute manifestation fait souvent l’objet de violentes représailles de la part des autorités des zones franches d’exportation.

Travailleurs exclus

Au Japon, la loi excluait toujours les pompiers et les personnels pénitentiaires du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer.

Travailleurs exclus

En 2021, Goundar Shipping, une grande compagnie de ferries de Fidji, a licencié trois marins philippins qui souhaitaient prendre un congé pour parler à des représentant(e)s syndicaux au sujet de leurs droits et de leur retour dans leur pays. Ils faisaient partie d’un groupe de plus d’une vingtaine de marins philippins qui avaient été amenés à Fidji pour travailler au fonctionnement et à l’entretien de sa flotte de ferries pour passagers et marchandises. On leur avait fait miroiter des salaires décents et de bonnes conditions de travail. Lorsqu’ils sont arrivés à Fidji, la compagnie les a informés qu’ils seraient payés 60-70% de moins que ce qu’on leur avait promis.

Une grande partie des marins étant dans l’incapacité de payer le voyage de retour dans leur pays, ils ont accepté de continuer à travailler pour la compagnie de ferries, avec de nouvelles promesses de retour chez eux au terme d’une année supplémentaire de travail. La compagnie a ensuite déclaré que le coût des vols et les frais de quarantaine étaient trop élevés en raison de la COVID-19, refusant d’honorer ses obligations de laisser partir les travailleurs philippins chez eux. Les marins ont déposé des plaintes officielles auprès des autorités de Fidji en septembre 2020, en décembre 2020 et en janvier 2021, sans succès.

Les marins migrants, qui travaillent dans des conditions difficiles et sont isolés pendant des mois sur les navires, font partie des catégories de travailleurs les plus vulnérables qui, souvent, n’ont pas accès aux syndicats.

Travailleurs exclus

Au Rwanda, la législation interdisait toujours aux personnes ayant des fonctions politiques et aux agents des services de sécurité de constituer un syndicat et d’y adhérer.

Travailleurs exclus

Au Maroc, certaines catégories d’employé(e)s de la fonction publique étaient toujours privées de la liberté syndicale, telles que les juges.

Travailleurs exclus

Aux Émirats arabes unis, les travailleurs/euses étrangers représentaient 89% de la main-d’œuvre. Dans le système de la kafala, toute tentative de quitter ou de fuir un employeur est puni par la loi. Les travailleurs qui s’échappent de chez leur employeur sont emprisonnés et expulsés et s’exposent à d’importants coûts financiers, notamment le remboursement à leur employeur des frais de «parrainage» sans avoir perçu les salaires du travail effectué.

Des mauvais traitements d’une extrême gravité ont été signalés, comme le cas de cette travailleuse domestique népalaise au service d’une famille de Dubaï qui a été régulièrement abusée sexuellement par son employeur, le fils de ce dernier et d’autres membres de la famille. Dans l’impossibilité de s’échapper, la jeune femme de 28 ans a tenté deux fois de se suicider. Elle a également essayé de fuir de la maison, en vain. Elle a cédé aux avances de son employeur, dans l’espoir que cela lui permettrait de partir. Elle a finalement réussi à rentrer dans son pays après deux années d’exploitation physique et mentale.

Travailleurs exclus

En juin 2021, 700 travailleurs/euses migrants originaires d’Afrique étaient en détention aux Émirats arabes unis, sans accès à aucune aide juridique ou médicale. Ils ont ensuite été expulsés. En 2021, il est souvent arrivé que les migrants qui travaillaient dans le pays ne perçoivent pas leur salaire dans les temps et que le paiement de leurs heures supplémentaires soit insuffisant.

Travailleurs exclus

Le 1er octobre 2021 marquait le début de l’exposition universelle à Dubaï, aux Émirats arabes unis, pour une durée de six mois – un événement qui a accueilli 25 millions de visiteurs. En dépit des promesses du gouvernement, les travailleurs/euses migrants ont continué d’être gravement et fréquemment exploités au travail; presque huit millions d’entre eux étaient toujours exposés aux mauvais traitements, étant donné que le travail était régi par le système d’exploitation de la kafala, que la réglementation était peu appliquée et que la liberté des travailleurs de changer d’employeur était très limitée. Les violations les plus souvent signalées concernaient les conditions d’emploi (76%), le logement précaire et inadéquat (56%), la privation arbitraire des libertés (42%), la santé et la sécurité (39%), les violences verbales/physiques (13%), la traite des êtres humains (5%), les décès (5%) et les blessures (4%).

Travailleurs exclus

L’Arabie saoudite connaît une période de changement législatif depuis quelques années, et des réformes juridiques sont entrées en vigueur le 14 mars 2021.

Avec ces réformes, les travailleurs/euses peuvent désormais changer d’emploi plus facilement, et l’autorisation des employeurs pour les laisser sortir du pays n’est plus obligatoire. Une autre réforme importante en Arabie saoudite concerne les tribunaux du travail, qui ont été automatisés pour augmenter la rapidité et l’efficacité de la justice et améliorer la transparence.

Depuis des décennies, les employeurs utilisent les restrictions à la mobilité des travailleurs migrants pour les exploiter et abuser d’eux. C’est pourquoi ces évolutions étaient très attendues et représentent une grande avancée pour les millions de migrants qui travaillent dans le pays.

Cependant, la réforme n’a pas résolu tous les problèmes de longue date, car elle ne s’applique qu’à 6,7 millions de travailleurs migrants environ, ce qui signifie que 3,6 millions de travailleurs domestiques, ouvriers agricoles, bergers, gardiens, et chauffeurs personnels en sont exclus. Par ailleurs, la réfome comporte encore des restrictions qui permettent seulement aux travailleurs de changer de «parrainage» sans le consentement de leur parrain à l’issue d’un an de contrat ou à l’expiration du contrat de travail. Les travailleurs domestiques se heurtent à davantage de restrictions pour changer d’employeur au cours des deux premières années de leur contrat de travail. De plus, la réforme n’a pas supprimé toutes les restrictions associées aux visas de sortie et de retour, en particulier pour les travailleurs domestiques.

Travailleurs exclus

Depuis 2017, le Qatar a entrepris d’importantes réformes pour abolir le système de la kafala et étendre les protections au travail aux travailleurs/euses migrants. En janvier 2020, le Qatar a adopté deux décrets ministériels autorisant les travailleurs à changer d’employeur à tout moment pendant la durée de leur contrat (en supprimant le certificat de non-objection) et à quitter le pays de façon provisoire ou permanente sans l’autorisation de leur employeur (en abolissant l’obligation du visa de sortie). En outre, les travailleurs domestiques reçoivent désormais un contrat de travail standard et des bulletins de salaire de la part de leur employeur.

Le 20 mars 2021, le salaire minimum non discriminatoire est entré en vigueur au Qatar. Il s’applique à tous les travailleurs, de toutes les nationalités, dans tous les secteurs, y compris le travail domestique.

Par ailleurs, les réformes prévoient que les tribunaux du travail soient saisis en cas de plaintes concernant le non-paiement des salaires, et un Fonds de soutien et d’assurance pour les travailleurs a été créé.

Au niveau du lieu de travail, des comités de travailleurs ont été élus pour traiter les plaintes des travailleurs, et des commissions paritaires ont été établies au niveau sectoriel (notamment dans l’hôtellerie, la construction, la sécurité et le transport).

Enfin, le Qatar a mis en place un système de règlement des différends accessible aux travailleurs migrants.

Travailleurs exclus

L’accès des Palestinien(ne)s au travail en Israël et dans les colonies illégales est étroitement contrôlé, au moyen d’un système de permis répressif, de contrôles de sécurité et de checkpoints. Seuls les Palestiniens munis d’un permis de travail valide peuvent être employés «légalement» par des entreprises israéliennes. Sur les 133.000 Palestiniens qui travaillent en Israël et dans les colonies illégales, environ 94.000 avaient un permis de travail. L’écrasante majorité (99%) des titulaires de permis sont des hommes, et la plupart d’entre eux travaillent dans le secteur de la construction.

Les permis sont délivrés pour une durée de six mois maximum mais ils peuvent être annulés arbitrairement à tout moment par les employeurs ou les services de sécurité israéliens. Les employeurs menacent souvent d’annuler les permis de travail pour sanctionner les travailleurs qui adhèrent à un syndicat, demandent des droits ou participent à toute forme d’activité politique.

Droit de constituer un syndicat et d’y adhérerPratiques antisyndicales

41%

41% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021
76%

76% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Contre 72% en 2021
95%

95% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Contre 90% en 2021
100%

Les 19 pays ont tous privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021
87%

87% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer

Pas de changement par rapport à 2021

Pratiques antisyndicales

En juin 2021, à Düzce, en Turquie, 54 travailleurs/euses de l’usine ASD Laminat ont été licenciés après avoir adhéré au syndicat du secteur du bois et du papier Turkish Wood and Paper Industry Workers’ Union (AGAC-IS). L’entreprise a refusé de reconnaître le syndicat et a recouru à diverses pratiques antisyndicales: elle a notamment licencié arbitrairement des syndicalistes et exercé des pressions sur d’autres travailleurs pour qu’ils renoncent à leur adhésion au syndicat. Début 2022, après une bataille juridique de quatre ans, un tribunal local a statué en faveur de la réintégration des travailleurs. Cependant, l’entreprise a continué de ne pas tenir compte de la décision du tribunal et a intensifié ses pratiques antisyndicales. Le 30 juin, elle a commencé à licencier des travailleurs immédiatement après la levée de «l’interdiction de licencier» pendant la pandémie. Le 14 juillet 2021, l’entreprise a licencié 19 autres travailleurs.

Pratiques antisyndicales

En Turquie, à Istanbul, lorsque les travailleurs/euses du fabricant de smartphones Salcomp ont exercé leur droit fondamental à adhérer à un syndicat, ils se sont heurtés aux intimidations, aux menaces et aux licenciements. Les conditions de travail à l’usine étaient inacceptables. Pendant la pandémie, les heures supplémentaires qui ont été imposées sans le consentement des travailleurs ont seulement été partiellement payées. Les employés ne pouvaient prendre une pause qu’à la discrétion de leurs responsables; comme il n’y avait pas de cantine, ils ont dû manger des produits en boîte pendant un moment. De nombreux travailleurs ont contracté la COVID-19 et sont tombés malades.

Quand ils ont décidé d’adhérer au syndicat de la métallurgie Turkish Metalworkers’ Union (Türk Metal), en août 2021, la direction a lancé une campagne antisyndicale. Les travailleurs ont subi des intimidations et des menaces, et 170 membres du syndicat ont été licenciés. Environ 80% des employés licenciés étaient des femmes. Après six jours de manifestations, les travailleurs ont réussi à persuader Salcomp de revenir sur sa décision et de réintégrer tous les membres du syndicat.

Salcomp fabrique des smartphones pour la multinationale chinoise Xiaomi, le deuxième plus grand fabricant de smartphones du monde. Le site d’Istanbul compte environ 800 travailleurs, et il est prévu d’augmenter la main-d’œuvre à 2.000 personnes.

Pratiques antisyndicales

En novembre 2021, la compagnie EasyJet est intervenue dans les élections syndicales sur son site de Barcelone, en Espagne, en licenciant le représentant du syndicat CC.OO. Ce licenciement antisyndical relevant de l’ingérence n’avait pas d’autre motif que d’empêcher le syndicat de se développer au sein de l’entreprise.

Pratiques antisyndicales

En Grèce, dans le secteur privé, des employeurs ont licencié, muté et rétrogradé des travailleurs/euses syndiqués, ou ont menacé d’appliquer de telles mesures pour dissuader les travailleurs de se syndiquer.

Pratiques antisyndicales

En Finlande, l’entreprise United Paper Mills (UPM) a licencié le délégué syndical de la scierie de Kaukas en avril 2021. L’entreprise a affirmé qu’il s’agissait d’un licenciement légal en lien avec la fermeture d’une ligne de production à la scierie et avec le «renouvellement du modèle de gestion». Les syndicats ont quant à eux perçu dans ce licenciement une tentative de les affaiblir, étant donné qu’il survenait peu après qu’UPM a annoncé la suppression du système de négociation collective.

Pratiques antisyndicales

En juin 2021, deux entreprises turques, Cengiz İnşaat et CI-AY Mühendislik, ont été choisies pour reconstruire un tronçon de chemin de fer en Croatie. Dès le début du projet, SGH, un syndicat affilié à l’organisation syndicale Union of Autonomous Trade Unions of Croatia (SSSH) pour le secteur de la construction, a contacté la direction des deux entreprises afin de discuter de l’importance d’appliquer la convention collective sectorielle pour tous les travailleurs/euses participant au projet de reconstruction, y compris les travailleurs turcs venus spécialement en Croatie pour le projet. Les deux entreprises ont catégoriquement refusé toute tentative du SGH de diffuser des informations aux travailleurs.

Le 17 février 2022, le SGH a rendu visite aux travailleurs sur le chantier pendant leur pause et leur a distribué des dépliants sur les droits figurant dans la convention collective. Les travailleurs ont signalé diverses violations de leurs droits, notamment le non-paiement des heures supplémentaires alors qu’ils travaillaient entre 250 et 300 heures par mois. Aussitôt après, 17 travailleurs ont reçu un SMS leur signifiant leur licenciement.

Pratiques antisyndicales

En Bulgarie, les travailleurs/euses ont rencontré de nombreux obstacles pour adhérer à un syndicat: les employeurs ont licencié les travailleurs syndiqués, harcelé les dirigeants syndicaux, mis en place des syndicats maison et refusé de collecter les cotisations syndicales malgré les accords sur la déduction à la source des cotisations syndicales.

Pratiques antisyndicales

En Arménie, une restructuration de l’administration de la sécurité sociale a été réalisée en avril 2021 pour fusionner les services municipaux et trois administrations publiques, qui avaient jusque-là chacun leur propre syndicat. La direction de ce nouveau Service social unifié a décidé de cesser d’appliquer les accords sur la déduction à la source des cotisations syndicales et sur la collecte des cotisations syndicales. Cette décision unilatérale a produit un effet désastreux sur les finances des syndicats et leur capacité à fonctionner. En dépit des demandes insistantes des présidents des syndicats, le problème n’a pas été résolu.

Pratiques antisyndicales

En 2021, Coca-Cola Uruguay a imposé une restructuration pour licencier 16 travailleurs/euses à Montevideo et 18 dans le département de Salto. L’entreprise a signalé qu’elle licencierait les personnes qui avaient fait l’objet d’une sanction disciplinaire dans le passé. En réalité, elle ciblait uniquement les travailleurs syndiqués de Salto.

Le Syndicat des travailleurs de Coca-Cola (STCC) a plaidé en faveur de leur réintégration; les négociations ont duré 45 jours, mais n’ont pas permis de parvenir à un accord avec Coca-Cola. Le 4 août 2021, le STCC a décidé à l’unanimité d’organiser une grève pendant sept jours.

Pratiques antisyndicales

Pendant la pandémie, la direction de Luxottica, installée au centre de fabrication et de distribution de McDonough, aux États-Unis, a utilisé une application mise au point par l’entreprise, appelée «LiveSafe», qui était censée informer les travailleurs/euses des questions relatives à la COVID-19 au travail. Dans les faits, l’application servait de plateforme à la direction pour envoyer des messages antisyndicaux sur les prétendus «risques» de la syndicalisation, notamment en termes de perte de salaire et de prestations, s’ils parvenaient à constituer un syndicat. Outre l’application, la direction a créé un site web antisyndical qui diabolisait les syndicats et alertait sur les conséquences néfastes d’une adhésion des travailleurs à un syndicat. L’entreprise a également fait appel à des consultants hostiles aux syndicats et demandé aux employés d’assister à des réunions antisyndicales obligatoires de type «public captif» sans donner la possibilité aux sympathisants syndicaux de s’exprimer.

Le 15 juillet 2021, des groupes syndicaux nationaux et internationaux ont déposé une plainte au titre des Principes directeurs de l’OCDE à l’intention des entreprises multinationales, dénonçant de graves violations des droits de liberté syndicale du personnel de Luxottica USA.

Le centre de fabrication et de distribution de Luxottica situé dans l’État de Géorgie emploie 2.000 personnes. Luxottica est une division du groupe EssilorLuxottica, le plus grand fournisseur de produits de soins oculaires et de lunettes du monde, et s’impose sur le marché mondial avec plus de 150.000 employés à travers le monde.

Pratiques antisyndicales

En 2021, Heinz-Glas Pérou a poursuivi sa politique antisyndicale visant à dissoudre le syndicat et à empêcher toute négociation collective. L’entreprise a proposé d’aider à désaffilier les membres et, pour ce faire, elle s’est même rendue à leur domicile, leur a envoyé la lettre de désaffiliation à signer, les a appelés individuellement pour les encourager à quitter le syndicat, et a offert des postes mieux rémunérés aux employé(e)s qui renonçaient à leur adhésion au syndicat.

Pratiques antisyndicales

Fin avril 2021, au Salvador, une des plus grandes brasseries du monde, AB InBev La Constancia, a licencié de manière abusive 32 travailleurs/euses, tous membres du syndicat Constancia Workers' Union affilié à l’UITA (SITRACONSTA). Le 30 juillet 2021, l’entreprise a licencié 30 autres travailleurs syndiqués. Le syndicat a demandé la réintégration immédiate des membres syndicaux abusivement licenciés, la reconnaissance du syndicat et l’ouverture des négociations collectives. La brasserie a systématiquement refusé d’engager des négociations, prétextant qu’elle n’avait pas le temps en raison de ses plans de restructuration et des mesures à prendre pour faire face à la pandémie de COVID-19.

Tout au long de l’année 2021, La Constancia a maintenu sa politique antisyndicale d’intimidation en disant aux membres syndicaux que le SITRACONSTA était responsable des licenciements, et en proposant la sécurité de l’emploi aux travailleurs en mesure de prouver qu’ils avaient renoncé à leur adhésion au syndicat.

Pratiques antisyndicales

En 2021, Hyundai a contribué à l’implantation d’une usine de construction automobile au sud-ouest de la Corée afin de fabriquer des véhicules à moindre coût et, surtout, sans syndicats. La nouvelle usine, qui a ouvert fin 2021, est dirigée par Gwangju Global Motors (GGM), une entreprise récemment créée par la ville de Gwangju, qui en est l’actionnaire majoritaire à 21%, tandis que Hyundai détient 19% des parts. L’objectif était avant tout d’éviter d’embaucher de la main-d’œuvre syndiquée. La plupart des travailleurs/euses de Hyundai sont syndiqués et ont mené des actions revendicatives fructueuses pour obtenir des augmentations de salaire. Le salaire annuel moyen des employés de Hyundai s’élève à 88 millions de wons. Dans la nouvelle usine, surnommée «l’usine moitié de salaire», le salaire annuel moyen est de 35 millions de wons, une somme inférieure à la moyenne nationale de 42,34 millions de wons pour les employés des entreprises.

Pratiques antisyndicales

En mai 2021, la direction de l’hôtel Fairmont Sanur appartenant au groupe Accor, à Bali, en Indonésie, a contacté individuellement les employé(e)s licenciés en juillet 2020, pour leur proposer de retrouver leur poste, mais à condition qu’ils renoncent à leur adhésion au syndicat.

En avril 2020, les employés avaient accepté une réduction considérable de 70% de leur salaire pour maintenir l’hôtel à flot pendant la pandémie. Malgré cela, la direction a cherché à obliger 68 personnes à signer des lettres de démission «volontaire» fin juillet 2020. Tous les employés concernés étaient membres du syndicat récemment formé Serikat Pekerja Mandiri (SPM). Ils ont refusé de démissionner et, deux jours plus tard, ils ont reçu des lettres leur signifiant leur licenciement.

La lettre que les employés devaient signer pour retrouver leur poste précisait: «Affirmant par la présente être employé au Fairmont Hotel, je déclare volontairement et sciemment, sans contrainte d’aucune sorte, ne jamais avoir adhéré au Serikat Pekerja Mandiri (SPM), et certifie avoir rédigé cette déclaration de bonne foi.»

Parmi les employés contactés, seuls quatre ont accepté de signer, et 38 autres ont continué de se battre pour leur réintégration en faisant reconnaître qu’ils avaient fait l’objet d’un licenciement abusif.

Pratiques antisyndicales

En août 2021, la succursale du district de Thiruvananthapuram de la Kerala Bank, en Inde, a adopté un nouveau règlement limitant les activités syndicales de son personnel. Au titre du nouveau texte, les syndicats ne sont pas autorisés à prendre part aux décisions liées aux mutations. Peu après cette annonce, deux dirigeantes de la fédération syndicale Bank Employees Federation of India (BEFI) ont été mutées en dehors de leur district. Elles étaient toutes deux membres du sous-comité des femmes de la BEFI, et travaillaient dans la même unité. Elles ont été mutées à deux endroits différents, avec effet immédiat. D’après la BEFI, elles ont été mutées au motif qu’elles avaient pris un congé syndical pour participer à la convention du Conseil général du syndicat.

Pratiques antisyndicales

Le complexe hôtelier NagaWorld Hotel and Casino complex à Phnom Penh, au Cambodge, bafoue systématiquement le droit de représentation syndicale de ses employé(e)s. Depuis plus de deux décennies, la direction refuse de reconnaître pleinement le syndicat de l’hôtel Union of Khmer Employees of Naga World (LRSU).

Pratiques antisyndicales

Le 24 septembre 2021, une réunion était prévue dans le bureau du syndicat de la confection Bangladesh Independent Garment Workers Union Federation (BIGUF) à Chattogram pour créer un comité régional de l’organisation syndicale IndustriALL Bangladesh Council (IBC). Or, la police a téléphoné au vice-président de l’IBC, Salauddin Shapon, pour empêcher la tenue de la réunion. Une deuxième réunion a été planifiée dans un autre endroit le lendemain. Mais là encore, la police a contacté le vice-président pour dire que la réunion ne pouvait pas avoir lieu à cet endroit non plus.

Pour la troisième tentative, l’IBC a décidé d’organiser la réunion au bureau d’une autre affiliée du secteur de la confection, la Bangladesh Textile and Garment Workers League (BTGWL). Lorsque les dirigeants de l’IBC sont arrivés, des policiers, certains en civil, ont bloqué l’entrée et n’ont laissé entrer personne.

Pratiques antisyndicales

En Afrique du Sud, une centaine d’employé(e)s de l’université de Rhodes ont commencé une grève le 10 août 2021 alors que l’établissement refusait de reconnaître leur syndicat, le National Union of Public Service and Allied Workers (NUPSAW). Après avoir syndiqué plus de 10% des employés de l’université, le NUPSAW avait contacté l’université le 29 avril 2021 pour demander à être reconnu et à exercer le droit de recruter et de syndiquer des membres, et d’organiser des réunions sur le campus.

Le responsable de la communication de l’université, lorsqu’il a été interrogé sur le refus de reconnaître le syndicat, a déclaré, au mépris le plus total des lois sud-africaines, que le NUPSAW n’était pas assez représentatif.

Pratiques antisyndicales

En juin 2021, la Société des Brasseries du Mali (BRAMALI) a procédé à des licenciements ciblés concernant les responsables syndicaux de l’entreprise, notamment le secrétaire général adjoint du syndicat, le secrétaire chargé de la communication et le secrétaire chargé des finances. Plusieurs autres responsables du syndicat figuraient sur la liste d’attente des personnes menacées de licenciement et ils ont reçu un préavis de huit jours. Les licenciements sont intervenus en pleine lutte syndicale au sein de BRAMALI suite à une grève de trois jours, en mai 2021.

Pratiques antisyndicales

Les employé(e)s du fabricant de cheveux synthétiques Style Industries Ltd luttent depuis 2015 pour faire reconnaître leur syndicat, le Kenyan Union of Hair and Beauty Workers (KUHABWO). Le KUHABWO a syndiqué 3.811 travailleurs sur une main-d’œuvre qui en compte 6.000, dont 85% de femmes, mais l’entreprise a fait son possible pour harceler et dissuader les membres du syndicat. Lorsque les dirigeants du syndicat sont venus recruter des travailleurs pendant les pauses ou à l’heure du déjeuner, l’employeur a fait appel à la police pour harceler et arrêter les travailleurs afin de les empêcher de discuter avec les représentants syndicaux.

Le conflit s’est enlisé lors de la conciliation, et le tribunal de l’emploi et des relations de travail a été saisi. Il a rendu une ordonnance imposant certaines restrictions à l’encontre de l’entreprise, en 2017. L’ordonnance enjoignait Style Industries de cesser «de persécuter, d’intimider, d’exercer des contraintes, de harceler, et de recourir à des pratiques de travail déloyales» et de laisser le tribunal finaliser le dossier. Le tribunal a par ailleurs déclaré que l’entreprise devait arrêter de résilier les contrats et de licencier les travailleurs en raison de leur adhésion au syndicat.

Malgré la décision du tribunal, les tactiques antisyndicales de l’entreprise se sont poursuivies et 150 autres membres du syndicat ont été licenciés en mai 2021. Les membres syndicaux qui n’étaient pas découragés par les licenciements et qui étaient toujours membres du syndicat ont été menacés de licenciement.

Une campagne de solidarité a été lancée en juin 2021 pour sensibiliser aux tactiques antisyndicales de l’entreprise.

Pratiques antisyndicales

Depuis octobre 2020, Amadou Diallo et Alhassane Diallo, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du syndicat des employé(e)s de l’hôtel Sheraton Grand Conakry, demandent à être réintégrés suite à leur licenciement antisyndical. En dépit des campagnes de solidarité internationale et d’une plainte déposée à l’OIT, la direction de l’hôtel s’est obstinément opposée à leur réintégration.

Les employés du Sheraton Grand Conakry, le plus grand hôtel de Guinée, ont commencé à s’organiser en mars 2019 pour protester contre les faibles salaires, les heures supplémentaires non rémunérées et l’absence de prestations de santé. Le long processus de syndicalisation s’est terminé par le succès des élections syndicales, le 11 février 2020 mais, avant cela, la direction de l’hôtel avait essayé par tous les moyens d’empêcher les élections et, faisant preuve d’une attitude antisyndicale manifeste, avait licencié de manière abusive les deux dirigeants syndicaux.

Pratiques antisyndicales

En avril 2021, les employeurs d’une usine de tri sélectif pour la ville de Jérusalem, installée dans la zone industrielle de la colonie d’Atarot, ont cherché à affaiblir les droits des travailleurs/euses. Les 110 employés palestiniens ont adhéré au syndicat Maan Union pour lutter contre les conditions de travail relevant de l’exploitation. Les employeurs ont prétexté les contraintes financières imposées par la COVID-19 pour empêcher les actions de syndicalisation des travailleurs. Plusieurs dizaines d’employés ont été obligés de prendre un congé sans solde, d’autres ont dû rester sur le site de l’usine sans arrangements appropriés pour pouvoir conserver leur poste, et neuf ont été licenciés, parmi lesquels des dirigeants syndicaux.

Pratiques antisyndicales

En 2021, des travailleurs/euses qui essayaient de constituer des syndicats à Oman ont fait l’objet de décisions arbitraires de la part de leur employeur pour les empêcher de former des syndicats; ces décisions consistaient à licencier les travailleurs ou à les muter sur des sites éloignés.

Pratiques antisyndicales

Le 11 juillet 2021, le ministère de l’Électricité irakien a publié une directive pour interdire les comités syndicaux et pour avertir les employé(e)s des entreprises publiques de ne pas participer à ces comités, sous peine de sanctions ou de poursuites au pénal. En outre, le ministère irakien de l’Industrie et des Minerais a adressé des avertissements disciplinaires à deux dirigeants syndicaux en représailles à leurs actions de syndicalisation.

Pratiques antisyndicales

En juin 2021, les élections des délégué(e)s des travailleurs ont eu lieu dans l’ensemble du Maroc, mais cela n’a pas empêché les membres syndicaux des centres d’appel Webhelp et Sitel Group d’être licenciés de manière abusive. Chez Sitel, les employés qui avaient créé un bureau syndical avec le soutien de l’Union marocaine des travailleurs (UMT) ont été licenciés ou mis à pied sans salaire. À l’entreprise Webhelp, les employés qui ont essayé de constituer des syndicats sur plusieurs sites de travail ont fait l’objet d’actes d’intimidation et de pressions de la part de la direction.

Droit de mener des activités syndicales

87%

87% of countries impeded the registration of unions.

59%74%

La proportion de pays qui ont empêché l’enregistrement de syndicats a augmenté, passant de 59% en 2014 à 74% en 2022

38%

38% des pays ont empêché l’enregistrement de syndicats

Contre 37% en 2021
88%

88% des pays ont empêché l’enregistrement de syndicats

Pas de changement par rapport à 2021
79%

79% des pays ont empêché l’enregistrement de syndicats

Pas de changement par rapport à 2021
100%

Les 19 pays ont tous empêché l’enregistrement de syndicats

Pas de changement par rapport à 2021
91%

91% des pays ont empêché l’enregistrement de syndicats

Pas de changement par rapport à 2021

Droit de mener des activités syndicales

Le 2 novembre 2021, un groupe de personnes se déclarant membres de la police de Quezon City se sont rendus au bureau national de l’organisation syndicale Sentro ng mga Nagkakaisa at Progresibong Manggagawa (SENTRO), à Manille, soi-disant pour enquêter au sujet d’un conflit de travail auquel était mêlée son affiliée, la fédération du secteur des boissons Federation and Cooperation of Cola, Beverage, and Allied Industry Unions (FCCU). La FCCU est actuellement impliquée dans un conflit de travail à l’entreprise Coca-Cola Philippines suite au blocage des négociations sur les salaires et à la campagne nationale pour la réintégration des dirigeants syndicaux licenciés abusivement.

Les individus n’étaient pas en possession de documents juridiques officiels qui les identifiaient, autorisaient leur intervention ou indiquaient l’objectif de leur visite. Ils ont demandé des renseignements de manière insistante sur le bureau de SENTRO, sur les autres syndicats présents et leurs activités. Les prétendus policiers se sont également rendus dans les locaux de la confédération syndicale Trade Union Confederation of the Philippines (TUCP) situés à Quezon City. Ils ont posé des questions sur la coalition de travail NAGKAISA, dont SENTRO fait partie.

Droit de mener des activités syndicales

Le 11 mai 2021, l’entreprise textile Alexandria Spinning and Weaving Company a refusé de laisser entrer dans l’entreprise Ashraf Nassef, chef du comité syndical des travailleurs, et Faraj Al-Najjar, trésorier du syndicat, qui cherchaient à s’entretenir avec les membres du syndicat, suite à un incident survenu le 4 mars 2021, lorsque la direction a relégué sept techniciens membres du comité syndical de l’entreprise à des postes de sécurité administrative, en raison de leurs activités syndicales. Les sept membres syndicaux étaient Faraj Saeed, vice-président du comité syndical; Mahmoud Ibrahim El-Gohari, trésorier du comité syndical; Mohamed Al-Masry, membre du conseil; Mohamed Mohamed Ibrahim, trésorier adjoint; Mohamed Youssef, membre du conseil; Magdy Marei, membre du conseil; Tariq Bakr, membre du conseil.

Droit de mener des activités syndicales

Les autorités du Kazakhstan empêchent depuis longtemps l’activité des syndicats indépendants dans le pays en révoquant l’enregistrement des syndicats et en refusant de les réenregistrer. En janvier 2021, les autorités ont révoqué l’enregistrement de la section locale du syndicat de l’énergie Sectoral Fuel and Energy Workers’ Union (SFEWU) dans la région de Kyzylorda, au motif que la demande de révocation de l’enregistrement avait prétendument été demandée par un ex-président.

Cette décision de révocation illégale a eu des conséquences sur le SFEWU lui-même, étant donné que, d’après la loi, un syndicat sectoriel doit avoir au moins neuf sections locales enregistrées. En février 2021, le tribunal économique spécialisé interdistrict de Chymkent a suspendu les activités du SFEWU pour une durée de six mois. Cette décision a été confirmée par la cour d’appel et est entrée en vigueur le 29 avril 2021. Toutes les activités du SFEWU ont dû cesser immédiatement en raison de la menace de poursuites au pénal des dirigeant(e)s, au titre de l’article 430 du code pénal.

Droit de mener des activités syndicales

En Macédoine du Nord, les agents de l’État et les institutions publiques ont continué de traiter la confédération syndicale Konfederacija Slobodnik Sindikata (KSS) de manière discriminatoire; en effet, la demande de représentativité soumise par la KSS en juillet 2019 n’a toujours pas suscité de réponse des autorités, sans raison officielle. La demande de la KSS a été rejetée de facto, ce qui a eu pour effet d’empêcher le syndicat de participer au dialogue social national, au processus d’élaboration de la politique économique et sociale, et l’a privé de toute possibilité de représenter les intérêts de ses membres et de défendre leurs droits.

Droit de mener des activités syndicales

Le 22 juillet 2021, le ministère bélarusse de la Justice a intenté une action en justice auprès de la Cour suprême pour dissoudre le syndicat de journalistes Belarusian Association of Journalists (BAJ). Le gouvernement accuse la BAJ d’enfreindre la législation sur les associations nationales de travailleurs/euses. La Cour suprême a approuvé la demande de dissolution de la BAJ le 27 août 2021. La BAJ était la seule organisation représentative indépendante de journalistes et des travailleurs des médias du Bélarus, et l’un des plus grands défenseurs de la liberté d’expression du pays.

Droit de mener des activités syndicales

Le 14 décembre 2019, tous les syndicats et associations professionnelles du Soudan ont été dissous suite à un décret énoncé par le Conseil de souveraineté, qui a par ailleurs saisi toutes les propriétés et tous les actifs des syndicats. Depuis lors, en particulier depuis le coup d’État militaire d’octobre 2021, les syndicats indépendants sont dans l’impossibilité de fonctionner dans le pays.

Droit de mener des activités syndicales

Depuis 2021, les autorités de Hong Kong ont intensifié la pression sur les syndicats indépendants pour les contraindre à suivre les ordres ou à être dissous, et le greffe des syndicats convoque systématiquement les syndicats indépendants pour des motifs futiles, et engage des procédures de révocation de l’enregistrement des syndicats.

La confédération syndicale Hong Kong Confederation of Trade Unions (HKCTU) a annoncé en septembre 2021 qu’elle préparait sa dissolution, après 31 ans passés à la tête du mouvement syndical démocratique de la région. Au cours du mois précédant cette annonce, la HKCTU et ses organisations membres ont fait l’objet d’attaques sans précédent, d’actes d’intimidation et d’allégations d’infractions au titre de la loi sur la sécurité nationale de 2020. La sécurité personnelle des dirigeant(e)s syndicaux était également menacée. Le 3 octobre 2021, les membres ont approuvé une résolution visant à cesser leurs activités à 57 voix contre huit, sans abstention, lors d’une réunion générale extraordinaire.

En 2022, le mouvement syndical indépendant de Hong Kong et le mouvement de défense de la démocratie ont été réduits au silence, de nombreux syndicats étant contraints à la dissolution ou à la révocation arbitraire, comme les syndicats suivants: General Union of Hong Kong Speech Therapists (GUHKST); Hospital Authority Employees’ Alliance (HAEA); Hong Kong Professional Teachers’ Union (HKPTU); Union of New Civil Servants (UNCS); Medicine Inspires; Hong Kong Pharmaceutical and Medical Device Union; Hong Kong Educators’ Alliance; Frontline Doctors’ Union; Hong Kong Pharmaceutical and Medical Device Union; Financial Technology Professional Services Personnel Union; Hong Kong Teaching and Research Support Staff Union and Next Media Trade Union (NMTU).

Droit de mener des activités syndicales

Au Myanmar, depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021, la Tatmadaw, l’armée birmane, a déclaré illégales 16 organisations syndicales le 2 mars 2021. Toutes les zones industrielles de Yangon ayant été soumises à la loi martiale, il est quasiment impossible aux travailleurs/euses de s’organiser. Les dirigeants syndicaux ont signalé un exode de masse des ouvriers d’usine qui quittaient les zones industrielles pour rejoindre leur village natal en milieu rural. Les militaires ont demandé aux propriétaires des usines de leur communiquer le nom et l’adresse des dirigeants syndicaux pour les arrêter, et ont envoyé des soldats frapper à toutes les portes des dortoirs et des foyers de travailleurs pour les retrouver. Le domicile des dirigeants syndicaux a été perquisitionné; leur argent et leurs biens personnels ont été confisqués.

Droit de mener des activités syndicales

En 2022, les autorités cambodgiennes ont continué d’empêcher l’enregistrement des syndicats pour des motifs arbitraires ou des erreurs techniques infimes. Par exemple, le 25 décembre 2020, un syndicat a remis sa demande d’enregistrement au ministère du Travail contenant les dix types de documents exigés par la loi. En février 2021, les dirigeants syndicaux locaux ont été appelés une première fois par le ministère pour corriger des erreurs d’orthographe sur la lettre de présentation et le profil des dirigeants syndicaux. Plus de deux mois plus tard, le 7 mai 2021, les dirigeants syndicaux locaux ont de nouveau été appelés pour modifier la taille de leurs photos, dont le format passait de (3x4) à (4x6), et ont été priés de renvoyer leur demande d’enregistrement. Début 2022, le syndicat n’était toujours pas enregistré, après avoir passé énormément de temps et dépensé beaucoup d’énergie pour pouvoir présenter de nouveau la demande aux autorités.

Droit de mener des activités syndicales

Les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan en août 2021, précipitant aussitôt le pays dans l’instabilité et la pauvreté. Selon les estimations, 90% de la population active ont perdu leur emploi. Une des premières mesures prises par le régime des talibans a été de limiter les droits des femmes, notamment l’accès à l’emploi et à l’éducation.

Les talibans ont commencé à faire taire les voix de la démocratie et à réprimer les organisations démocratiques en tuant des militant(e)s et en perquisitionnant leur domicile. Dans ce contexte, les dirigeants du syndicat National Union of Afghanistan Workers and Employees (NUAWE) ont été contraints à l’exil et ont trouvé refuge en France, avec le soutien de la CSI, de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et du gouvernement français. L’organisation d’activités syndicales est devenue extrêmement dangereuse pour les syndicalistes restés en Afghanistan, compte tenu de la surveillance constante et des menaces de mort dont ils font l’objet.

Droit de mener des activités syndicales

Le 31 décembre 2020, les autorités de Jordanie ont procédé à la dissolution arbitraire du syndicat enseignant Jordanian Teachers’ Association (JTA). La cour d’appel d’Amman a finalement annulé cette décision administrative le 31 octobre 2021, mais la JTA n’était toujours pas autorisée à fonctionner et à représenter les enseignant(e)s du pays, étant donné qu’aucun des membres du conseil de la JTA ne pouvait reprendre ses activités syndicales.

Droit de mener des activités syndicales

En Irak, depuis 2020, tous les syndicats indépendants sont dans l’incapacité de fonctionner. Le 12 octobre 2020, le ministère irakien du Travail a publié la lettre n°11367 pour imposer un monopole syndical dans le pays et ordonner aux organes administratifs du gouvernement de ne traiter avec aucun autre syndicat que l’organisation reconnue, la Fédération générale des travailleurs irakiens.

Droit de mener des activités syndicales

En Égypte, tous les syndicats indépendants ont été dissous en mars 2018 et rencontrent depuis lors d’innombrables difficultés administratives. En 2022, ils cherchaient toujours à obtenir un enregistrement officiel auprès des autorités. Lorsqu’un syndicat maison existait déjà sur le lieu de travail, les syndicats éprouvaient encore plus de difficultés, dans la mesure où les employeurs affirmaient qu’aux termes de la loi de 2017, un seul comité syndical pouvait être établi, ce qui empêchait d’office la formation d’un nouveau syndicat.

Droit de grèvePoursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

84%

84% of countries violated the right to strike.

72%

72% des pays ont violé le droit de grève

Contre 73% en 2021
92%

92% des pays ont violé le droit de grève

Contre 88% en 2021
95%

95% des pays ont violé le droit de grève

Pas de changement par rapport à 2021
95%

95% des pays ont violé le droit de grève

Contre 94% en 2021
87%

87% des pays ont violé le droit de grève

Pas de changement par rapport à 2021
63%87%

La proportion de pays qui violent le droit de grève a augmenté, passant de 63% en 2014 à 87% en 2022.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 8 octobre 2021, les employé(e)s de l’usine General Motors' Chevrolet à São Caetano do Sul, au Brésil, se sont mis en grève après l’échec des négociations avec l’employeur au sujet de l’ajustement des salaires. Lorsque le syndicat a opté pour la grève, une audience de conciliation a eu lieu au tribunal régional du travail. Cependant, aucun accord n’a été conclu entre les parties. Le 21 octobre, le tribunal régional du travail a déclaré la grève illégale. L’assemblée syndicale a décidé de continuer la grève mais, en raison des possibles actions en justice intentées contre les grévistes, ces derniers ont dû reprendre le travail, sans solution à leurs demandes.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

En Belgique, l’article 406 du code pénal prévoit la poursuite et la condamnation de «l’entrave volontaire à la circulation» dans le contexte d’un mouvement de grève. Cette disposition, qui a déjà été appliquée deux fois au cours de ces deux dernières années pour condamner 17 membres de la fédération syndicale belge FGTB à des peines de prison avec sursis et à de lourdes amendes, porte un préjudice considérable à la possibilité d’organiser des grèves dans le pays.

Les syndicats belges ont fait appel de cette condamnation mais un autre syndicaliste a été poursuivi en 2022 au titre de cette même disposition pour avoir mis en place un piquet de grève à la prison de Lantin en 2016. La municipalité a déposé une plainte au pénal contre les membres de la Centrale générale des services publics (CGSP) pour de prétendues dégradations commises sur le tarmac où un brasero avait été installé. Le procureur a requis un non-lieu, mais la plainte était toujours en instance au moment de la rédaction de l’Indice des droits dans le monde.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 8 juin 2021, le président du Bélarus, Alexander Lukashenko, a signé une nouvelle législation pour condamner à des peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement les personnes accusées de prendre part à des manifestations non autorisées. Les individus impliqués dans la participation ou la promotion «d’activités extrémistes» sont passibles de six ans de prison. La nouvelle législation ne définit pas clairement la notion «d’activités extrémistes» et les dispositions risquent d’être utilisées pour éliminer toute opposition. Cette nouvelle loi fait suite à une loi promulguée le 24 mai 2021 qui oblige les organisateurs d’un événement de grande ampleur à obtenir l’accord des autorités.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

En 2022, Sawit Kaewvarn, président du syndicat des chemins de fer thaïlandais State Railway Union of Thailand (SRUT), et 12 autres dirigeants de syndicats nationaux et locaux sont restés emprisonnés à tort. Les travailleurs/euses du SRUT ont fait l’objet d’incessantes poursuites en justice de la part de l’entreprise publique State Railway of Thailand pour avoir mené une campagne nationale sur la sécurité des chemins de fer suite à l’accident mortel provoqué par le déraillement d’un train en octobre 2009 à la gare de Khao Tao. Les autorités thaïlandaises ont agi en représailles contre les travailleurs. Depuis novembre 2018, suite à une décision rendue par le tribunal suprême du travail en 2017, des déductions sont effectuées sur les salaires mensuels de sept dirigeants du SRUT pour verser à la State Railway of Thailand des amendes s’élevant à 24 millions de baht (726.116 dollars). Les 13 syndicalistes purgent actuellement une peine de trois ans de prison.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 15 décembre 2021, dans l’entreprise philippine de fabrication de pâtes Soft Touch Development Corp., 44 employé(e)s ont été arrêtés alors qu’ils faisaient grève. Ils ont été accusés de rassemblement illégal, de désobéissance à une personne dépositaire de l’autorité, et de «trouble et scandale». Ils ont été libérés de prison 36 heures plus tard, dans l'attente d'une enquête plus approfondie. L’entreprise a affirmé que les employés n’avaient pas le droit de former un syndicat parce que leur employeur était l’agence de recrutement qui les embauchait. L’appel à la grève avait été lancé lorsque les travailleurs avaient appris qu’ils seraient licenciés le 24 décembre. La police a brutalement réprimé la grève en utilisant des canons à eau et des matraques avant d’emmener les grévistes de force dans une fourgonnette.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 8 juin 2021, en Inde, des enseignant(e)s qui n’étaient affectés à aucun poste ont manifesté à proximité de la résidence du chef du gouvernement de l’État du Pendjab, à Patiala. Environ 150 enseignant(e)s ont été placés en détention et plus d’une dizaine d’entre eux ont été légèrement blessés lorsque la police est intervenue à deux reprises, faisant usage de matraques, comme cela s’était déjà produit au début de l’année.

En dépit de ses multiples promesses, le gouvernement n’avait pas attribué de poste à de nombreux enseignants des écoles publiques. Les cinq syndicats participants reprochaient aux responsables du gouvernement d’avoir tardé à les recevoir et à donner suite à leurs demandes. Les enseignants se sont opposés à la police en se dirigeant vers la résidence du chef du gouvernement. Les personnes détenues ont été libérées sans mise en examen.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 26 octobre 2021, dans au moins trois zones de l'Équateur, des affrontements ont éclaté entre la police et les travailleurs/euses qui manifestaient dans le cadre d'une grève nationale contre le gouvernement, à l'initiative du Front uni des travailleurs (FUT), du Front populaire (FP) et de la Confédération des nationalités indigènes (CONAIE). À Imbabura, dans le canton de Peguche, les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Les travailleurs demandaient le gel des prix des combustibles, le soutien au projet de Code du travail récemment présenté au Parlement par le FUT et le rejet de la proposition de loi sur la création d’opportunités. Au moins 37 manifestants ont été arrêtés dans l'ensemble du pays.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Fin 2020, les employé(e)s de l’usine de ciment Ash Grove, à Joliette, Québec, Canada, ont été informés que deux des quatre fours allait fermer, ce qui compromettait au moins la moitié des emplois. En dépit des négociations collectives encore en cours, un lock-out a été imposé illégalement aux membres du syndicat de l’usine, Unifor, le 22 mai 2021. Unifor, en coopération avec la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec et ses membres sur l’ensemble du Québec, a organisé une série d’actions de solidarité.

En réponse à la mobilisation du syndicat, la direction d’Ash Grove a obtenu une nouvelle injonction pour limiter les actions du syndicat. L’employeur a également déposé une réclamation pour 2,6 millions de dollars canadiens (environ 2,1 millions de dollars US) au titre des pertes de production et de la dégradation du matériel, et a licencié deux membres de la section syndicale 177, dont un membre du comité de négociation.

Ash Grove appartient à CRH Canada, qui emploie 4.000 personnes sur 100 sites de production. Le géant mondial emploie plus de 76.000 personnes à travers le monde sur plus de 3.000 sites dans 29 pays.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 5 octobre 2021, pendant les célébrations de la Journée mondiale des enseignants, les forces de sécurité jordaniennes ont arrêté et placé en détention 14 membres dirigeants du syndicat enseignant Jordanian Teachers’ Association (JTA). La police antiémeute est intervenue pour mettre fin à la manifestation pacifique des enseignant(e)s qui dénonçaient la répression des droits syndicaux. Les 14 membres concernés étaient Ahmad Ali Ahmad Alzaboun, directeur de la JTA, Nasser Nawasra, vice-président de la JTA, ainsi que les membres suivants du Conseil de la JTA: Ghaleb Mansour Abu Qudia, Nidal Awwad Al Hisa, Kifah Suleiman Abu Farhan, Feras Awad Shteiwi Al Sarhan, Basil Mahmoud Al Houroub, Sulaiman Farhan Jaber Al Hayyer, Ibrahim Shaker Khalaf Assaf, Adbassalam assan Moussa Ayasra, Mustapha Annabeh, Iyad Albustanji, Moatassem Abdelrahman Beshtawy, Noureddin Yusuf.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

En août 2021, des employé(e)s des entreprises israéliennes de télécommunication Pelephone et Bezeq International ont organisé une grève à proximité du domicile de l’actionnaire dominant. La police les a expulsés de force et a également arrêté plusieurs grévistes.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 28 septembre 2021, les forces de sécurité égyptiennes sont intervenues lors d’une grève pacifique à l’entreprise d’appareils électriques Universal for Electrical Appliances. Dix jours plus tôt, environ 2.000 employé(e)s avaient commencé un sit-in au siège de l’entreprise suite au décès d’un collègue, qui avait eu une crise cardiaque après avoir effectué des heures supplémentaires, sous la pression financière. Les employés n’avaient pas été payés depuis deux mois.

Le 28 septembre, les forces de sécurité ont encerclé le sit-in, fermé les entrées et empêché les travailleurs de sortir, même pour aller acheter à manger. Quelques heures avant cela, les forces de sécurité avaient perquisitionné le domicile de trois employés: Saeed Abdel Qader, Said Mohamed Abdel Latif et Mahmoud Ahmed Haridy, qui était en congé maladie chez lui suite à un coma diabétique. Les trois hommes ont été placés en détention. La fille de Mahmoud Ahmed Haridy a suivi son père lorsqu’il a été conduit au commissariat de Warrak mais lorsqu’elle a demandé de ses nouvelles, les agents qui étaient à son domicile moins d’une heure plus tôt ont affirmé qu’ils n’étaient pas au courant de son arrestation. Un sous-officier lui a conseillé de se rendre au commissariat d’Imbaba, où elle a appris que son père avait été emmené au siège de l’Agence nationale de sécurité, une force de police spéciale connue pour bafouer les droits humains et sanctionner les prétendues «menaces à la sécurité nationale», parmi lesquelles les mouvements syndicaux indépendants.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 14 février 2022, dans le district de Karma Bani Saïd, en Irak, des personnes ont manifesté devant le bâtiment du gouvernorat pour demander des services de santé. Les forces de police ont dispersé les manifestant(e)s avec une brutalité excessive, blessant grièvement plusieurs personnes. La délégation de négociation a été arrêtée, dont faisait partie Muhammad Al-Saidi, membre du syndicat de la compagnie pétrolière Dhi Qar et membre du syndicat irakien du pétrole et du gaz General Union of Oil and Gas Workers, affiliés à la fédération syndicale General Federation of Trade Unions.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

En mai 2021, des pompiers algériens se sont mis en grève pour demander une augmentation de salaire et l’amélioration de leurs conditions de travail. Le ministère de l’Intérieur a annoncé la mise à pied de 230 pompiers avec des poursuites immédiates engagées contre eux, considérant leur mouvement de protestation comme une «trahison à l’égard des fonctions et des responsabilités qui leur sont confiées».

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

En novembre 2021, près de 100 enseignant(e)s ont été arrêtés au Soudan au début des deux jours de désobéissance civile et de grèves pour protester contre le coup d’État militaire. Les forces de sécurité ont lancé des gaz lacrymogènes sur les travailleurs qui manifestaient devant le bâtiment du ministère de l’Éducation de l’État de Khartoum. Un grand nombre d’entre eux ont été frappés et au moins une personne, une cheffe d’établissement, a eu une jambe cassée.

Au total, 87 enseignants ont été arrêtés et amenés au quartier général militaire parce que les procureurs avaient refusé de les libérer sous caution.

À Nyala, la capitale du Sud-Darfour, des inconnus en civil ont perquisitionné le domicile d’enseignants et arrêté cinq enseignants, dont Gamal Margan, chargé de la formation des bergers. Le 8 novembre 2021, les forces militaires ont fait irruption dans le Département de l’enseignement secondaire de Karray pour y installer une nouvelle direction favorable aux militaires.

Droit de grèveLicenciés pour avoir participé à une grève

84%

84% of countries violated the right to strike.

72%

72% des pays ont violé le droit de grève

Contre 73% en 2021
92%

92% des pays ont violé le droit de grève

Contre 88% en 2021
95%

95% des pays ont violé le droit de grève

Pas de changement par rapport à 2021
95%

95% des pays ont violé le droit de grève

Contre 94% en 2021
87%

87% des pays ont violé le droit de grève

Pas de changement par rapport à 2021
63%87%

La proportion de pays qui violent le droit de grève a augmenté, passant de 63% en 2014 à 87% en 2022.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En mai 2021, dans la ville de Kragujevac, en Serbie, l’entreprise Fiat Plastik a essayé de briser une grève des travailleurs/euses, en mettant le comité de grève en congé payé et en déplaçant une partie de sa production sur un autre site. Treize employés qui ont participé aux arrêts de travail, c’est-à-dire l’ensemble du comité de grève, ont été illégalement mis en congé, et le comité s’est vu imposer un lock-out. La direction a également déplacé toutes les machines de l’usine.

Les manifestations avaient commencé en janvier 2021 par des arrêts de travail d’une heure par jour suite à l’annonce d’une baisse du salaire annuel de 300 euros.

En juin 2021, l’inspection du travail a accusé la direction de l’entreprise d’avoir commis une infraction en ayant cherché à briser la grève.

En août, les Syndicats unis de Serbie ont dénoncé les actes d’intimidation opérés par l’Agence de sécurité et d’information de Serbie (BIA), qui a appelé le président du comité de grève le 11 août pour l’inviter à «dialoguer». Le syndicat de Fiat Plastik a refusé, déclarant qu’il «ne s’intéressait pas à la politique» mais seulement aux questions syndicales.

Le conflit s’est poursuivi. C’est l’Agence d’État pour le règlement pacifique des conflits de travail qui a joué le rôle de médiateur, mais les négociations avec Fiat ont échoué en octobre. Au moment de la rédaction de l’Indice des droits dans le monde, le différend n’avait toujours pas été résolu.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Au Portugal, lorsque les travailleurs/euses de la société alimentaire Upfield ont annoncé une série de grèves de deux heures, l’entreprise a procédé à un licenciement collectif. L’appel à la grève avait été lancé suite à la demande d’une augmentation de 30 euros du salaire mensuel formulée par les employés, qui était restée lettre morte. Les grèves ont débuté le 5 juillet 2021.

Quelques jours après la publication du préavis de grève, l’entreprise a fait part de son intention de licencier 19 personnes, parmi lesquelles un membre du comité des travailleurs et les trois représentants de la santé et de la sécurité au travail.

Les employés ont organisé une réunion et prévu une action pour défendre leurs droits, le 15 juillet. Le 19 juillet, ils ont programmé une grève de 24 heures pour protester contre le licenciement collectif et exiger des augmentations de salaire et la revalorisation des carrières.

Les relations entre Upfield et les représentants des travailleurs se sont progressivement dégradées depuis que l’entreprise appartenant à Unilever-Jerónimo Martins Lda a été rachetée par un groupe financier nord-américain (KKR), il y a trois ans.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En Géorgie, l’entreprise de nettoyage et de gestion des déchets Tbilservice Group a licencié Irakli Baghdavadze pour avoir organisé une grève le 6 août 2021. Des collègues de travail se sont joints à lui pour demander une augmentation de salaire, de nouveaux uniformes et une assurance de santé gratuite. La grève a pris fin le 9 août, la mairie de Tbilissi ayant promis une augmentation de salaire à partir de 2022, mais Irakli Baghdavadze a perdu son emploi suite à la manifestation.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Le 22 mai 2021, l’entreprise Kurum International, en Albanie, a licencié 20 mécaniciens et électriciens des centrales hydroélectriques d’Ulëz et de Shkopet, au mépris de la convention collective signée en 2019 avec la fédération syndicale Trade Union Federation of Industrial Workers of Albania (FSPISH).

Les travailleurs/euses ont pris part à des manifestations et des piquets de grève tous les jours, et des militants syndicaux de tout le pays sont venus se joindre à eux. L’entreprise a riposté en harcelant le comité syndical et en mettant à pied les personnes qui participaient à la grève.

Ces deux centrales hydroélectriques figurent parmi les quatre centrales rachetées par l’entreprise Kurum Holdings, établie en Turquie, au gouvernement albanais dans le cadre d’une opération de privatisation en 2013. Depuis le rachat des centrales, Kurum s’est séparée de 120 employés pour n’en garder que 43. Les centrales électriques sont les seules sources d’emploi importantes de la région.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En avril 2021, le syndicat Korea Democratic Pharmaceutical Union (KDPU) a annoncé qu’il intentait une action en justice contre l’entreprise Zuellig Pharma Specialty Solutions Korea pour licenciement abusif.

L’entreprise avait signalé qu’elle mettrait en place un programme de retraite anticipée pour licencier une partie du personnel suite aux pertes financières qu’elle avait subies. Il est rapidement apparu que les membres du personnel concernés étaient tous membres du syndicat de l’entreprise qui avaient fait grève le 30 octobre 2020 en raison d’un conflit sur les salaires.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Environ 1.400 travailleurs/euses en grève au sein du service de santé National Health Mission (NHM), en Inde, parmi lesquels des infirmiers/ères du personnel et des médecins-conseil, des homéopathes Ayurveda et des personnels administratifs, ont été licenciés par le gouvernement du Pendjab le 10 mai 2021 au titre de la loi sur la gestion des catastrophes, pour avoir refusé de mettre fin à leur grève d’une semaine. Près de 3.000 employés de la NHM s’étaient mis en grève pour demander de meilleurs salaires et des emplois permanents. Les personnes licenciées étaient originaires de sept districts du Pendjab.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Début 2022, l’entreprise Centri Group S.A., à Haïti, a licencié quelque 60 employé(e)s qui protestaient contre les pratiques salariales injustes dans le secteur de la confection. En janvier 2022, une coalition de syndicats avait exhorté le premier ministre à augmenter le salaire minimum de 500 gourdes par jour (4,80 dollars) dans ce secteur à 1.500 gourdes. Les manifestations ont été brutalement réprimées par la police, qui a lancé des gaz lacrymogènes et frappé les manifestants avec des matraques, devant la zone de libre échange de la SONAPI, à Port-au-Prince.

Au cours des mois passés, l’inflation a atteint 23% à Haïti. Dans le secteur de l’habillement, les salaires sont les mêmes depuis trois ans, et les travailleurs gagnent moins d’un tiers de la somme qui serait nécessaire à leur survie.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Au Canada, le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont fréquemment invoqué une législation de retour au travail pour mettre fin aux grèves. Par exemple, le gouvernement fédéral a adopté cette législation pour terminer une grève des dockers, représentés par le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP/CUPE), dans le port de Montréal, le 30 avril 2021. Le syndicat n’était pas parvenu à conclure de nouvelle convention collective après pratiquement trois ans de négociations. Le syndicat a lancé un appel à la grève lorsque l’employeur, Maritime Employers’ Association, a signalé au syndicat qu’il ne respecterait plus les dispositions de la convention collective relatives à la sécurité de l’emploi et il a commencé à imposer unilatéralement des heures supplémentaires aux travailleurs/euses du port.

De la même manière, début novembre 2021, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a fait valoir la législation de retour au travail contre des travailleurs du secteur public en grève. Environ 22.000 membres du SCFP/CUPE travaillant dans divers services publics étaient en grève dans la province. Le gouvernement a utilisé la législation d’urgence pour obliger les membres de trois groupes de négociation en grève dans le secteur de la santé (SCFP/CUPE 1251, SCFP/CUPE CUPE 1252 et SCFP/CUPE 1190) à reprendre le travail. Le gouvernement fédéral et le gouvernement du Nouveau-Brunswick, en recourant à la législation de retour au travail, ont bafoué le droit de grève des travailleurs, protégé par la Charte canadienne des droits et libertés.

Licenciés pour avoir participé à une grève

À Edmonton, Canada, les membres de la section locale Boilermakers Lodge 146 sont soumis à un lock-out depuis juin 2020 de la part de leur employeur, l’aciérie CESSCO Fabrication and Engineering Ltd. Au cours de l’année passée, l’employeur a embauché des travailleurs/euses de remplacement alors qu’il percevait la subvention spéciale pour la pandémie (Canada Emergency Wage Subsidy), versée aux employeurs par le gouvernement fédéral pour couvrir les dépenses salariales. Le recours permanent aux travailleurs de remplacement a prolongé le lock-out, avant lequel le syndicat négociait un contrat depuis au moins deux ans et demi.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En Iran, 700 employé(e) de la raffinerie Tehran Oil Refining Company ont été licenciés le 22 juin 2021 pour avoir participé à des grèves sur le lieu de travail, dans le cadre d’un mouvement de grève de grande ampleur, auquel ont participé, selon les estimations, quelque 20.000 travailleurs du pétrole et de la pétrochimie dans 11 provinces du pays. Un grand nombre de travailleurs de plusieurs centres industriels se sont associés à la «Campagne 1400» pour demander des salaires plus élevés, des périodes de congés et de vacances plus longues, et de meilleures conditions de santé et de sécurité. Les travailleurs formulaient depuis longtemps ces demandes, auxquelles la direction de l’entreprise et les autorités du régime iranien n’ont jamais donné suite jusqu’à présent.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Le 2 août 2021, le fabricant égyptien de rasoirs Lord International Co. a licencié 38 travailleurs/euses qui avaient participé à une grève aux côtés de 2.000 employés de l’entreprise. La grève avait commencé fin juillet 2021 et mis à l’arrêt la production de deux des trois usines de l’entreprise. La direction a déclaré avoir sollicité une enquête interne sur certains grévistes.

Les travailleurs en grève réclamaient un taux minimum de participation aux bénéfices de l’entreprise et la transformation des contrats de travail renouvelables annuellement en contrats permanents. Ils ont également demandé à la direction qu’aucune mesure disciplinaire ne soit prise contre les grévistes et qu’aucun d’entre eux ne soit licencié. Mais au lieu de cela, l’entreprise a annoncé que les travailleurs identifiés comme les «instigateurs de la grève» seraient licenciés ou mis à pied, et que les personnes mises à pied pourraient faire l’objet de mesures disciplinaires et d’enquêtes plus approfondies.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En avril 2021, Algérie Poste a menacé de licencier sans préavis les travailleurs/euses qui étaient en grève à Alger. Les employés de la poste avaient organisé une grève d’une semaine afin de protester contre le retard pris par le gouvernement pour verser aux travailleurs les subventions et les primes incitatives qu’il avait promises.

Licenciés pour avoir participé à une grève

À l’issue d’une grève de 48 heures des enseignant(e)s du Togo, qui demandaient au gouvernement de tenir la promesse qu’il avait faite de leur verser une prime exceptionnelle, 1.192 chefs d’établissement ont été rétrogradés. Le 4 novembre 2021, le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique et de l’Artisanat a ordonné le remplacement d’un peu plus de 1.000 chefs d’établissements publics et demandé aux enseignants de revenir en classe.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Quatre membres du syndicat National Emancipated and Allied Workers’ Union of South Africa (NEAWUSA) ont été mis à pied le 2 mai 2021 par la minoterie OVK, à Tweespruit, en Afrique du Sud, après la grève d’un mois qui avait eu lieu au sujet de la dangerosité des conditions de travail sur le site. Les travailleurs/euses ont interpellé l’employeur pour soulever la question de la sécurité suite à la survenue de plusieurs incidents et blessures.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En Afrique du Sud, la municipalité Steve Tshwete Local Municipality a licencié 500 employé(e)s sous prétexte qu’ils auraient participé à une grève illégale. Les fonctionnaires demandaient l’application de l’ajustement généralisé des salaires et ont entamé une grève le 21 septembre 2021. Le 8 novembre, les employés ont reçu l’ordre de reprendre le travail dans les 48 heures mais, n’ayant pas obtempéré, ils ont été avertis qu’ils seraient licenciés. Ils ont été réintégrés une semaine plus tard, après l’intervention des syndicats SA Municipal Workers’ Union (SAMWU) et COSATU.

Licenciés pour avoir participé à une grève

En novembre 2021, l’entreprise Employment Placement and Services Namibia (EPSN) a licencié 43 travailleurs/euses qui étaient en grève depuis le 12 octobre, qualifiant leur action d’illégale.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Les dockers du Libéria sont restés sans emploi pendant sept mois lorsque la direction de l’entreprise APM Terminals Monrovia (APMT) a mis à pied 24 employés en octobre 2020, leur interdisant aussitôt l’accès aux locaux de l’entreprise, parce qu’ils avaient manifesté pour protester contre leurs conditions de travail. Avec le soutien du syndicat de dockers Dock Workers’ Union (DOWUL), les travailleurs exigeaient de meilleures conditions de travail, notamment en ce qui concerne le versement des indemnités de congés payés, les heures de travail, l’assurance maladie et les indemnités de repas.

La lutte a duré plusieurs mois, et de nombreux autres travailleurs ont soutenu leurs collègues mis à pied et repris leurs revendications à leur compte.

Le 21 avril 2021, le ministre du Travail du Libéria a annoncé qu’APMT n’avait «pas réussi à prouver les faits dont elle accusait les 24 travailleurs» en question et a demandé leur réintégration. Face au refus d’APMT de les réintégrer, le 4 mai 2021 le ministre de la Justice du Libéria a envoyé une lettre à l’entreprise pour lui ordonner de respecter immédiatement et sans condition la décision du gouvernement. Le 7 mai 2021, APMT a finalement consenti à réintégrer les travailleurs, qui ont repris le travail, comprenant clairement que le gouvernement attendait qu’APMT règle tous leurs problèmes.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

31%

31% of Commonwealth countries restricted free speech and assembly.

26%43%

Countries where freedom of speech and assembly was denied or constrained increased from 26% of countries in 2014 to 43% of countries in 2021.

41% des pays ont restreint la liberté d’expression et de réunion

26%41%

La proportion de pays qui ont restreint les libertés d’expression et de réunion a augmenté, passant de 26% en 2014 à 41% en 2022.

15%

15% des pays d’Europe ont restreint les libertés d’expression et de réunion

Contre 22% en 2021
24%

24% des pays des Amériques ont restreint les libertés d’expression et de réunion

Contre 20% en 2021
45%

45% des pays d’Afrique ont restreint les libertés d’expression et de réunion

Contre 50% en 2021
84%

84% des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont restreint les libertés d’expression et de réunion

Contre 83% en 2021
61%

61% des pays d’Asie-Pacifique ont restreint les libertés d’expression et de réunion

Pas de changement par rapport à 2021

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 1er mai 2021, en Turquie, 212 manifestant(e)s ont été arrêtés à Istanbul pour avoir cherché à organiser une manifestation de protestation contre les règles de confinement strictes imposées par le gouvernement pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Avant les célébrations du 1er mai, la police a bloqué toutes les rues conduisant à la place Taksim, là où 34 personnes avaient été tuées en 1977 lors d’une manifestation à l’occasion de la fête du travail. Pour des raisons de sécurité, les manifestations du 1er mai sont interdites sur la place Taksim depuis plusieurs années.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Tout au long de l’année 2021, les personnels de santé ont participé à de multiples manifestations pour protester contre l’adoption de la loi d’urgence sanitaire promulguée le 4 février 2021, qui interdit les grèves et les manifestations des personnels de santé. Le texte a été adopté sans l’approbation des travailleurs/euses. Les organisations syndicales ont exigé la garantie de pouvoir effectuer leur travail dans des conditions décentes et de bénéficier de la liberté syndicale, mais leurs demandes n’ont pas été prises en compte.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Lorsque la population du Kazakhstan a commencé à organiser des manifestations pacifiques en faveur de la démocratie et de la justice sociale, en janvier 2022, la police et les forces armées ont réagi avec une extrême brutalité, tuant plus de 160 citoyen(ne)s et arrêtant plus de 8.000 personnes.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 18 mai 2021, le tribunal du district et de la ville de Bobruisk a condamné le président du syndicat de l’entreprise de pneus JSC «Belshina», Sergei Gurlo, l’accusant d’avoir enfreint l’article 369 du code pénal et «insulté un agent des forces de l’ordre dans les médias sociaux» en 2020. Sergei Gurlo a été condamné à 18 mois de restriction de liberté dans le but manifeste de limiter son droit d’expression en qualité de dirigeant syndical. Le jugement a eu lieu à huis clos et M. Gurlo a été contraint de signer un document de non-divulgation concernant les éléments du dossier pénal.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 8 juin 2021, le président du Bélarus, Alexander Lukashenko, a signé une nouvelle législation pour condamner à des peines allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement les personnes accusées de prendre part à des manifestations non autorisées. Les individus impliqués dans la participation ou la promotion «d’activités extrémistes» sont passibles de six ans de prison. La nouvelle législation ne définit pas clairement la notion «d’activités extrémistes», dont les dispositions risquent d’être utilisées pour éliminer toute opposition. Cette nouvelle loi fait suite à une loi promulguée le 24 mai 2021 qui oblige les organisateurs d’un événement de grande ampleur à obtenir l’accord des autorités et interdit aux journalistes de rendre compte en direct de ces événements.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 1er mai 2021, les célébrations de la fête du travail organisées par la section locale du district de Chitungwiza de la confédération syndicale Zimbabwe Congress of Trade Unions (ZCTU) ont été interrompues par la police qui, arrivée sur place, a brutalisé les travailleurs, les a empêchés de passer et a menacé de les arrêter.

Le responsable régional du ZCTU présent sur les lieux a demandé à la police de fournir une explication écrite justifiant l’interdiction des célébrations, ce que le commissaire de police a refusé de faire.

Le ZCTU est confronté à de nombreuses situations de ce type depuis longtemps. Des personnes envoyées par le bureau du président ou la police elle-même interrompent les activités du ZCTU, maltraitent et dispersent les travailleurs, demandent à voir leurs programmes, ou exigent d’assister à leurs réunions.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 20 octobre 2021, les employé(e)s du secteur public qui ont remis une demande au ministère de la Fonction publique ont fait face, selon leurs termes, à une «démonstration de force sans précédent». La demande portait sur une révision des salaires de 2021, la fin de la précarisation de la fonction publique, l’arrêt de la privatisation des services publics et l’élimination des pratiques antisyndicales.

Le commissaire national de police a interdit la manifestation, invoquant «la sécurité nationale» et «la sécurité et l’ordre public». Lorsque les travailleurs se sont rassemblés pour défiler et remettre la demande, après avoir dûment suivi le protocole, la police les a dispersés en utilisant des gaz lacrymogènes, des grenades incapacitantes et des balles en caoutchouc. Deux bus transportant des fonctionnaires, notamment des membres du syndicat enseignant Swaziland National Association of Teachers (SNAT) et du syndicat infirmier Swaziland Democratic Nurses Union (SDNU), ont été arrêtés par la police, qui a lancé des gaz lacrymogènes à l’intérieur des véhicules avant de refermer les portes. Les travailleurs qui essayaient de sortir du bus ont reçu des coups de feu. D’autres ont finalement réussi à casser les fenêtres à l’arrière du bus et les passagers ont pu s’échapper. Certaines sources affirment que 36 personnes ont été blessées et qu’un jeune passant a été tué. D’autres ont indiqué qu’au moins 80 personnes ont été blessées pendant les violences survenues dans la capitale d’Eswatini, Mbabane, ainsi qu’à Manzini.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

En décembre 2021, le conseil municipal de Mbabane, Eswatini, n’a pas autorisé les associations du secteur public, parmi lesquelles le syndicat enseignant Swaziland National Association of Teachers (SNAT), à défiler dans les rues de la ville pour remettre une demande au ministère de la Fonction publique.

La lettre de la municipalité faisait référence à une directive du ministère du Logement et du Développement urbain datée du 21 octobre 2021 ordonnant «la suspension jusqu’à nouvel ordre de l’autorisation de tout défilé dans les zones urbaines».

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

En Eswatini, des manifestations pour la démocratie sont organisées depuis mai 2021, lors desquelles les syndicats et d’autres groupes de la société civile demandent des élections démocratiques et la fin de la monarchie absolue dans le pays, qui interdit aux partis politiques de prendre part aux élections. Selon les estimations, depuis le début de ces manifestations, 72 personnes ont été tuées par les forces de police et du gouvernement. Plusieurs centaines d’autres ont été blessées et certaines sont toujours portées disparues. Certains militants ont choisi de se cacher et d’autres ont opté pour l’exil. Le 18 octobre 2021, le ministre du Commerce d’Eswatini, Mancoba Khumalo, a déclaré que les travailleurs/euses risquaient de perdre leur emploi s’ils participaient aux manifestations pour la démocratie, contre le roi Mswati.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Suite au coup d’État de janvier 2022, les syndicats du Burkina Faso ont cherché à organiser un rassemblement. La junte militaire les en a empêchés. Depuis, les syndicats sont dans l’incapacité d’organiser des actions collectives.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 27 mai 2021, le gouvernement du Sri Lanka a publié un décret aux termes duquel il devenait quasiment impossible aux 12.000 employé(e)s des communes rurales d’organiser une grève. Le décret privait par ailleurs plusieurs centaines de milliers d’autres employés du secteur public de leurs droits fondamentaux. Le texte avait été adopté en réponse à la menace de grève des fonctionnaires du gouvernement qui demandaient des vaccins contre la COVID-19. Le décret affirmait que les services du gouvernement interdits de grève étaient des «services essentiels compte tenu de la pandémie de COVID-19». Le syndicat représentant les employés des communes rurales a dû annuler immédiatement la grève en préparation.

Cinq jours plus tard, le 2 juin, le gouvernement a publié un second décret à la veille d’un arrêt de travail annoncé par les employés de nombreux hôpitaux principaux. Le décret étendait l’interdiction de faire grève aux personnels de santé et à d’autres employés gouvernementaux.

Les deux décrets concernaient ainsi les travailleurs des ports, des chemins de fer, des bus, du pétrole, du gaz, de la banque et des assurances de l’État, ainsi que les infirmiers/ères, les médecins et autres personnels de santé, les employés administratifs du gouvernement, les employés des entreprises publiques de distribution de denrées alimentaires, et les employés des neuf gouvernements provinciaux du Sri Lanka. Les employés qui se mettraient en grève pourraient être licenciés, et ils s’exposaient à des amendes comprises entre 2.000 et 5.000 roupies, à des peines de prison «rigoureuses» de deux à cinq ans, à la saisie de leurs «biens meubles et immeubles» et au retrait de leurs titres professionnels. Tout individu qui «inciterait» un employé interdit de grève à ne pas se rendre au travail – ou l’en «persuaderait», ou l’y «encouragerait» - par un «acte physique, par la parole ou par écrit» s’exposerait lui aussi aux amendes, aux saisies de biens et jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

La police de Fidji a refusé d’autoriser la confédération syndicale Fiji Trades Union Congress (FTUC) à défiler et à organiser un rassemblement, à Suva, le 1er mai 2021. Aucune raison n’a été donnée par écrit, mais la FTUC a été informée oralement que la pandémie de COVID-19 suscitait l’inquiétude. Cependant, les autres rassemblements, notamment les rencontres sportives et les activités de loisirs, n’ont été soumis à aucune restriction.

C’était la sixième année consécutive que l’autorisation de défiler était refusée à la FTUC. Le gouvernement avait assuré à maintes reprises à l’OIT et au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qu’il respectait pleinement les droits des travailleurs et les droits humains, dont le droit de réunion pacifique, mais il semblait ne pas avoir l’intention pour autant de tenir ses promesses.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

La police du Bangladesh a fréquemment interdit les réunions syndicales et ont physiquement empêché les participant(e)s d’assister à une réunion lors de laquelle devait être institué le comité régional de l’IndustriALL Bangladesh Council (IBC).

L’IBC est l’organe de coordination des affiliées bangladaises du syndicat mondial IndustriALL. Le 24 septembre 2021, une réunion devait avoir lieu au bureau de la fédération syndicale de la confection Bangladesh Independent Garment Workers Union Federation (BIGUF) à Chattogram pour former un comité régional. Toutefois, suite à un appel de la police au vice-président de l’IBC, Salauddin Shapon, la réunion n’a pas pu se tenir. Une deuxième réunion a été planifiée dans un autre endroit le lendemain. Mais là encore, la police a contacté le vice-président pour dire que la réunion ne pouvait pas avoir lieu à cet endroit non plus.

Pour la troisième tentative, l’IBC a décidé d’organiser la réunion au bureau d’une autre affiliée du secteur de la confection, la Bangladesh Textile and Garment Workers League (BTGWL). Lorsque les dirigeants de l’IBC sont arrivés, des policiers, certains en civil, ont bloqué l’entrée et n’ont laissé entrer personne.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Depuis le mois d’août 2021, les talibans de retour au pouvoir en Afghanistan ont sévèrement restreint les droits de réunion pacifique et de liberté d’expression. À Herat, les combattants talibans ont donné des coups de fouet aux manifestant(e)s et tiré sans distinction sur eux pour les disperser, tuant deux hommes et blessant au moins huit autres personnes. Les talibans ont ensuite interdit les manifestations qui n’avaient pas obtenu l’autorisation préalable du ministère de la Justice, à Kaboul.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Samira Nasser et Sabah Hassan, toutes les deux membres du bureau exécutif de la fédération syndicale General Federation of Iraq Trade Unions (GFITU) et employées dans des entreprises du secteur public, ont été accusées de diffamation suite à des messages qu’elles avaient postés sur Facebook et ont été soumises à une enquête administrative pour cause «d’accusations malveillantes». Elles ont toutes deux été rétrogradées et mutées dans d’autres entreprises publiques. Samira Nasser, qui était ingénieure agronome dans une usine de produits laitiers, a été mutée dans une entreprise du secteur hydraulique. La GFITU a organisé une campagne de solidarité et a réussi à faire annuler la mutation de la syndicaliste après plus de deux mois.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 14 janvier 2022, date du dixième anniversaire de la révolution tunisienne, plusieurs dizaines de milliers de Tunisien(ne)s opposés à la dictature sont descendus dans les rues mais n’ont pas pu manifester, face aux milliers de policiers qui bloquaient l’accès à l’avenue Habib Bourguiba, l’artère principale de la capitale, faisant usage de canons à eau, de matraques, de gaz lacrymogènes et de violence physique pour arrêter des citoyens. Certaines personnes arrêtées ont été libérées le jour même, mais d’autres ont été déférées devant la justice.

Droit à la justice

62%

62% of Commonwealth countries workers denied workers access to justice.

52%66%

La proportion de pays qui ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice a augmenté, passant de 52% en 2015 à 66% en 2022

32%

32% des pays d’Europe ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice

Contre 34% en 2021
77%

77% des pays des Amériques ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice

Contre 76% en 2021
90%

90% des pays d’Afrique ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice

Contre 76% en 2021
79%

79% des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice

Contre 83% en 2021
70%

70% des pays d’Asie-Pacifique ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice

Contre 74% en 2021

Droit à la justice

Le 16 décembre 2021 marquait la date du dixième anniversaire de la tragédie de Janaozen, Kazakhstan, lorsque la police avait ouvert le feu sur des manifestant(e)s, faisant 17 morts et plus de 100 blessés parmi les travailleurs. Ces violences mettaient un terme à une grève qui durait depuis sept mois et qui avait été suivie par plus de 3.000 travailleurs, qui demandaient une augmentation de salaire. Cet événement a fait l’objet d’examens approfondis de la part d’organismes internationaux, qui ont tous fait part de leur préoccupation face à l’absence d’enquêtes indépendantes, impartiales et efficaces dans les cas de violations des droits humains en lien avec les manifestations de Janaozen. Ils ont exhorté le gouvernement à procéder immédiatement à une enquête. Or, à ce jour, le gouvernement du Kazakhstan n’a pas donné suite à ces recommandations, et aucune poursuite ni condamnation n’a été prononcée en dix ans.

Droit à la justice

Au Kazakhstan, quatre ans après les faits, il n’y a toujours aucune avancée sur l’enquête relative à la violente agression perpétrée le 10 novembre 2018 contre Dimitri Sinyavsky, président de la section régionale de Karaganda du syndicat de l’énergie Sectorial Union of Fuel and Energy Workers. L’absence d’enquêtes et de jugements effectifs contre les coupables des agressions violentes à l’encontre des syndicalistes renforce le climat d’insécurité pour les victimes et d’impunité pour les auteurs, ce qui est extrêmement néfaste pour l’exercice de la liberté syndicale au Kazakhstan.

Droit à la justice

Au Kazakhstan, les restrictions à la liberté imposées par le tribunal à Larisa Nilolayvna Kharkova, précédemment dirigeante de la Confédération des syndicats indépendants du Kazakhstan (CNTUK), ont pris fin le 9 novembre 2021. Toutefois, il lui était toujours interdit d’occuper des postes de dirigeante dans des organisations non gouvernementales et non commerciales. Cette sanction, qui avait été prononcée par le tribunal le 25 juillet 2017, arrive à son terme le 5 octobre 2022. Mme Kharkova n’avait pas la possibilité d’ouvrir un compte bancaire dans une banque du Kazakhstan, et son compte bancaire personnel est toujours bloqué à ce jour, compte tenu des conditions imposées lors de l’examen de son dossier pénal.

De la même manière, Amin Eleusinov, précédemment militant du syndicat de l’énergie Sectoral Fuel and Energy Workers’ Union, qui avait été condamné en 2017, a été libéré en mai 2018 avant la fin de sa peine d’emprisonnement, mais il n’était pas autorisé à occuper un poste de dirigeant dans des organisations non gouvernementales jusqu’en 2022.

Nurbek Kushakbayev, précédemment dirigeant du syndicat de l’énergie Sectoral Fuel and Energy Workers’ Union, qui avait été condamné en 2017 pour avoir incité d’autres personnes à participer à une grève prétendument illégale, a purgé sa peine de prison. Toutefois, il est resté dans l’incapacité de reprendre son activité syndicale.

Droit à la justice

Le 15 juin 2021, des agents du Service de l’intérieur de la municipalité de Minsk ont perquisitionné le domicile du vice-président du SPB, Gennadiy Bykov. Le 14 juillet 2021, les agents du Service de l’intérieur du district de Polotsk ont perquisitionné l’appartement du président du Free Trade Union of Belarus, Nikolai Sharakh. Le 21 juillet 2021, les autorités ont perquisitionné le domicile du président du Comité de vérification interne du SPB, Victor Stukov.

Droit à la justice

Le 26 juin 2021, les agents du Comité de la Sécurité de l’État ont perquisitionné le bureau régional du syndicat Belorussian Radio Electronics Workers’ Union (REPU), dans la ville de Brest. Le 16 juillet 2021, les agents des forces de l’ordre sont entrés dans le bâtiment du siège du REPU, à Minsk, après avoir forcé une porte et en avoir condamné une autre. Ensuite, les forces de l’ordre ont affirmé qu’elles enquêtaient sur une autre organisation et que la perquisition n’avait aucun lien avec les activités du REPU. C’était la deuxième fois en six mois que le siège du REPU à Minsk était perquisitionné. En effet, le 16 février 2021, la Sécurité de l’État avait déjà perquisitionné les locaux et avait saisi du matériel de communication et d’autres équipements et documents. Le domicile de plusieurs militants du REPU a également été perquisitionné à ce moment-là. Les forces de l’ordre ont affirmé que les perquisitions faisaient partie de l’enquête sur le financement du syndicat.

Droit à la justice

Le 8 juillet 2021, quatre dirigeants du syndicat Belarusian Independent Trade Union de l’entreprise JSC Naftan, à Navapolatsk, ont fait l’objet d’une perquisition de domicile. Deux d’entre eux ont été placés en détention. Il s’agissait de l’avocat du syndicat, Aliaksandr Kapshul, du vice-président de l’organisation principale, Jury Hashau, du vice-président, Dzianis Hurski et du secrétaire-trésorier Dzmitry Koyra. M. Hurski et M. Koyra ont été détenus pendant 72 heures avant d’être libérés. Les autorités ont indiqué que les perquisitions et les détentions étaient en lien avec une affaire relevant du droit pénal au sujet de la dégradation de la peinture de la voiture de Siarhei Brykun, en octobre 2020.

Droit à la justice

Aux Philippines, Rosanilla Consad, secrétaire du syndicat enseignant Alliance of Concerned Teachers (ACT) pour la région XIII et vice-principale assistante du lycée San Vicente National High School, a été arrêtée en avril 2021 sur des accusations fabriquées de toutes pièces pour tentative de meurtre. Interrogée sans son conseiller juridique, elle a été présentée lors d’une conférence de presse comme une responsable de «haut rang» de la Nouvelle armée populaire, la branche armée du parti communiste philippin.

Droit à la justice

Dodo Bheel, qui travaillait pour la compagnie minière Sindh Engro Coal Mining Company (SECMC) au Pakistan, a été détenu par les gardes de sécurité de l’entreprise pendant 14 jours pour être interrogé sur le vol de déchets métalliques dans un magasin de l’entreprise. M. Bheel est décédé de la suite de ses blessures. D’après la Commission des droits humains du Pakistan, il a été torturé par les gardes. Les travailleurs/euses et leurs proches ont organisé des sit-in et des manifestations après sa mort, pour demander une enquête immédiate et impartiale. Leurs manifestations ont été violemment réprimées par la police, qui est intervenue en faisant usage de matraques et de gaz lacrymogènes avant d’arrêter une partie des 150 manifestants.

Droit à la justice

En Malaisie, cinq dirigeants locaux du syndicat du secteur du transport National Union of Transport Equipment and Allied Industries Workers (NUTEAIW) étaient toujours sans emploi six ans après avoir été licenciés par le fabricant HICOM Automotive, qui avait renvoyé 32 membres du NUTEAIW en février 2016 pour avoir assisté à une réunion d’information syndicale, après les heures de travail et en dehors des locaux de l’entreprise. La réunion portait sur l’impasse dans laquelle se trouvaient les négociations collectives et, par ailleurs, l’entreprise a accusé les travailleurs/euses de «ternir son image».

À l’issue de plusieurs réunions de médiation avec des responsables des relations de travail, 27 membres syndicaux ont été réintégrés mais l’entreprise a refusé de réintégrer les cinq dirigeants syndicaux locaux. Ces derniers ont obtenu une indemnité de licenciement au tribunal, mais pas leur réintégration. Le NUTEAIW a épuisé tous les recours juridiques nationaux et a décidé, en juillet 2021, de déposer une plainte à l’OIT.

L’entreprise HICOM détient un triste record d’actions antisyndicales en Malaisie. En 2013, HICOM et l’entreprise apparentée Isuzu HICOM ont licencié 18 membres du NUTEAIW pour avoir exercé leurs droits syndicaux.

Droit à la justice

À l’issue d’un simulacre de procès, le 11 juin 2011, le syndicaliste vénézuélien Rodney Álvarez a été condamné à 15 ans de prison pour homicide. À ce jour, il demande toujours un jugement équitable alors qu’il vit dans des conditions extrêmement difficiles en prison.

En 2011, M. Álvarez a été poursuivi pour avoir assassiné le travailleur Renny Rojas pendant un rassemblement de travailleurs/euses sur le site de l’entreprise publique minière Ferrominera Orinoco, de la Corporación Venezolana de Guayana (CVG). Le rassemblement avait pour objectif de choisir les membres de la commission chargée d’organiser les élections du comité exécutif du syndicat Sintraferrominera.

La procédure judiciaire contre Rodney Álvarez met en évidence le manque de séparation des pouvoirs du pays et un déni de justice manifeste: il y a eu 8 interruptions et jusqu’à 25 audiences préliminaires, et M. Álvarez a été victime de trois agressions graves à l’arme blanche et par arme à feu, qui sont restées totalement impunies pendant les dix années, voire plus, qu’il a passées en détention avant jugement.

Rien n’indique dans son dossier judiciaire que M. Álvarez était armé, et encore moins qu’il était à l’origine des coups de feu. En outre, le juge a refusé d’entendre tous les témoins de la défense qui étaient présents lors des faits et qui ont vu la personne qui avait tué Renny Rojas. La déclaration de l’officier de la Garde nationale vénézuélienne qui était en faction à l’entreprise au moment du meurtre et qui a affirmé qu’il avait arrêté l’auteur des coups de feu, n’a pas été prise en compte.

Droit à la justice

Au Honduras, le fait que le gouvernement n’ait pas donné suite aux multiples affaires historiques d’assassinats et autres crimes violents commis dans le pays n’a fait qu’aggraver le climat omniprésent de répression, de violences physiques et d’intimidation contre les travailleurs/euses et les syndicalistes. Le système judiciaire du travail est resté inopérant, et seuls quelques assassinats ont été résolus, généralement après de nombreuses années.

Droit à la justice

En Colombie, le fait que le gouvernement n’ait pas donné suite aux multiples affaires historiques d’assassinats et autres crimes violents commis dans le pays n’a fait qu’aggraver le climat omniprésent de répression, de violences physiques et d’intimidation contre les travailleurs/euses et les syndicalistes. Le système judiciaire du travail est resté inopérant, et seuls quelques assassinats ont été résolus, généralement après de nombreuses années.

Droit à la justice

Au Guatemala, le fait que le gouvernement n’ait pas donné suite aux multiples affaires historiques d’assassinats et autres crimes violents commis dans le pays n’a fait qu’aggraver le climat omniprésent de répression, de violences physiques et d’intimidation contre les travailleurs/euses et les syndicalistes. Le système judiciaire du travail est resté inopérant, et seuls quelques assassinats ont été résolus, généralement après de nombreuses années.

Droit à la justice

Deux ans après leur licenciement abusif, Luximun Badal et Shavindra Dinoo Sunassee, respectivement président de la section locale n°2 du syndicat de la poste Union of Post Office Workers et ex-président du syndicat des aéroports mauriciens Airports of Mauritius Limited Employees Union, demandent toujours leur réintégration.

Mauritius Post Ltd avait licencié M. Badal le 18 juin 2020 pour avoir soi-disant refusé une mutation décidée unilatéralement suite à un différend sur la négociation d’une nouvelle convention collective pour les employé(e)s de la poste, la convention précédente ayant expiré le 31 décembre 2017. Quelques jours plus tard, l’entreprise Airports of Mauritius Ltd a licencié M. Sunassee après plusieurs tentatives de la direction de modifier unilatéralement les termes d’une convention collective, ce à quoi le syndicaliste s’opposait.

Droit à la justice

Le Tribunal de première instance de Tunis a annulé la décision du Conseil national de l’UGTT (tenu à Hammamet du 24 au 26 août 2020) de convoquer un congrès extraordinaire non électif, indiquant que les Statuts du syndicat ne prévoyaient pas l’organisation de ce type de congrès par son bureau exécutif. Il s’agit d’une grave ingérence de la justice à l’égard du droit de l’UGTT d’organiser librement ses activités.

Droit à la justice

La situation d’Esmail Abdi, précédemment secrétaire général du syndicat enseignant Iranian Teachers’ Trade Association (ITTA), a suscité de plus en plus de préoccupations. Il a été emprisonné à de multiples reprises depuis 2006 sur la base de fausses accusations de «propagande contre l’État» et «d’espionnage». Il a été condamné à cinq ans de prison en 2016 au motif fictif qu’il aurait «diffusé de la propagande contre le système, organisé des rassemblements et conspiré dans le but de commettre des délits contre la sécurité nationale». Pour empêcher sa libération, le 11 janvier 2021, au terme de sa peine, les autorités iraniennes ont décidé d’appliquer une condamnation à dix ans de prison avec sursis qui avait été prononcée en 2011, prolongeant ainsi son incarcération jusqu’en 2031. L’emprisonnement de longue durée et les mauvais traitements subis en prison ont gravement détérioré son état de santé. Entre-temps, les membres de la famille d’Esmail Abdi (sa femme, ses deux filles et son fils) ont été harcelés et persécutés par les forces de sécurité, et sont considérés comme étant en danger.

Droit à la justice

Le 5 avril 2021, Mourad Ghedia, président du syndicat algérien SNAPAP/CGATA pour le secteur de la justice, s’est rendu au commissariat de Bab Ezzouar, à Alger, où il avait été convoqué par la police. Il a été immédiatement arrêté et présenté à un juge, sans aucun accès à une représentation juridique. Le juge l’a placé en détention sur ordonnance à la prison d’El-Harrach, sans justifier son incarcération. Le tribunal l’a condamné à six mois de prison avec sursis. Suite à une importante campagne internationale, il a finalement été libéré après deux mois et dix jours de détention.

M. Ghedia, greffier de profession, avait précédemment été mis à pied en 2012 pendant quasiment trois ans, ainsi que 57 autres employé(e)s, pour avoir participé à une grève. Suite aux plaintes déposées à l’OIT, M. Ghedia et les autres employés mis à pied ont été réintégrés, et il a retrouvé son poste de 2015 à 2018, date à laquelle il a été licencié sans motif.

Droit aux libertés civiles

Workers were detained and arrested in 17 countries.

25%47%

La proportion de pays où des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention a augmenté, passant de 25% en 2014 à 47% en 2022

33%

Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 33% des pays

Contre 29% en 2021
52%

Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 52% des pays

Contre 56% en 2021
36%

Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 36% des pays

Pas de changement par rapport à 2021
47%

Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 47% des pays

Contre 44% en 2021
83%

Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 83% des pays

Pas de changement par rapport à 2021

Droit aux libertés civiles

Dans l’après-midi du 24 février 2022, des inconnus en civil ont fait irruption dans le bureau du syndicat de la métallurgie Free Metalworkers’ Union (SPM) sans présenter de documents, avant de perquisitionner les lieux et de s’emparer du matériel de bureau et des téléphones portables des membres de la direction et des employé(e)s du bureau. Le vice-président du SPM, Aleksandr Evdokimchik, a été arrêté et conduit à un lieu tenu secret. Le matin, le comité exécutif du BKDP, la centrale syndicale nationale affiliée à la CSI, n’avait pas réussi à contacter Igor Komlik, l’avocat du syndicat, qui avait également été arrêté par les forces de sécurité, comme le comité l’a appris par la suite.

Droit aux libertés civiles

Le matin du 21 septembre 2021, les forces de l’ordre ont perquisitionné l’appartement de Volha Brytsikava, dirigeante locale de la principale organisation syndicale du Bélarus, Belarusian Independent Trade Union (BITU) à l’entreprise JSC Naftan. Son ordinateur a été saisi et elle a été arrêtée et placée en détention. Deux autres membres du BITU, Andrey Berezovsky et Roman Shkodin, ont été arrêtés et incarcérés, respectivement pendant sept jours et 15 jours.

À l’entreprise Grodno Azot, le vice-président du syndicat local du BITU, Valiantsin Tseranevich, et les membres du BITU Andrei Paheryla, Vladimir Zhurauka, Grigory Ruban, Dmitry Ilyushenko et Aleksey Sidor ont été placés en détention par la police.

Dans la ville de Zhlobin, Aliaksandr Hashnikau, secrétaire trésorier de la section principale du BITU à l’usine métallurgique bélarusse BMZ, a été arrêté le 17 septembre 2021 et incarcéré arbitrairement. D’après sa femme, il a disparu mi-septembre et a été localisé une semaine plus tard.

Le président du BITU, Maksim Pazniakou, a été incarcéré le 17 septembre, mais il a été libéré par la suite et condamné à payer une amende de 350 dollars pour avoir posté sur les médias sociaux en 2020 des informations mentionnant un groupe de musique bélarusse, ultérieurement qualifié d’extrémiste par les autorités.

Droit aux libertés civiles

Le matin du 23 août 2021, un dirigeant du Syndicat de l’hôtellerie de l’Algarve, qui était accompagné de deux délégués syndicaux, a été arrêté alors qu’ils distribuaient des informations syndicales aux employé(e)s du complexe hôtelier Hapimag Resort Albufeira, au Portugal. La direction de l’hôtel a demandé à la garde nationale républicaine (GNR) d’empêcher le dirigeant syndical de mener ses activités au sein de l’établissement, alors que ce droit figure dans la Constitution de la République portugaise, dans le Code du travail et dans la convention collective du secteur du tourisme.

Le dirigeant du syndicat a expliqué aux agents de la GNR qu’il exerçait un droit constitutionnel, mais ils ont accédé à la demande de l’employeur et ont arrêté le dirigeant, qu’ils ont conduit au commissariat d’Albufeira. Le syndicaliste a été convoqué au tribunal d’Albufeira.

Le Syndicat de l’hôtellerie de l’Algarve et le Syndicat des travailleurs de l’hôtellerie de l’Algarve ont tous deux soutenu publiquement le dirigeant syndical. Son syndicat, Sindicato dos Trabalhadores da Indústria de Hotelaria, Turismo, Restaurantes e Similares do Algarve (Syndicat des travailleurs du secteur de l’hôtellerie, du tourisme, des restaurants et travailleurs apparentés de l’Algarve), a rappelé que la direction de Hapimag Resort Albufeira avait mis à pied peu de temps auparavant deux délégués syndicaux, le chef de cuisine et son assistant, parce qu’ils avaient demandé de meilleures conditions de travail.

Le mécontentement des employés portait principalement sur les mauvaises conditions de travail et la violation des normes de santé et de sécurité, des questions qu’ils cherchaient à régler depuis deux ans par la négociation.

Droit aux libertés civiles

Au Kirghizistan, la fédération syndicale Federation of Trade Unions of Kyrgyzstan (FTUKg) avait prévu d’organiser la réunion de son Conseil le 28 janvier 2022 pour fixer la date du Congrès d’unification. Le matin du 28 janvier à 7h50, Ryskul Babayeva, vice-présidente de la FTUKg, a été arrêtée arbitrairement par des policiers du district d’Alamedin sur la base d’une dénonciation. Après l’enquête menée par la police, il est apparu qu’il s’agissait d’une dénonciation calomnieuse. Ryskul Babayeva a été libérée et a pu assister à la réunion du Conseil.

Droit aux libertés civiles

En avril 2021, des représentant(e)s du syndicat des employés de l’aéroport, Tirana International Airport, en Albanie, ont cherché à engager des négociations avec la direction au sujet des risques sanitaires liés à l’épuisement physique et mental des travailleurs/euses dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Au lieu de nouer le dialogue avec les syndicats, la direction a unilatéralement réduit les salaires des travailleurs et employé des méthodes de harcèlement et d’intimidation contre les membres du syndicat et les travailleurs. Face à cette forte pression, les employés se sont déclarés médicalement inaptes au travail selon les normes internationales du travail dans le secteur de l’aviation civile. En réaction, le gouvernement a déployé les forces de l’ordre, qui ont évacué les travailleurs et placé en garde à vue ou assigné à résidence les dirigeants syndicaux pendant plusieurs jours, menacé d’intenter une action en justice contre les dirigeants, et embauché des travailleurs de remplacement étrangers.

Droit aux libertés civiles

Le secrétaire général de la Confédération Syndicale du Congo (CSC), Fidèle Kiyangi Matangila, qui est également en charge de la Centrale des travailleurs des banques et institutions financières et président de l’Intersyndicale nationale de l’administration publique (INAP), a été arrêté le vendredi 12 mars 2021 devant le bâtiment administratif de la fonction publique. Son arrestation par les forces de sécurité faisait suite à une action de protestation menée par les membres du syndicat contre le non-paiement des salaires et des primes par l’employeur du service financier pendant une période de quatre mois.

Droit aux libertés civiles

Le 11 mars 2022, Haleh Safarzadeh et Alireza Saghafi, tous deux membres du Centre pour les droits des travailleurs, en Iran, ont été arrêtés avec 17 autres étudiant(e)s et militant(e)s syndicaux, lors d’un rassemblement privé sur le lieu de travail de M. Saghafi. Ils ont été emprisonnés à la prison Kachuei, à Karaj. Les militants ont été libérés peu après, mais Haleh Safarzadeh et Alireza Saghafi sont restés incarcérés dans cette prison, un des établissements les plus durs réservés aux infractions pénales.

Le 26 avril 2019, les deux dirigeants syndicaux avaient déjà été arrêtés, avec d’autres défenseurs des droits des travailleurs, lors d’un rassemblement pacifique dans un jardin public. Leur jugement a eu lieu au tribunal révolutionnaire de Karaj le 24 août 2019 sous l’accusation fallacieuse de «propagande contre le système», et ils ont été condamnés à un an de prison.

Droit aux libertés civiles

Le 13 septembre 2021, Farzaneh Zilabi, l’avocate de la défense des travailleurs/euses de l’usine de canne à sucre Haft Tappeh, en Iran, a été condamnée par le tribunal révolutionnaire d’Ahvaz à un an de prison pour «activités de propagande contre l’État». Outre cette peine d’emprisonnement, Mme Zilabi avait l’interdiction de quitter le pays pendant deux ans. Le 16 mai 2021, il lui avait été interdit d’exercer son activité d’avocate pour une période de six mois.

Suite à la privatisation du complexe agro-industriel du sucre Haft Tappeh en 2016, les travailleurs et le syndicat ont organisé plusieurs grèves, la plus récente en août 2021, pour protester contre le non-paiement continu des salaires des employés et la corruption présumée des précédents propriétaires.

Droit aux libertés civiles

Abdel-Wahab Radwan, vice-président du Comité syndical de la société Public Transport Authority Employees, en Égypte, a été arrêté en mai 2021 du fait de ses activités syndicales. Le dirigeant du syndicat était toujours en détention en 2022 en attendant son jugement. Il était accusé d’être «membre d’un groupe terroriste» et «d’utiliser les médias sociaux à mauvais escient».

Droit aux libertés civiles

Fellah Hamoudi, membre du Bureau exécutif de la SNAPAP et CGATA et président du Bureau de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), a été arrêté le 19 février 2022 dans la wilaya de Tlemcen. Fellah Hamoudi était sans cesse harcelé depuis plusieurs mois suite à la déclaration qu’il avait faite sur la chaîne de télévision «Al Magharibia». Le procureur a estimé que les propos de Fellah Hamoudi sur le nombre de prisonniers d’opinion en Algérie étaient non seulement insultants à l’égard du ministère de l’Intérieur, mais aussi «mensongers, ou malveillants». M. Hamoudi était également accusé de diriger une association «non autorisée» en lien avec sa fonction à la LADDH. Le 12 janvier 2022, la police a perquisitionné son domicile et confisqué son ordinateur portable et son téléphone portable personnel. Le 20 février 2022, le tribunal de Tlemcen l’a condamné à 100.000 dinars d’amende et à trois ans d’emprisonnement.

Droit aux libertés civiles

Le matin du 27 mai 2021, une opération de police a été menée simultanément dans différentes villes du département d’Arauca, en Colombie. Plusieurs dirigeant(e)s syndicaux de l’organisation paysanne Arauca Campesino Association (ACA), affiliée à la FENSUAGRO, ont été arrêtés sans motif: Anderson Rodríguez Rodríguez, président de l’ACA; Jhon Alexander Romero, vice-président et secrétaire des droits humains de l’ACA; Camilo Espinel, secrétaire de l’éducation de l’ACA et conseiller municipal à Saravena; Fredy Camargo, conseiller municipal à Fortul et coordinateur du Comité technique de l’ ACA; Ruth Pita, conseillère municipale à Fortul et associée de l’ACA; Helbert Alonso Ramírez Castro, associé et comptable de l’ACA; Samuel Acosta, associé de l’ACA et membre du comité vicinal de Tame.

Droit aux libertés civiles

Le 8 juillet 2021, la police a arrêté 31 personnes, parmi lesquelles le secrétaire général du syndicat enseignant Ceylon Teachers Union (CTU), pour avoir participé à une manifestation organisée à côté du Parlement du Sri Lanka contre le projet de loi sur l’Université de défense nationale (NDU). Le projet de loi, initialement présenté au précédent gouvernement en 2018, a été largement dénoncé pour son intention de restreindre la liberté de pensée et d’expression dans les universités. Les travailleurs/euses arrêtés ont été détenus pendant plusieurs jours, jusqu’à ce qu’une campagne demandant leur libération, soutenue par les syndicats mondiaux, porte ses fruits.

Droit aux libertés civiles

Le 21 octobre 2021, les forces spéciales chiliennes, les Carabineros, ont brutalement frappé les dirigeant(e)s des 16 organisations syndicales du secteur public qui constituent la Mesa del Sector Público (MSP), faisant usage de matraques, de canons à eau et de gaz poivre. Les dirigeants syndicaux, dont José Pérez Debelli, président de la National Association of Public Employees (ANEF), ont été arrêtés puis libérés quelques heures plus tard face à la pression exercée par les organisations syndicales sur le gouvernement. Les représentants de la MSP s’étaient rassemblés pour adresser au gouvernement une liste de revendications concernant l’ajustement des salaires et l’amélioration des conditions de travail. Il s’agit d’une pratique annuelle qui permet d’amorcer le processus de négociation de branche de la MSP, qui représente quelque 500.000 fonctionnaires.

Droit aux libertés civiles

Le 11 octobre 2021, les travailleurs/euses du secteur de la confection se sont rassemblés devant l’entreprise Denim Clothing Company – un des fournisseurs des grandes marques de mode mondiales situé à Karachi, au Pakistan – pour protester contre les conditions de travail inhumaines de l’usine, l’intimidation quotidienne, l’absence de sécurité sociale, les licenciements arbitraires depuis le début de la pandémie de COVID-19, et le refus de payer un salaire minimum aux travailleurs.

Deux fourgonnettes sont arrivées devant l’usine, et trois hommes en civil ont commencé à frapper brutalement les travailleurs avec des bâtons. Plusieurs travailleurs ont été gravement blessés, dont une personne qui a eu une luxation du coude. Les policiers ont forcé les manifestants à monter dans les fourgonnettes et les ont emmenés au commissariat, où ils sont restés six heures et ont de nouveau été frappés par la police. Ils ont été libérés après avoir été contraints de signer un document promettant qu’ils ne manifesteraient plus contre l’entreprise.

Droit aux libertés civiles

Le 15 avril 2021, environ 40 militaires ont été déployés pour arrêter la directrice du syndicat Solidarity Trade Union of Myanmar (STUM), Daw Myo Aye, qui était accusée, au titre de l’article 505A du code pénal, d’avoir participé au mouvement de désobéissance civile, organisé des manifestations et encouragé des civils et des fonctionnaires à prendre part à ce mouvement. Elle était passible de trois ans de prison. La libération sous caution lui ayant été refusée, Daw Myo Aye est restée en détention, avec un accès limité à des services médicaux, en dépit de graves problèmes de santé.

Début 2021, des mandats d’arrêt avaient été délivrés et mis à exécution pour 34 autres dirigeant(e)s syndicaux connus. La plupart d’entre eux ont fait l’objet de poursuites sommaires et ont été condamnés à des peines de prison.

Droit aux libertés civiles

Le président de la confédération syndicale Korean Confederation of Trade Unions (KCTU), Yang Kyeung-soo, a été arrêté le 2 septembre 2021 avant l’aube, lors de la perquisition de son bureau de Séoul. Plusieurs centaines de policiers ont encerclé le bâtiment et des officiers ont forcé la porte pour entrer.

La KCTU avait organisé un rassemblement au centre-ville de Séoul le 3 juillet pour appeler le gouvernement à remédier aux inégalités aggravées par la pandémie. Le gouvernement n’a pas autorisé le rassemblement, invoquant la crainte d’une flambée des contaminations. Il a ensuite délivré un mandat d’arrêt contre Yang Kyeung-soo, l’accusant d’avoir enfreint les dispositions de la loi pénale sur l’entrave à la circulation, de la loi sur les rassemblements et les manifestations et de la loi sur le contrôle et la prévention des maladies infectieuses. La KCTU a contesté ces allégations: environ 8.000 membres syndicaux ont participé au rassemblement, en respectant scrupuleusement les directives de distanciation physique du gouvernement. Après la manifestation, seulement trois personnes ont été testées positives à la COVID-19, sans véritable preuve qu’il y ait un lien entre leur infection et le rassemblement.

La détention de Yang Kyeung-soo semblait surtout destinée à perturber la préparation de la grève nationale prévue par la KCTU le 20 octobre pour demander à ses 1,1 million de membres d’exiger des améliorations des droits des travailleurs. Yang Kyeung-soo est le 13ème président consécutif de la KTCU à être emprisonné depuis que la fédération n’est plus interdite, c’est-à-dire depuis 1997.

Droit aux libertés civiles

La police du Tamil Nadu a arrêté 67 travailleurs/euses et militants lors d’une manifestation dans le secteur de l’électronique, le 18 décembre 2021. Ils ont été détenus plus de 24 heures, et 22 militants, parmi lesquels des dirigeants de la centrale syndicale Centre of Indian Trade Unions (CITU), ont été placés derrière les barreaux pour avoir apporté leur soutien aux travailleurs. Les dirigeants du CITU ont été libérés sous caution le 23 décembre.

La manifestation – à laquelle ont participé environ 3.000 femmes employées par Bharat FIH, une filiale de FIH Mobile et Foxconn Technology Group qui fabrique des téléphones portables – avait commencé le 17 décembre, en raison d’un incident survenu deux jours plus tôt: 159 travailleurs/euses étaient tombés malades suite à une intoxication alimentaire dans leur foyer d’hébergement. Les travailleurs, tous embauchés par des prestataires, se plaignaient depuis longtemps du manque de place et de la mauvaise qualité de l’alimentation.

Droit aux libertés civiles

Le 12 décembre 2021, Lee Cheuk Yan, secrétaire général de la confédération syndicale Hong Kong Confederation of Trade Unions (HKCTU), a été condamné, avec sept autres personnes, à 14 mois de prison pour «incitation, organisation et participation» à une veillée à la bougie, le 4 juin 2020. Cette manifestation annuelle de commémoration du massacre de la place Tiananmen, en 1989, était organisée par le syndicat aujourd’hui dissous Hong Kong Alliance in Support of Patriotic Democratic Movements of China, dont Lee Cheuk-yan était le président. Cette condamnation s’ajoute à la peine de 20 mois de prison que Lee Cheuk-yan était déjà en train de purger pour avoir organisé et participé aux rassemblements pour la démocratie, en 2019.

Droit aux libertés civiles

À Hong Kong, cinq membres du syndicat des orthophonistes General Union of Hong Kong Speech Therapists (GUHKST), notamment le dirigeant et vice-président du syndicat, Li Wenling et Yang Yiyi, ont été arrêtés le 22 juillet 2021. La police a saisi leurs téléphones, ordinateurs et dépliants syndicaux, et le compte bancaire du syndicat ainsi que ses actifs ont été gelés. D’après la police, ils avaient «conspiré dans le but de publier, distribuer, afficher ou copier des publications séditieuses». Li Wenling et Yang Yiyi ont été poursuivis et placés en détention provisoire, et se sont vu refuser la libération sous caution. En revanche, les trois autres membres ont été libérés sous caution. Lors de l’audience du 30 août, le juge a ordonné le placement en détention provisoire des cinq responsables syndicaux en attendant l’audience suivante, le 24 octobre 2021.

Les publications «séditieuses» consistaient en trois livres numériques illustrés destinés aux enfants ayant des troubles du langage, que le syndicat avait publié en 2020 pour expliquer les mouvements de 2019 et 2020 pour la défense de la démocratie à Hong Kong. La sédition est un délit au titre d’une loi de l’époque coloniale et elle est passible de deux ans de prison. Depuis les manifestations pour la démocratie, la police et les procureurs recourent régulièrement à la loi sur la sédition et à la loi sur la sécurité nationale pour faire taire l’expression et les points de vue politiques.

Droit aux libertés civiles

En 2018, en Chine, l’entreprise Jasic Technology a licencié des travailleurs/euses qui avaient cherché à créer leur propre syndicat, et plus de 40 travailleurs ont été arrêtés et accusés d’avoir «organisé un rassemblement pour troubler l’ordre social». Depuis lors, de nombreux militants et sympathisants syndicaux ont été poursuivis et emprisonnés sur la base de fausses accusations, et on ne sait toujours pas où se trouvent exactement les autres travailleurs qui avaient participé aux manifestations à l’usine de Jasic. Les autorités ont engagé des poursuites pénales, et elles ont harcelé et surveillé les personnes concernées et leur famille pour les terroriser et les empêcher de parler. Après leurs poursuites et leur condamnation il y a deux ans, les militants suivants restent introuvables, leur localisation demeure inconnue, et toute information sur leur jugement est inaccessible: Fu Changguo, membre du personnel du Centre des travailleurs de Dagongzhe, ainsi que les militants Zheng Shiyou et Liang Xiaogang.

De nombreuses autres personnes ont fait l’objet de poursuites sommaires et ont été condamnées à des peines de prison, pendant que le gouvernement continuait d’exercer une pression considérable et d’intimider les militants et leur famille.

Droit aux libertés civiles

Le 25 février 2022, un célèbre militant chinois, Mengzhu – de son véritable nom Chen Guojiang –, qui défend les intérêts des livreurs de repas, a été arrêté par la police de Beijing lors d’une perquisition de son appartement. Chen Guojiang a été accusé d’avoir «provoqué des querelles et des troubles», un terme fourre-tout souvent employé en Chine contre les militant(e)s. Chen Guojiang dirigeait le syndicat de livreurs Delivery Riders’ Alliance, qu’il avait fondé en 2019. Ayant contacté environ 15.000 livreurs par le biais des médias sociaux, l’alliance était devenue une organisation comparable à un syndicat pour les livreurs de repas de Beijing et avait noué des liens avec des livreurs qui travaillaient dans d’autres villes.

Peu avant son arrestation, Chen Guojiang avait publié une vidéo dénonçant une escroquerie sur les primes de la part de l’entreprise Ele.me, qui appartient à Alibaba, la plus grande entreprise de commerce en ligne de Chine. Des millions de personnes ont vu la vidéo, qui a suscité une vague de critiques de l’opinion publique à l’encontre d’Ele.me. Les informations signalant la détention de Chen Guojiang ont été bloquées ou supprimées. Les militants chinois opérant sur Internet ont diffusé une lettre ouverte rédigée par le père de Chen, qui demandait de l’aide pour faire face aux frais de justice, ce qui a permis de recueillir plus de 120.000 yuans (18.350 dollars).

En avril 2022, la chaîne de Chen Guojiang, WeChat, sur laquelle la lettre avait été postée, a été interdite de façon définitive. Les discussions en ligne sur le militant ont également été censurées et bloquées par la police. Les avocats et les étudiants en contact avec la famille de Chen ont été harcelés et ont fait l’objet d’enquêtes.

Droit aux libertés civiles

Au Cambodge, les employé(e)s du complexe hôtelier NagaWorld hotel and casino complex se sont mis en grève le 18 décembre 2021 pour protester contre le licenciement abusif de 365 personnes. Plus de 1.000 travailleurs se sont associés à la grève, sous la forme d’un sit-in pacifique devant les locaux de l’entreprise. Le syndicat de l’hôtel Union of Khmer Employees of Naga World (LRSU) a cherché une solution par tous les moyens, mais la direction a refusé de discuter, et n’a même pas assisté à la réunion de médiation organisée par le ministère du Travail.

Le 31 décembre 2021, la police a perquisitionné le bureau du LRSU, a confisqué les documents, les ordinateurs et les téléphones portables du syndicat. Neuf personnes ont été arrêtées, puis 17 autres le 3 janvier 2022, suivies de quatre autres le 4 janvier, dont la présidente du LRSU, Sithar Chhim, qui a été conduite de force dans une voiture de police depuis le piquet de grève.

En février 2022, huit des personnes arrêtées étaient toujours en détention, à savoir la présidente du syndicat, Sithar Chhim; la secrétaire du syndicat, Chhim Sokhorn; le conseiller du syndicat, Sok Narith, et les militant(e)s syndicaux Ry Sovandy, Sun Sreypich, Hai Sopheap, Klaing Soben, Touch Sereymeas. La libération avant le procès leur a été refusée. Ils ont signalé qu’ils manquaient d’eau et qu’ils n’étaient pas autorisés à contacter leur famille. Ils étaient accusés «d’incitation à provoquer des troubles sociaux», ce qui implique une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison. En mars 2022, ils ont finalement été libérés sous caution.

Droit aux libertés civiles

Rong Chhun, président de la confédération syndicale Cambodian Confederation of Unions (CCU), a été arrêté à son domicile en juillet 2020 après avoir déclaré que la démarcation de la frontière entre le Cambodge et le Vietnam avait dépossédé plusieurs paysans de leurs terres. Il a été accusé «d’incitation à commettre un délit ou à provoquer des troubles sociaux». Le 18 août 2021, Rong Chhun a été condamné à deux ans de prison, la peine maximale pour ce délit, et à une amende de deux millions de riels (490 dollars).

Rong Chhun, ainsi que deux autres défenseurs des droits syndicaux, Sar Kanika et Ton Nimol, ont été libérés en appel le 11 novembre 2021. La cour d’appel de Phnom Penh a annulé le restant de leur peine mais ils demeuraient tous les trois en liberté conditionnelle, avec des restrictions pendant trois ans concernant les déplacements et d’autres activités.

Droit aux libertés civiles

Le 6 août 2021, la police industrielle bangladaise a intenté des poursuites pénales contre Babul Akter, secrétaire général de la fédération du secteur de la confection Bangladesh Garment and Industrial Workers Federation (BGIWF), et 24 dirigeant(e)s et membres syndicaux suite aux incidents survenus dans les usines de Crossline Factory (Pvt) Ltd et Crossline Knit Fabrics Ltd. La direction de l’entreprise a également poursuivi ses employés au pénal. Ces plaintes ont été déposées lorsque les ouvriers ont créé deux syndicats dans leurs usines respectives et soumis des demandes d’enregistrement au ministère du Travail en mars 2021.

Droit aux libertés civiles

En février 2021, l’organisation de défense des droits des consommateurs Australian Competition and Consumer Commission (ACCC) a engagé des poursuites au pénal contre le syndicat de la construction, des forêts, des mines et de l’énergie du Territoire de la capitale australienne (ACT), Construction Forestry Mining and Energy Union (CFMEU), qu’elle accusait de se comporter comme un cartel, et contre le secrétaire du CFMEU-ACT, Jason O’Mara.

Le 17 août 2021, le directeur du ministère public du Commonwealth a rejeté cette accusation.

Il s’agissait de la troisième action pénale récente de l’ACCC à l’encontre du CFMEU, en invoquant la loi sur les consommateurs et la concurrence pour affaiblir le droit des syndicats à négocier collectivement. En 2012 et en 2013, l’ACCC avait déclaré que le CFMEU-ACT avait essayé d’inciter les ouvriers spécialistes des structures en acier et les monteurs d’échafaudages locaux à fixer un prix minimum afin de faciliter une augmentation de salaire. Selon l’ACCC, cette mesure s’apparentait à un comportement de cartel. Le CFMEU estime que l’ACCC s’est engagée dans une opération manifeste de harcèlement du dirigeant du syndicat Jason O'Mara qui, depuis trois ans, est constamment jugé dans les médias et attaqué sur sa personnalité.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Workers experienced violence in 6 Commonwealth countries.

29%34%

La proportion de pays qui ont exposé les travailleurs/euses à des attaques violentes a augmenté, passant de 29% en 2014 à 34% 2022

26%

Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 26% des pays d’Europe

Contre 12% en 2021
36%

Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 36% des pays des Amériques

Contre 40% en 2021
31%

Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 31% des pays d’Afrique

Contre 33% en 2021
42%

Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 42% des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord

Contre 44% en 2021
43%

Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 43% des pays d’Asie-Pacifique

Contre 35% en 2021

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 16 juin 2021, Edgar Alejandro Talento et Jaime Col Ical, membres du syndicat de l’entreprise Fritolay Guatemala, ont été agressés par des inconnus. Jaime Col Ical est ressorti indemne, mais Edgar Alejandro Talento était gravement blessé et a dû être hospitalisé.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

En février 2022, les employé(e)s de l’entreprise de soins médicaux Quironsalud, filiale de la multinationale allemande Fresenius en Colombie, ont créé un syndicat et sollicité l’ouverture de négociations collectives. Deux des dirigeants élus, Julian Parra et Claudia López, ont reçu des menaces de mort. Claudia López a indiqué les détails de ces menaces au bureau de la police locale, et Julian Parra a été contraint de quitter le pays. Les appels lancés à Fresenius à l’international pour lui demander de dénoncer publiquement ces menaces de mort sont restés sans réponse.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Début janvier 2022, en Turquie, les travailleurs/euses de l’usine automobile Farplas, dans la province de Kocaeli, ont demandé une augmentation de salaire. Estimant insuffisante l’augmentation de salaire proposée le 19 janvier, les employés ont cessé le travail pour protester, et l’employeur a commencé à négocier avec le syndicat de la métallurgie United Metalworkers' Union, promettant qu’aucun employé ne serait licencié. Lorsque les ouvriers de la production ont repris le travail le lendemain, l’employeur a licencié sommairement près de 150 travailleurs, aussi bien des membres du syndicat que des non-membres, invoquant leur grève d’une journée pour justifier leur licenciement. En protestation, les travailleurs licenciés de Farplas ont décidé de faire grève dans les locaux de l’usine. La police est intervenue brutalement dans l’usine Farplas et a dispersé les travailleurs en utilisant du gaz poivre. Deux personnes se sont évanouies pendant l’intervention et un travailleur a eu la jambe cassée.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Des militant(e)s de la CGT ont été violemment pris à partie à Paris et à Lyon, en France, lors d’un rassemblement à l’occasion du 1er mai 2021. Les individus ont endommagé des véhicules, proféré des insultes racistes et homophobes, et ont fait des remarques fustigeant la nature «communiste» de la CGT et qualifiant ses membres de «collabos». La CGT a déploré au moins 21 blessés, dont quatre personnes qui ont dû être hospitalisées à Paris. Une enquête a été diligentée par le parquet de Paris pour «violences volontaires et dégradation en réunion».

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Au Bélarus, le 5 mars 2021, des agents du Service de l’intérieur de la municipalité de Minsk ont perturbé la conférence inaugurale des syndicats libres des étudiants. Entrés dans l’immeuble en civil, le visage masqué et sans insignes, ils ont arrêté avec brutalité plusieurs participant(e)s à la réunion, qui ont ensuite été condamnés à 15 jours de détention pour avoir «désobéi aux ordres légitimes d’un agent de l’État». Pour justifier cette violente ingérence, les autorités ont affirmé que la réunion était proposée par une organisation illégale. Cependant, la confédération syndicale Free Trade Union of Belarus, qui avait préparé la conférence, est une organisation opérationnelle enregistrée officiellement.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Au Honduras, les membres du syndicat infirmier Asociación Nacional de Enfermeras y Enfermeros Auxiliares de Honduras (ANEEAH) sont descendus dans les rues pour protester contre l’assassinat de leur collègue élève infirmière Keyla Martínez, perpétré la veille alors qu’elle était en détention dans les locaux de la police nationale. Lors de la manifestation, les policiers ont violemment frappé les travailleurs/euses, notamment le membre syndical Agustín Sánchez, qui a été gravement blessé à l’épaule gauche.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Au Honduras, pendant le mois d’octobre 2021, le dirigeant syndical Darlin Oviedo, président du syndicat des ouvriers de la confection Sindicato de Trabajadores de la Compañía Jasper (SITRAJASPER), et le secrétaire général, Selvin Peña, ont été constamment suivis par des inconnus. Darlin Oviedo a même été pourchassé par un motard lourdement armé qui cherchait à tirer sur lui mais le dirigeant syndical a pu se faufiler dans la circulation et lui échapper. Les menaces ont commencé lorsque les travailleurs/euses ont manifesté pour demander à l’usine de prêt-à-porter de réintégrer les travailleurs qui voulaient reprendre le travail après la levée des restrictions liées à la COVID-19.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 10 février 2022, pour la deuxième journée de suite, la police a lancé des gaz lacrymogènes et frappé les manifestant(e)s avec des matraques devant la zone de libre échange de la SONAPI, à Port-au-Prince, Haïti. Les travailleurs en grève demandaient au premier ministre Ariel Henry de faire passer le salaire minimum de 500 gourdes par jour (4,80 dollars) à 1.500 gourdes dans le secteur de la confection.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 30 août 2021, des membres du syndicat des employés portuaires Sindicato de Trabajadores General Portuario, SINTRAGENPORT, de l’entreprise nationale portuaire Empresa Portuaria Nacional Santo Tomás de Castilla, ont reçu des appels téléphoniques de la part d’inconnus les menaçant de mort. Les hommes menacés étaient tous membres du Conseil d’administration: Victor Oliva, secrétaire général; Marcos Eliú Castellanos Nufio, secrétaire général adjoint; Edwin Martínez, secrétaire des finances; Rafael Aquino, secrétaire des relations intersyndicales; Arturo Arzú, secrétaire de la prévention sociale; José Eduardo Saldaña, secrétaire des sports; Melvin Larios, secrétaire du conseil consultatif. Le syndicat avait dénoncé des anomalies et des actes de corruption dans les marchés publics.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 31 mars 2022, Carlos Mancilla et les membres de sa famille ont reçu des appels téléphoniques les avertissant qu’ils étaient observés et mentionnant chaque personne de la famille par son prénom. Les auteurs des appels ont envoyé une photo de la maison de Carlos Mancilla et annoncé qu’ils avaient suivi sa fille mais qu’ils avaient renoncé à la tuer.

Carlos Mancilla est secrétaire général de la centrale syndicale CUS-G, président de la Commission tripartite du Guatemala sur les relations de travail et la liberté syndicale, et membre titulaire du Conseil général de la CSI. Ces événements se sont produits dans un contexte d’insécurité croissante

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 12 août 2021, des dirigeants syndicaux du Syndicat national des travailleurs de l’alimentation de Colombie, SINTRAIMAGRA et SINALTRAINAL, ont fait l’objet de menaces à Bugalagrande, dans le département de Valle del Cauca. Lorsqu’il est entré au siège de la section locale du SINTRAIMAGRA à Bugalagrande, le secrétaire a trouvé une enveloppe contenant un dépliant à l’effigie des Forces armées révolutionnaires de Colombie et portant le logo des Aigles noirs, Bloc occidental de Colombie, accompagné d’une clé USB sur laquelle les syndicalistes suivants étaient désignés comme des «cibles militaires»: Edwin Mejía, Francisco Vásquez, Fernando Castaño, Carlos Soto, Juan Camilo Jaramillo, Andrés Rubio, Onofre Esquivel, Wilson Riaño, Luis Herbert Peñaloza, Frank Acevedo, Gustavo Bedoya et Martin Agudelo.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 29 avril 2021, lors de manifestations organisées dans la ville de Copacabana, dans le département d’Antioquia, en Colombie, un enseignant militant du syndicat enseignant Antioquia Teachers' Association (Adida) filmait une opération de la police avec son téléphone portable lorsqu’il a été attaqué par des membres de la police nationale, qui ont saisi son téléphone portable et ont frappé le militant. Ensuite, quand il s’est rendu au commissariat pour récupérer son téléphone, il a été arrêté de manière arbitraire.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

En Colombie, le 25 novembre 2021, la veille des élections syndicales visant à nommer la direction du syndicat de la construction Guincheros, Maquinistas y Grúas Móviles, le dirigeant du syndicat, Roberto Coria, qui briguait un nouveau mandat, a été victime d’une tentative d’homicide devant chez lui. Il a reçu des coups de feu et a été blessé. Quelques jours plus tôt, il avait fait l’objet d’une tentative du même ordre, qui a échoué parce que l’arme de l’assaillant n’a pas fonctionné. Les tentatives de meurtre à l’encontre de M. Coria étaient liées aux élections syndicales, et tout porte à croire que les attaques ont été perpétrées par un syndicat maison soutenu par les employeurs.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 12 janvier 2022, des membres du syndicat enseignant Amalgamated Rural Teachers’ Union of Zimbabwe (ARTUZ) ont manifesté devant le bâtiment de l’Autorité nationale de sécurité sociale (NSSA), où se tenait la réunion du Conseil national conjoint de négociation (NJNC) entre le gouvernement et les syndicats. Les manifestant(e)s demandaient le rétablissement des salaires au niveau de 2018, c’est-à-dire avant que le gouvernement ne mette en œuvre les mesures d’austérité. Alors que les enseignants se rassemblaient sur les lieux, les policiers sont intervenus avec des armes à feu et des matraques. Ils ont menacé et brutalisé les enseignants, et leur ont demandé de se coucher sur le ventre. Seize dirigeants de l’ARTUZ ont été arrêtés, parmi lesquels le président du syndicat, Obert Masaraure.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Depuis le 22 novembre 2021, quelque 5.000 travailleurs/euses de Clover, la plus grande entreprise de produits laitiers d’Afrique du Sud, qui appartient à l’entreprise israélienne Milco, sont en grève pour protester contre les pertes d’emplois, les réductions de salaire et les problèmes de santé et de sécurité. En réaction, Clover a engagé une agence privée de police armée dotée de véhicules militaires et de mitrailleuses afin d’intimider les travailleurs et de briser la grève. Les travailleurs ont fait l’objet de menaces et ont reçu des cocktails Molotov et des balles en caoutchouc. Pendant les nuits du 7 et du 8 janvier 2022, des cocktails Molotov ont été lancés sur les voitures de deux grévistes. La nuit du 9 janvier, cinq voitures chargées d’hommes se sont approchées de deux grévistes pour leur demander de mettre fin à la grève. La même nuit, trois autres grévistes ont reçu des appels téléphoniques menaçants exigeant la fin de la grève.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 17 mai 2021, au Nigéria, des fonctionnaires en grève, avec à leur tête Ayuba Wabba, le dirigeant de la confédération syndicale Nigeria Labour Congress (NLC), ont été attaqués par une foule mobilisée par le gouverneur El-Rufai alors qu’ils exerçaient pacifiquement leur droit de manifester. Le 18 mai 2021, le gouvernement a fait part de sa décision de licencier immédiatement tous les fonctionnaires qui avaient pris part à cette grève qualifiée «d’illégale».

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 26 avril 2021, des policiers en faction sur une manifestation de travailleurs/euses, dans la zone industrielle de Thetsane, à Maseru, au Lesotho, ont tiré sur les manifestants avec des balles en caoutchouc, blessant trois personnes, qui ont dû être hospitalisées. Les victimes faisaient partie d’un groupe de personnes qui s’étaient rassemblées devant les usines pour demander une augmentation de salaire. Plusieurs centaines d’ouvriers avaient cessé le travail et organisé un piquet de grève, qui a été dispersé avec brutalité par des policiers armés.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 20 mai 2021, vers 2h45 du matin, un policier s’est rendu au domicile de Barry Abdoulaye, président de la Fédération syndicale autonome des télécommunications (FESATEL), en Guinée, et a demandé à entrer. Le gardien a refusé. Le policier lui a dit d’entrer lui-même pour aller chercher un membre de la famille de M. Abdoulaye pour parler à la police. Le gardien a de nouveau refusé, et le policier a fini par partir. Cet incident s’est produit lorsque la FESATEL a exprimé son opposition au plan du gouvernement guinéen d’imposer une taxe sur tous les appels passés sur les téléphones portables dans le pays, précisant que cela aurait des répercussions négatives sur les investissements des opérateurs de téléphonie mobile et, par voie de conséquence, sur l’emploi.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Après avoir participé à un piquet de grève devant l’université Omar Bongo, au Gabon, le professeur Mathurin Ovono Ebe, président du Syndicat national des enseignants chercheurs de l’université Omar Bongo (SNEC), a été enlevé par des hommes armés vers 19h00 alors qu’il rentrait chez lui. Le syndicaliste a été brutalisé et menacé par les inconnus. Il a déposé une plainte au commissariat de police.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

En mai 2021, trois policiers s’en sont pris à Sipho Shiba, un conducteur de bus de Manzini, Eswatini, alors qu’il participait à une manifestation des travailleurs/euses des transports publics. Une vidéo postée sur les médias sociaux montre les policiers en train d’insulter et d’attaquer le conducteur de bus, lui assénant des coups de pied et de poing. M. Shiba a été blessé à une oreille et au bras gauche. Le 2 juin, le service de police royal d’Eswatini a décidé de mettre à pied les trois policiers en attendant la procédure disciplinaire à leur encontre.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Au Pakistan, la police a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser une manifestation pacifique de médecins du service public, à Islamabad, le 4 octobre 2021. Une vingtaine de médecins ont été arrêtés, même une fois que la manifestation était dispersée. Plusieurs médecins ont été blessés. L’association de jeunes médecins Young Doctors’ Association (YDA) avait appelé les membres de tout le pays à se rassembler devant la Commission médicale du Pakistan, à Islamabad, pour protester contre les nouvelles réglementations imposées aux pratiques médicales et demander au gouvernement d’améliorer le niveau de l’enseignement.

Un incident du même ordre s’est produit à Lahore le 29 août 2021, et au moins 12 membres de la YDA ont été blessés par la police, qui avait utilisé des matraques et du gaz poivre pour disperser une manifestation.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 31 mai 2021, les employé(e)s des universités de la province de Khyber Pakhtunkhwa, au Pakistan, ont été violemment attaqués par des policiers lourdement armés alors qu’ils avançaient vers l’assemblée provinciale de Peshawar. Le défilé était organisé par la fédération des personnels universitaires Federation of All Pakistan Academic Staff Association (FAPASA) et visait à demander l’annulation des réformes gouvernementales, qui obligeaient les universités à générer leurs propres moyens financiers. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de matraques, faisant de nombreux blessés parmi les manifestants, dont au moins seize ont dû être hospitalisés. Vingt-quatre manifestants ont été arrêtés, dont le président du syndicat enseignant Peshawar University Teachers’ Association (PUTA).

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 11 avril 2021, des enseignant(e)s et des personnels de santé qui n’étaient affectés à aucun poste manifestaient ensemble sous la bannière des sans emploi de Sanjha Morcha à Patiala, en Inde, lorsque la police les a frappés avec des matraques tandis qu’ils essayaient de passer pour se rendre devant la résidence du chef du gouvernement de l’État du Pendjab.

Le même jour, pendant une autre manifestation des enseignants sans emploi, la police a chargé et blessé au moins dix membres syndicaux à proximité de Baradari. Les manifestants se sont déplacés vers une route principale près du canal de Bhakhra, mais la police les a rattrapés pour les neutraliser, et deux manifestants qui ont pris peur ont sauté dans le canal. Ils ont été secourus peu après.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 14 février 2022, Muhammad Al-Saidi, membre de la fédération syndicale General Federation of Trade Unions of Workers in Iraq et membre du syndicat du pétrole et du gaz General Union of Workers in the Oil and Gas Sector, a été violemment frappé lors d’une manifestation pacifique dans la province de Dhi Qar, et plusieurs travailleurs/euses ont été arrêtés illégalement. L’année dernière, les grèves dans les secteurs du pétrole et de l’électricité avaient été systématiquement désorganisées par les forces de sécurité. Les travailleurs et les dirigeants syndicaux ont fréquemment fait l’objet de procédures d’enquêtes internes et de mesures disciplinaires en raison de leurs activités syndicales légitimes. Dans certains cas, ils ont été mutés dans d’autres entreprises ou à d’autres postes et menacés de sanctions juridiques.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 7 septembre 2021, entre 1.000 et 2.000 travailleurs/euses migrants originaires du Népal et de l’Inde employés par les entreprises Nasser S. Al Hajri Corporation W.L.L (NSH), Gulf Asia Contracting LLC, et Bahrain Petroleum Company (BAPCO) ont suivi une grève d’une semaine au Bahreïn pour protester contre les mauvaises conditions de vie et de travail suite à l’insolation d’un travailleur qui avait dû être hospitalisé. En représailles, les entreprises ont fait appel à la police et à leur propre personnel de sécurité pour faire face aux grévistes. Le personnel de sécurité a commencé à intimider et à brutaliser les travailleurs, et en a frappé violemment certains, provoquant de graves blessures et des contusions. Dès le début de la manifestation, l’accès au camp des travailleurs, situé dans une zone isolée de Sitra, avait été interdit au public.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

En mai 2021, les forces de sécurité algériennes on réprimé un sit-in organisé par le Comité national pour la défense des droits des chômeurs visant à demander des emplois et des mesures d’aide à l’emploi. La police est intervenue avec une force excessive contre les travailleurs/euses sans emploi pour les disperser, blessant plusieurs personnes.

Assassinats

Des travailleurs ont été assassinés en Italie et au Kazakhstan.

Des travailleurs/euses ont été assassinés en Irak

Workers were murdered in Nigeria.

La Colombie est le pays le plus meurtrier pour les dirigeants syndicaux en 2022

Des travailleurs/euses ont été assassinés en Colombie, en Équateur, au Guatemala et à Haïti

Des travailleurs/euses ont été assassinés en Afrique du Sud, en Eswatini et au Lesotho

Des travailleurs/euses ont été assassinés au Bangladesh, en Inde, au Myanmar et aux Philippines

Assassinats

Le 14 mai 2021, Felipe Andrés Pérez Pérez, dirigeant syndical de la section locale d’Envigado du syndicat de l’agroalimentaire SINALTRAINAL, a été assassiné à Medellín en revenant d’une manifestation organisée dans le cadre de la grève nationale.

Assassinats

Le matin du 26 novembre 2021, Clemito Rengifo Salazar, membre de la base du syndicat enseignant Sindicato de Maestros de Nariño (SIMANA), effectuait sa tâche d’éducateur à l’établissement scolaire Madrigal Saint-François d’Assise, à Policarpa (département de Nariño), lorsque des inconnus l’ont enlevé sous les yeux de ses élèves. Son corps sans vie a été retrouvé dans l’après-midi.

Assassinats

Lorsque la population du Kazakhstan a commencé à organiser des manifestations pacifiques en faveur de la démocratie et de la justice sociale, en janvier 2022, la police et les forces armées ont réagi avec une extrême brutalité, tuant plus de 160 citoyen(ne)s et arrêtant plus de 8.000 personnes.

Assassinats

En Italie, Adil Belakhdim, âgé de 37 ans, a été tué le 18 juin 2021 devant une centrale de distribution de Lidl, à Biandrate, au nord du pays. Il manifestait aux côtés de 25 autres travailleurs/euses syndiqués du secteur de la logistique devant l’entrée d’un entrepôt, pour protester contre les mauvaises conditions de travail. Le camion d’un fournisseur qui manœuvrait pour sortir de l’entrepôt a percuté les travailleurs qui participaient à un piquet de grève et bloquaient une issue. Le véhicule a fauché Adil Belakhdim et l’a traîné sur plusieurs mètres. Il est décédé, et deux autres manifestants également percutés par le camion, ont été légèrement blessés.

Assassinats

Le 14 février 2022, suite à une manifestation pacifique des travailleurs/euses du pétrole et du gaz à Dhi Qar, en Irak, Ahmad Ali Al-Zaidi, syndicaliste employé dans une installation pétrolière, a été assassiné pour son militantisme lors des manifestations. L’année dernière, les grèves dans les secteurs du pétrole et de l’électricité avaient été systématiquement désorganisées par les forces de sécurité. Les travailleurs et les dirigeants syndicaux ont fréquemment fait l’objet de procédures d’enquêtes internes et de mesures disciplinaires en raison de leurs activités syndicales légitimes. Dans certains cas, ils ont été mutés dans d’autres entreprises ou à d’autres postes et menacés de sanctions juridiques.

Assassinats

Un journaliste a été tué et cinq travailleurs blessés à Port-au-Prince, à Haïti, le 23 février 2022 quand la police a ouvert le feu sur des manifestant(e)s pacifiques qui protestaient contre la faible augmentation de salaire annoncée par le gouvernement à l’issue de plusieurs semaines de contestation. Le coût de la vie augmente régulièrement à Haïti et la violence a gagné le pays à cause des bandes rivales, qui ont souvent davantage de pouvoir que le gouvernement.

Assassinats

Le 7 mai 2021, Cinthia del Carmen Pineda Estrada, âgée de 35 ans, a été abattue devant chez elle, dans le quartier de Chaparro Zacapa, au Guatemala. Elle était enseignante en école primaire et dirigeante du syndicat enseignant Sindicato de Trabajadores de la Educación de Guatemala (STEG). Le bureau du procureur n’a pas donné d’informations supplémentaires sur les auteurs et les mobiles de son assassinat.

Assassinats

En Équateur, Sandro Arteaga Quiroz, secrétaire du Syndicat des travailleurs du gouvernement provincial de Manabí, a été tué le 24 janvier 2022 sur une aire d’autoroute alors qu’il sortait de son camion. M. Quiroz, qui était accompagné d’un de ses fils au moment des faits, a été abattu par des inconnus armés qui ont tiré à deux reprises en le visant à la tête avant de s’enfuir.

Le syndicaliste avait reçu des menaces de mort au téléphone la veille de son assassinat et quelques heures avant.

La police nationale a mené des opérations terrestres et aériennes pour retrouver les assassins. Aucune arrestation n’a eu lieu à ce jour.

Assassinats

Cette année, 13 syndicalistes ont été victimes d’assassinats ciblés en Colombie.

Le 11 août 2021, Carlos Fredy Londoño Bautista, membre du syndicat d’éducateurs Asociación de Educadores del Meta, affilié de l’Adem-Fecode, a été assassiné alors qu’il s’apprêtait à commencer sa journée de travail à Fuente de Oro, dans le département du Meta. Il arrivait à l’école dans laquelle il travaillait lorsque des motards ont tiré sur lui à quatre reprises sous les yeux d’une partie de ses élèves.

Assassinats

Le 19 mai 2021, l’ouvrière Motselisi Manase a été tuée par la police pendant des manifestations sur les salaires, alors que de violents affrontements avaient éclaté entre les ouvriers/ères et la police, à Maseru, au Lesotho. La grève a débuté mi-mai 2021. Les travailleurs ont subi une forte répression de la part des forces de police, qui ont prétendu que les grévistes «ne respectaient pas les réglementations liées à la COVID-19». Les policiers ont fait usage de canons à eau et de balles réelles pour disperser les manifestants.

Assassinats

Le 20 octobre 2021, les employé(e)s et les personnels de santé du secteur public d’Eswatini ont défilé en direction du ministère de la Justice pour remettre une demande portant sur une révision des salaires de 2021, la fin de la précarisation et de la privatisation de la fonction publique, et l’arrêt des attaques à l’encontre des syndicats. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc contre les manifestants. Elle a par ailleurs arrêté deux bus transportant des fonctionnaires vers le lieu du rassemblement pacifique et tiré à balles réelles sur les passagers, causant la mort d’un étudiant, qui a reçu une balle perdue.

Assassinats

Le 13 octobre 2021, un conducteur de bus a été tué et un autre blessé pendant des affrontements avec la police lors d’une manifestation des conducteurs qui protestaient contre les bas salaires, dans la petite commune de Malkerns, Eswatini. Suite à cet assassinat, les ouvriers du transport se sont joints à des manifestations plus étendues dans le pays, appelant aux réformes démocratiques et bloquant plusieurs routes principales à travers le pays. Le lendemain, la police a ouvert le feu et tué un individu au niveau d’un barrage routier à Mpaka. Le 20 octobre, les forces de sécurité on réprimé des manifestations, à Mbabane et à Manzini, faisant un mort et au moins 80 blessés, dont 30 par arme à feu. Le lendemain, le gouvernement a interdit toutes les manifestations et fermé la plateforme de médias sociaux Facebook.

Assassinats

Le 19 août 2021, Malibongwe Mdazo, militant et organisateur du syndicat de la métallurgie National Union of Metalworkers of South Africa (NUMSA), a été assassiné en plein jour au bureau de la Commission de conciliation, médiation et arbitrage (CCMA), à Rustenburg. Il a été abattu alors qu’il sortait des bureaux du CCMA avec un groupe de membres du NUMSA, à la vue du public. Les tueurs à gages ont tiré sur lui au moins à dix reprises.

Les responsables du NUMSA participaient à une conciliation au CCMA dans le cadre du processus de vérification des membres du NUMSA à Newrack, une des entreprises sous-traitantes d’Impala Platinum Holdings (Implats), qui externalise la plupart de sa main-d’œuvre à Rustenburg. Un autre membre du NUMSA et une personne présente sur les lieux ont également été tués pendant la fusillade.

M. Mdazo faisait partie des personnes qui avaient organisé la récente grève lors de laquelle le syndicat avait demandé aux sous-traitants d’Implats d’accorder des droits organisationnels au NUMSA. Implats était réputée pour son attitude antisyndicale, qui a même conduit au licenciement unilatéral de tous les comités intérimaires du NUMSA.

Assassinats

À la mi-septembre 2021, au Myanmar, au moins 27 syndicalistes avaient été tués en participant à des manifestations du mouvement de désobéissance civile contre le pouvoir militaire. Le 14 mars 2021, lors de la manifestation de Shwe Pyi Thar, les forces de sécurité ont abattu d’une balle dans la tête Zaw Zaw Htwe, ouvrier de la confection de 21 ans qui travaillait dans une usine de l’entreprise Suntime JCK Company Limited et était membre du syndicat Solidarity Trade Union of Myanmar (STUM). Chan Myae Kyaw, conducteur de camion-benne à la mine de cuivre de SinoHydro et membre de la fédération birmane Mining Workers’ Federation of Myanmar (MWFM), a été tué le 27 mars par des soldats qui ont tiré sur lui à de multiples reprises pendant une manifestation, à Monywa. Les 28-29 mars, les militaires ont tendu une embuscade à des manifestant(e)s dans la zone industrielle South Dagon, tuant Nay Lin Zaw, dirigeant syndical à l’entreprise AD Furniture (travail du bois) et membre de la fédération d’artisans Myanmar Industry Craft Service-Trade Unions Federation (MICS-TUsF).

Assassinats

Au moins huit personnes, dont quatre paysans, ont été tuées le 3 octobre 2021 lorsque des violences ont éclaté en Inde, dans l’État de l’Uttar Pradesh. Deux paysans ont été tués par un convoi de voitures du ministère de l’Intérieur qui a percuté un groupe de grévistes. Ils manifestaient sur la route pour protester contre les lois agraires. Pendant les violences qui ont suivi, deux autres paysans ont été tués par la police. Les agriculteurs indiens s’opposaient depuis plus d’un an à l’adoption d’une série de lois agraires qui auraient pour effet d’avantager les grandes entreprises au détriment de millions de paysans. La police a réagi de plus en plus violemment. En août 2021, dans l’État d’Haryana, au nord du pays, un paysan a été tué et dix autres blessés lors de l’intervention de la police pendant une manifestation contre les lois agraires.

Assassinats

De nombreux travailleurs/euses du secteur de la confection ont été blessés le 13 juin 2021 après la répression de la police pendant des grèves de l’usine de Lenny Fashions et Lenny Apparels, située dans la zone franche d’exportation de Dhaka (DEPZ), à Ashulia, dans la banlieue de Dhaka, au Bangladesh. Les travailleurs demandaient leur salaire suite à la fermeture de l’usine. L’ouvrière Jesmin Begum, âgée de trente-deux ans, est décédée de ses blessures après avoir heurté une barre de fer alors qu’elle quittait le site de la manifestation en courant, parce que la police dispersait violemment les manifestants. De nombreux travailleurs ont été blessés par la police, qui a fait usage de balles en caoutchouc, de bombes lacrymogènes, de canons à eau et de matraques pour refouler les manifestants. Plus de 6.000 personnes ont perdu leur emploi lors de la fermeture de Lenny Fashion et Lenny Apparels, filiale de l’entreprise Must Garment établie à Hong Kong, le 20 janvier 2021. La direction avait dit qu’elle verserait les salaires dus avant le mois de mai, mais l’entreprise n’a pas respecté son engagement.

Assassinats

Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées le 17 avril 2021 lorsque la police a ouvert le feu sur une foule de travailleurs/euses qui manifestaient pour demander le paiement des salaires dus et une augmentation de salaire sur le chantier de construction de la centrale à charbon SS Power Plant, à Chittogram, au sud-est du Bangladesh. Les travailleurs protestaient contre le non-paiement des salaires, la réduction imprévue de leurs heures de travail, un congé pour le ramadan et une diminution du nombre d’heures de travail pendant la fête religieuse.

Assassinats

Aux Philippines, le dirigeant syndical de 35 ans Dandy Miguel, président du syndicat PAMANTIK-Kilusang Mayo Uno (KMU), a été tué le 28 mars 2021 à Calamba alors qu’il rentrait chez lui à moto. Dandy Miguel présidait également le syndicat Lakas ng Nagkakaisang Manggagawa ng Fuji Electric et était membre du Conseil national du KMU. Dandy Miguel a été tué par des inconnus qui ont tiré sur lui à huit reprises. Peu de temps avant son assassinat, il avait déposé une plainte auprès de la Commission des droits humains au sujet de l’exécution extrajudiciaire de neuf militants membres de syndicats ou d’ONG à Calabarzon, le dimanche 7 mars, désormais appelé «dimanche sanglant». Les homicides de ce dimanche sanglant ont été commis juste après la déclaration du président Duterte appelant ouvertement les forces de sécurité à tuer les communistes s’ils portaient des armes.

Des travailleurs nettoient le musée du Futur à Dubaï (Émirats arabes unis). Les travailleurs migrants dans le pays sont victimes d’abus graves et fréquents en matière de travail.Karim SAHIB / AFP

Tendances sur neuf ans: les violations des droits des travailleurs

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