95% des pays ont violé le droit de grève
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Violations régulières des droits
Détérioration par rapport à l’année dernière
Le Burundi, la République Centrafricaine, la Somalie et le Soudan du Sud sont toujours en proie à des conflits internes, qui ont aggravé les problèmes humanitaires et privé des millions de personnes des protections les plus élémentaires.
L’année 2022 a été marquée par une succession de coups d’État au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Soudan et au Tchad, ce qui a gravement restreint les libertés civiles des travailleurs/euses, notamment le droit de réunion pacifique et d’accès à la justice.
95% des pays ont violé le droit de grève
Pas de changement par rapport à 202195% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer
Contre 90% en 202193% des pays ont violé le droit de négociation collective
Contre 95% en 202190% des pays d’Afrique ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice
Contre 76% en 202179% des pays ont empêché l’enregistrement de syndicats
Pas de changement par rapport à 202145% des pays d’Afrique ont restreint les libertés d’expression et de réunion
Contre 50% en 2021Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 36% des pays
Pas de changement par rapport à 2021Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 31% des pays d’Afrique
Contre 33% en 2021Des travailleurs/euses ont été assassinés en Afrique du Sud, en Eswatini et au Lesotho
95% des pays ont violé le droit de grève
Pas de changement par rapport à 2021En novembre 2021, près de 100 enseignant(e)s ont été arrêtés au Soudan au début des deux jours de désobéissance civile et de grèves pour protester contre le coup d’État militaire. Les forces de sécurité ont lancé des gaz lacrymogènes sur les travailleurs qui manifestaient devant le bâtiment du ministère de l’Éducation de l’État de Khartoum. Un grand nombre d’entre eux ont été frappés et au moins une personne, une cheffe d’établissement, a eu une jambe cassée.
Au total, 87 enseignants ont été arrêtés et amenés au quartier général militaire parce que les procureurs avaient refusé de les libérer sous caution.
À Nyala, la capitale du Sud-Darfour, des inconnus en civil ont perquisitionné le domicile d’enseignants et arrêté cinq enseignants, dont Gamal Margan, chargé de la formation des bergers. Le 8 novembre 2021, les forces militaires ont fait irruption dans le Département de l’enseignement secondaire de Karray pour y installer une nouvelle direction favorable aux militaires.
95% des pays ont violé le droit de grève
Pas de changement par rapport à 2021À l’issue d’une grève de 48 heures des enseignant(e)s du Togo, qui demandaient au gouvernement de tenir la promesse qu’il avait faite de leur verser une prime exceptionnelle, 1.192 chefs d’établissement ont été rétrogradés. Le 4 novembre 2021, le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique et de l’Artisanat a ordonné le remplacement d’un peu plus de 1.000 chefs d’établissements publics et demandé aux enseignants de revenir en classe.
Quatre membres du syndicat National Emancipated and Allied Workers’ Union of South Africa (NEAWUSA) ont été mis à pied le 2 mai 2021 par la minoterie OVK, à Tweespruit, en Afrique du Sud, après la grève d’un mois qui avait eu lieu au sujet de la dangerosité des conditions de travail sur le site. Les travailleurs/euses ont interpellé l’employeur pour soulever la question de la sécurité suite à la survenue de plusieurs incidents et blessures.
En Afrique du Sud, la municipalité Steve Tshwete Local Municipality a licencié 500 employé(e)s sous prétexte qu’ils auraient participé à une grève illégale. Les fonctionnaires demandaient l’application de l’ajustement généralisé des salaires et ont entamé une grève le 21 septembre 2021. Le 8 novembre, les employés ont reçu l’ordre de reprendre le travail dans les 48 heures mais, n’ayant pas obtempéré, ils ont été avertis qu’ils seraient licenciés. Ils ont été réintégrés une semaine plus tard, après l’intervention des syndicats SA Municipal Workers’ Union (SAMWU) et COSATU.
En novembre 2021, l’entreprise Employment Placement and Services Namibia (EPSN) a licencié 43 travailleurs/euses qui étaient en grève depuis le 12 octobre, qualifiant leur action d’illégale.
Les dockers du Libéria sont restés sans emploi pendant sept mois lorsque la direction de l’entreprise APM Terminals Monrovia (APMT) a mis à pied 24 employés en octobre 2020, leur interdisant aussitôt l’accès aux locaux de l’entreprise, parce qu’ils avaient manifesté pour protester contre leurs conditions de travail. Avec le soutien du syndicat de dockers Dock Workers’ Union (DOWUL), les travailleurs exigeaient de meilleures conditions de travail, notamment en ce qui concerne le versement des indemnités de congés payés, les heures de travail, l’assurance maladie et les indemnités de repas.
La lutte a duré plusieurs mois, et de nombreux autres travailleurs ont soutenu leurs collègues mis à pied et repris leurs revendications à leur compte.
Le 21 avril 2021, le ministre du Travail du Libéria a annoncé qu’APMT n’avait «pas réussi à prouver les faits dont elle accusait les 24 travailleurs» en question et a demandé leur réintégration. Face au refus d’APMT de les réintégrer, le 4 mai 2021 le ministre de la Justice du Libéria a envoyé une lettre à l’entreprise pour lui ordonner de respecter immédiatement et sans condition la décision du gouvernement. Le 7 mai 2021, APMT a finalement consenti à réintégrer les travailleurs, qui ont repris le travail, comprenant clairement que le gouvernement attendait qu’APMT règle tous leurs problèmes.
95% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer
Contre 90% en 2021Au Rwanda, la législation interdisait toujours aux personnes ayant des fonctions politiques et aux agents des services de sécurité de constituer un syndicat et d’y adhérer.
95% des pays ont privé des travailleurs/euses du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer
Contre 90% en 2021En Afrique du Sud, une centaine d’employé(e)s de l’université de Rhodes ont commencé une grève le 10 août 2021 alors que l’établissement refusait de reconnaître leur syndicat, le National Union of Public Service and Allied Workers (NUPSAW). Après avoir syndiqué plus de 10% des employés de l’université, le NUPSAW avait contacté l’université le 29 avril 2021 pour demander à être reconnu et à exercer le droit de recruter et de syndiquer des membres, et d’organiser des réunions sur le campus.
Le responsable de la communication de l’université, lorsqu’il a été interrogé sur le refus de reconnaître le syndicat, a déclaré, au mépris le plus total des lois sud-africaines, que le NUPSAW n’était pas assez représentatif.
En juin 2021, la Société des Brasseries du Mali (BRAMALI) a procédé à des licenciements ciblés concernant les responsables syndicaux de l’entreprise, notamment le secrétaire général adjoint du syndicat, le secrétaire chargé de la communication et le secrétaire chargé des finances. Plusieurs autres responsables du syndicat figuraient sur la liste d’attente des personnes menacées de licenciement et ils ont reçu un préavis de huit jours. Les licenciements sont intervenus en pleine lutte syndicale au sein de BRAMALI suite à une grève de trois jours, en mai 2021.
Les employé(e)s du fabricant de cheveux synthétiques Style Industries Ltd luttent depuis 2015 pour faire reconnaître leur syndicat, le Kenyan Union of Hair and Beauty Workers (KUHABWO). Le KUHABWO a syndiqué 3.811 travailleurs sur une main-d’œuvre qui en compte 6.000, dont 85% de femmes, mais l’entreprise a fait son possible pour harceler et dissuader les membres du syndicat. Lorsque les dirigeants du syndicat sont venus recruter des travailleurs pendant les pauses ou à l’heure du déjeuner, l’employeur a fait appel à la police pour harceler et arrêter les travailleurs afin de les empêcher de discuter avec les représentants syndicaux.
Le conflit s’est enlisé lors de la conciliation, et le tribunal de l’emploi et des relations de travail a été saisi. Il a rendu une ordonnance imposant certaines restrictions à l’encontre de l’entreprise, en 2017. L’ordonnance enjoignait Style Industries de cesser «de persécuter, d’intimider, d’exercer des contraintes, de harceler, et de recourir à des pratiques de travail déloyales» et de laisser le tribunal finaliser le dossier. Le tribunal a par ailleurs déclaré que l’entreprise devait arrêter de résilier les contrats et de licencier les travailleurs en raison de leur adhésion au syndicat.
Malgré la décision du tribunal, les tactiques antisyndicales de l’entreprise se sont poursuivies et 150 autres membres du syndicat ont été licenciés en mai 2021. Les membres syndicaux qui n’étaient pas découragés par les licenciements et qui étaient toujours membres du syndicat ont été menacés de licenciement.
Une campagne de solidarité a été lancée en juin 2021 pour sensibiliser aux tactiques antisyndicales de l’entreprise.
Depuis octobre 2020, Amadou Diallo et Alhassane Diallo, respectivement secrétaire général et secrétaire général adjoint du syndicat des employé(e)s de l’hôtel Sheraton Grand Conakry, demandent à être réintégrés suite à leur licenciement antisyndical. En dépit des campagnes de solidarité internationale et d’une plainte déposée à l’OIT, la direction de l’hôtel s’est obstinément opposée à leur réintégration.
Les employés du Sheraton Grand Conakry, le plus grand hôtel de Guinée, ont commencé à s’organiser en mars 2019 pour protester contre les faibles salaires, les heures supplémentaires non rémunérées et l’absence de prestations de santé. Le long processus de syndicalisation s’est terminé par le succès des élections syndicales, le 11 février 2020 mais, avant cela, la direction de l’hôtel avait essayé par tous les moyens d’empêcher les élections et, faisant preuve d’une attitude antisyndicale manifeste, avait licencié de manière abusive les deux dirigeants syndicaux.
93% des pays ont violé le droit de négociation collective
Contre 95% en 2021Le syndicat de la métallurgie National Union of Metal and Allied Industries of Zimbabwe (NUMAIZ) a protesté contre les violations des droits des travailleurs/euses commises dans l’entreprise chinoise Afrochine Smelting et contre le manque total de respect des lois et des conventions collectives existantes. Au cours de l’année passée, Afrochine n’a pas versé les salaires dans les temps et a licencié 33 employés de manière unilatérale sans avoir consulté le syndicat au préalable. Les conciliations menées au Conseil national pour l’emploi du secteur des ferroalliages – une plateforme dédiée au dialogue social – n’ont pas abouti, les représentants d’Afrochine n’ayant pas assisté à la réunion tenue le 22 septembre 2021.
Les employés d’Afrochine vivent dans la peur – privés de sécurité de l’emploi et quotidiennement humiliés et frappés par leurs supérieurs hiérarchiques. Toute tentative de signaler les abus entraîne un licenciement immédiat.
Afrochine est une filiale du plus grand fabricant d’acier du monde, Tsingshan Holding Group, présent sur le London Metals Exchange, le marché de cotation des métaux. Plus de 1.500 travailleurs sont employés à l’usine de ferrochrome, à environ 75 kilomètres d’Harare.
Le syndicat South African Municipal Workers’ Union (SAMWU) s’est présenté au tribunal le 21 avril 2021 face à l’entreprise Rand Water, qui avait tenté d’interdire une grève protégée décidée par le syndicat. Le SAMWU avait organisé une grève protégée illimitée lorsque l’employeur a modifié de manière unilatérale les conditions d’emploi des travailleurs/euses, en supprimant notamment les primes incitatives qui leur étaient versées depuis 17 ans. Le syndicat avait cherché à plusieurs reprises à rencontrer les dirigeants de Rand Water pour les convaincre de revenir sur leur décision, en vain.
À Nairobi, au Kenya, environ 11.000 employé(e)s des gouvernements locaux se sont mis en grève le 13 octobre 2021 pour protester contre le non-respect d’une convention collective conclue en 2013. Depuis des années, les travailleurs se plaignaient de l’absence de promotions, des retards de salaire répétés et du non-paiement des déductions réglementaires. Ils dénonçaient également le manque d’équipement de protection individuelle et, plus récemment, au moins 11.000 employés des autorités locales n’avaient plus de couverture médicale depuis juillet 2021.
Deux jours plus tard, le syndicat des autorités locales Kenya County Government Workers’ Union (KCGWU) a été informé que ses membres pouvaient reprendre le travail. Le syndicat espérait que les promesses relatives aux principales réclamations des employés seraient tenues, mais il était déjà arrivé à plusieurs reprises que le gouvernement approuve les demandes des travailleurs et n’en tienne pas compte pour autant.
Les problèmes ont resurgi début février 2022, et les travailleurs ont donné 21 jours à la municipalité pour leur verser les salaires impayés, ce qui représentait plus de 560 millions de shillings kenyans, ainsi que les déductions réglementaires, faute de quoi ils entreprendraient une action revendicative.
90% des pays d’Afrique ont empêché les travailleurs/euses d’accéder à la justice
Contre 76% en 2021Deux ans après leur licenciement abusif, Luximun Badal et Shavindra Dinoo Sunassee, respectivement président de la section locale n°2 du syndicat de la poste Union of Post Office Workers et ex-président du syndicat des aéroports mauriciens Airports of Mauritius Limited Employees Union, demandent toujours leur réintégration.
Mauritius Post Ltd avait licencié M. Badal le 18 juin 2020 pour avoir soi-disant refusé une mutation décidée unilatéralement suite à un différend sur la négociation d’une nouvelle convention collective pour les employé(e)s de la poste, la convention précédente ayant expiré le 31 décembre 2017. Quelques jours plus tard, l’entreprise Airports of Mauritius Ltd a licencié M. Sunassee après plusieurs tentatives de la direction de modifier unilatéralement les termes d’une convention collective, ce à quoi le syndicaliste s’opposait.
79% des pays ont empêché l’enregistrement de syndicats
Pas de changement par rapport à 2021Le 14 décembre 2019, tous les syndicats et associations professionnelles du Soudan ont été dissous suite à un décret énoncé par le Conseil de souveraineté, qui a par ailleurs saisi toutes les propriétés et tous les actifs des syndicats. Depuis lors, en particulier depuis le coup d’État militaire d’octobre 2021, les syndicats indépendants sont dans l’impossibilité de fonctionner dans le pays.
45% des pays d’Afrique ont restreint les libertés d’expression et de réunion
Contre 50% en 2021Le 1er mai 2021, les célébrations de la fête du travail organisées par la section locale du district de Chitungwiza de la confédération syndicale Zimbabwe Congress of Trade Unions (ZCTU) ont été interrompues par la police qui, arrivée sur place, a brutalisé les travailleurs, les a empêchés de passer et a menacé de les arrêter.
Le responsable régional du ZCTU présent sur les lieux a demandé à la police de fournir une explication écrite justifiant l’interdiction des célébrations, ce que le commissaire de police a refusé de faire.
Le ZCTU est confronté à de nombreuses situations de ce type depuis longtemps. Des personnes envoyées par le bureau du président ou la police elle-même interrompent les activités du ZCTU, maltraitent et dispersent les travailleurs, demandent à voir leurs programmes, ou exigent d’assister à leurs réunions.
Le 20 octobre 2021, les employé(e)s du secteur public qui ont remis une demande au ministère de la Fonction publique ont fait face, selon leurs termes, à une «démonstration de force sans précédent». La demande portait sur une révision des salaires de 2021, la fin de la précarisation de la fonction publique, l’arrêt de la privatisation des services publics et l’élimination des pratiques antisyndicales.
Le commissaire national de police a interdit la manifestation, invoquant «la sécurité nationale» et «la sécurité et l’ordre public». Lorsque les travailleurs se sont rassemblés pour défiler et remettre la demande, après avoir dûment suivi le protocole, la police les a dispersés en utilisant des gaz lacrymogènes, des grenades incapacitantes et des balles en caoutchouc. Deux bus transportant des fonctionnaires, notamment des membres du syndicat enseignant Swaziland National Association of Teachers (SNAT) et du syndicat infirmier Swaziland Democratic Nurses Union (SDNU), ont été arrêtés par la police, qui a lancé des gaz lacrymogènes à l’intérieur des véhicules avant de refermer les portes. Les travailleurs qui essayaient de sortir du bus ont reçu des coups de feu. D’autres ont finalement réussi à casser les fenêtres à l’arrière du bus et les passagers ont pu s’échapper. Certaines sources affirment que 36 personnes ont été blessées et qu’un jeune passant a été tué. D’autres ont indiqué qu’au moins 80 personnes ont été blessées pendant les violences survenues dans la capitale d’Eswatini, Mbabane, ainsi qu’à Manzini.
En décembre 2021, le conseil municipal de Mbabane, Eswatini, n’a pas autorisé les associations du secteur public, parmi lesquelles le syndicat enseignant Swaziland National Association of Teachers (SNAT), à défiler dans les rues de la ville pour remettre une demande au ministère de la Fonction publique.
La lettre de la municipalité faisait référence à une directive du ministère du Logement et du Développement urbain datée du 21 octobre 2021 ordonnant «la suspension jusqu’à nouvel ordre de l’autorisation de tout défilé dans les zones urbaines».
En Eswatini, des manifestations pour la démocratie sont organisées depuis mai 2021, lors desquelles les syndicats et d’autres groupes de la société civile demandent des élections démocratiques et la fin de la monarchie absolue dans le pays, qui interdit aux partis politiques de prendre part aux élections. Selon les estimations, depuis le début de ces manifestations, 72 personnes ont été tuées par les forces de police et du gouvernement. Plusieurs centaines d’autres ont été blessées et certaines sont toujours portées disparues. Certains militants ont choisi de se cacher et d’autres ont opté pour l’exil. Le 18 octobre 2021, le ministre du Commerce d’Eswatini, Mancoba Khumalo, a déclaré que les travailleurs/euses risquaient de perdre leur emploi s’ils participaient aux manifestations pour la démocratie, contre le roi Mswati.
Suite au coup d’État de janvier 2022, les syndicats du Burkina Faso ont cherché à organiser un rassemblement. La junte militaire les en a empêchés. Depuis, les syndicats sont dans l’incapacité d’organiser des actions collectives.
Des travailleurs/euses ont été arrêtés et placés en détention dans 36% des pays
Pas de changement par rapport à 2021Le secrétaire général de la Confédération Syndicale du Congo (CSC), Fidèle Kiyangi Matangila, qui est également en charge de la Centrale des travailleurs des banques et institutions financières et président de l’Intersyndicale nationale de l’administration publique (INAP), a été arrêté le vendredi 12 mars 2021 devant le bâtiment administratif de la fonction publique. Son arrestation par les forces de sécurité faisait suite à une action de protestation menée par les membres du syndicat contre le non-paiement des salaires et des primes par l’employeur du service financier pendant une période de quatre mois.
Les travailleurs/euses ont subi des attaques violentes dans 31% des pays d’Afrique
Contre 33% en 2021Le 12 janvier 2022, des membres du syndicat enseignant Amalgamated Rural Teachers’ Union of Zimbabwe (ARTUZ) ont manifesté devant le bâtiment de l’Autorité nationale de sécurité sociale (NSSA), où se tenait la réunion du Conseil national conjoint de négociation (NJNC) entre le gouvernement et les syndicats. Les manifestant(e)s demandaient le rétablissement des salaires au niveau de 2018, c’est-à-dire avant que le gouvernement ne mette en œuvre les mesures d’austérité. Alors que les enseignants se rassemblaient sur les lieux, les policiers sont intervenus avec des armes à feu et des matraques. Ils ont menacé et brutalisé les enseignants, et leur ont demandé de se coucher sur le ventre. Seize dirigeants de l’ARTUZ ont été arrêtés, parmi lesquels le président du syndicat, Obert Masaraure.
Depuis le 22 novembre 2021, quelque 5.000 travailleurs/euses de Clover, la plus grande entreprise de produits laitiers d’Afrique du Sud, qui appartient à l’entreprise israélienne Milco, sont en grève pour protester contre les pertes d’emplois, les réductions de salaire et les problèmes de santé et de sécurité. En réaction, Clover a engagé une agence privée de police armée dotée de véhicules militaires et de mitrailleuses afin d’intimider les travailleurs et de briser la grève. Les travailleurs ont fait l’objet de menaces et ont reçu des cocktails Molotov et des balles en caoutchouc. Pendant les nuits du 7 et du 8 janvier 2022, des cocktails Molotov ont été lancés sur les voitures de deux grévistes. La nuit du 9 janvier, cinq voitures chargées d’hommes se sont approchées de deux grévistes pour leur demander de mettre fin à la grève. La même nuit, trois autres grévistes ont reçu des appels téléphoniques menaçants exigeant la fin de la grève.
Le 17 mai 2021, au Nigéria, des fonctionnaires en grève, avec à leur tête Ayuba Wabba, le dirigeant de la confédération syndicale Nigeria Labour Congress (NLC), ont été attaqués par une foule mobilisée par le gouverneur El-Rufai alors qu’ils exerçaient pacifiquement leur droit de manifester. Le 18 mai 2021, le gouvernement a fait part de sa décision de licencier immédiatement tous les fonctionnaires qui avaient pris part à cette grève qualifiée «d’illégale».
Le 26 avril 2021, des policiers en faction sur une manifestation de travailleurs/euses, dans la zone industrielle de Thetsane, à Maseru, au Lesotho, ont tiré sur les manifestants avec des balles en caoutchouc, blessant trois personnes, qui ont dû être hospitalisées. Les victimes faisaient partie d’un groupe de personnes qui s’étaient rassemblées devant les usines pour demander une augmentation de salaire. Plusieurs centaines d’ouvriers avaient cessé le travail et organisé un piquet de grève, qui a été dispersé avec brutalité par des policiers armés.
Le 20 mai 2021, vers 2h45 du matin, un policier s’est rendu au domicile de Barry Abdoulaye, président de la Fédération syndicale autonome des télécommunications (FESATEL), en Guinée, et a demandé à entrer. Le gardien a refusé. Le policier lui a dit d’entrer lui-même pour aller chercher un membre de la famille de M. Abdoulaye pour parler à la police. Le gardien a de nouveau refusé, et le policier a fini par partir. Cet incident s’est produit lorsque la FESATEL a exprimé son opposition au plan du gouvernement guinéen d’imposer une taxe sur tous les appels passés sur les téléphones portables dans le pays, précisant que cela aurait des répercussions négatives sur les investissements des opérateurs de téléphonie mobile et, par voie de conséquence, sur l’emploi.
Après avoir participé à un piquet de grève devant l’université Omar Bongo, au Gabon, le professeur Mathurin Ovono Ebe, président du Syndicat national des enseignants chercheurs de l’université Omar Bongo (SNEC), a été enlevé par des hommes armés vers 19h00 alors qu’il rentrait chez lui. Le syndicaliste a été brutalisé et menacé par les inconnus. Il a déposé une plainte au commissariat de police.
En mai 2021, trois policiers s’en sont pris à Sipho Shiba, un conducteur de bus de Manzini, Eswatini, alors qu’il participait à une manifestation des travailleurs/euses des transports publics. Une vidéo postée sur les médias sociaux montre les policiers en train d’insulter et d’attaquer le conducteur de bus, lui assénant des coups de pied et de poing. M. Shiba a été blessé à une oreille et au bras gauche. Le 2 juin, le service de police royal d’Eswatini a décidé de mettre à pied les trois policiers en attendant la procédure disciplinaire à leur encontre.
Des travailleurs/euses ont été assassinés en Afrique du Sud, en Eswatini et au Lesotho
Le 19 mai 2021, l’ouvrière Motselisi Manase a été tuée par la police pendant des manifestations sur les salaires, alors que de violents affrontements avaient éclaté entre les ouvriers/ères et la police, à Maseru, au Lesotho. La grève a débuté mi-mai 2021. Les travailleurs ont subi une forte répression de la part des forces de police, qui ont prétendu que les grévistes «ne respectaient pas les réglementations liées à la COVID-19». Les policiers ont fait usage de canons à eau et de balles réelles pour disperser les manifestants.
Le 20 octobre 2021, les employé(e)s et les personnels de santé du secteur public d’Eswatini ont défilé en direction du ministère de la Justice pour remettre une demande portant sur une révision des salaires de 2021, la fin de la précarisation et de la privatisation de la fonction publique, et l’arrêt des attaques à l’encontre des syndicats. La police a fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc contre les manifestants. Elle a par ailleurs arrêté deux bus transportant des fonctionnaires vers le lieu du rassemblement pacifique et tiré à balles réelles sur les passagers, causant la mort d’un étudiant, qui a reçu une balle perdue.
Le 13 octobre 2021, un conducteur de bus a été tué et un autre blessé pendant des affrontements avec la police lors d’une manifestation des conducteurs qui protestaient contre les bas salaires, dans la petite commune de Malkerns, Eswatini. Suite à cet assassinat, les ouvriers du transport se sont joints à des manifestations plus étendues dans le pays, appelant aux réformes démocratiques et bloquant plusieurs routes principales à travers le pays. Le lendemain, la police a ouvert le feu et tué un individu au niveau d’un barrage routier à Mpaka. Le 20 octobre, les forces de sécurité on réprimé des manifestations, à Mbabane et à Manzini, faisant un mort et au moins 80 blessés, dont 30 par arme à feu. Le lendemain, le gouvernement a interdit toutes les manifestations et fermé la plateforme de médias sociaux Facebook.
Le 19 août 2021, Malibongwe Mdazo, militant et organisateur du syndicat de la métallurgie National Union of Metalworkers of South Africa (NUMSA), a été assassiné en plein jour au bureau de la Commission de conciliation, médiation et arbitrage (CCMA), à Rustenburg. Il a été abattu alors qu’il sortait des bureaux du CCMA avec un groupe de membres du NUMSA, à la vue du public. Les tueurs à gages ont tiré sur lui au moins à dix reprises.
Les responsables du NUMSA participaient à une conciliation au CCMA dans le cadre du processus de vérification des membres du NUMSA à Newrack, une des entreprises sous-traitantes d’Impala Platinum Holdings (Implats), qui externalise la plupart de sa main-d’œuvre à Rustenburg. Un autre membre du NUMSA et une personne présente sur les lieux ont également été tués pendant la fusillade.
M. Mdazo faisait partie des personnes qui avaient organisé la récente grève lors de laquelle le syndicat avait demandé aux sous-traitants d’Implats d’accorder des droits organisationnels au NUMSA. Implats était réputée pour son attitude antisyndicale, qui a même conduit au licenciement unilatéral de tous les comités intérimaires du NUMSA.