Égypte

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Aucune garantie des droits

Aucun changement depuis l'année dernière

L’Égypte est l’un des dix pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses

  • Lois répressives

  • Poursuites contre les grévistes

  • Pratiques antisyndicales et licenciements

Les travailleurs/euses égyptiens sont restés privés de leurs droits et libertés fondamentaux au travail. Depuis la dissolution arbitraire de tous les syndicats indépendants en 2018, bon nombre d’entre eux ont essayé de se faire réenregistrer. Les grèves ont été systématiquement réprimées, les travailleurs ont été arrêtés et détenus par les forces de police, et les grévistes licenciés par leurs employeurs.

De nouvelles lois ont été promulguées en 2021 pour restreindre encore les libertés d’expression et de réunion. Le 1er août 2021, le président al-Sissi a approuvé une législation autorisant les administrations publiques à démettre de leurs fonctions les fonctionnaires soupçonnés d’appartenir à des groupes définis comme «terroristes», ou qui «portent atteinte aux services publics ou aux intérêts économiques de l’État». Le 23 novembre 2021, le président al-Sissi a ratifié des amendements qui codifient et renforcent l’état d’urgence permanent en Égypte; ainsi, un plus grand nombre de civils peuvent être renvoyés devant les tribunaux militaires, ce qui réduit encore leurs chances d’avoir droit à un jugement équitable.

Violations des droits des travailleurs

Droit de mener des activités syndicales

Le 11 mai 2021, l’entreprise textile Alexandria Spinning and Weaving Company a refusé de laisser entrer dans l’entreprise Ashraf Nassef, chef du comité syndical des travailleurs, et Faraj Al-Najjar, trésorier du syndicat, qui cherchaient à s’entretenir avec les membres du syndicat, suite à un incident survenu le 4 mars 2021, lorsque la direction a relégué sept techniciens membres du comité syndical de l’entreprise à des postes de sécurité administrative, en raison de leurs activités syndicales. Les sept membres syndicaux étaient Faraj Saeed, vice-président du comité syndical; Mahmoud Ibrahim El-Gohari, trésorier du comité syndical; Mohamed Al-Masry, membre du conseil; Mohamed Mohamed Ibrahim, trésorier adjoint; Mohamed Youssef, membre du conseil; Magdy Marei, membre du conseil; Tariq Bakr, membre du conseil.

Lois répressives

Le 1er août 2021, le président al-Sissi a approuvé une législation autorisant les administrations publiques à démettre de leurs fonctions les fonctionnaires soupçonnés d’appartenir à des groupes définis comme «terroristes» en Égypte, ou qui «portent atteinte aux services publics ou aux intérêts économiques de l’État». Le 23 novembre 2021, le président al-Sissi a ratifié des amendements qui codifient et renforcent l’état d’urgence permanent en Égypte; ainsi, un plus grand nombre de civils peuvent être renvoyés devant les tribunaux militaires, ce qui réduit encore leurs chances d’avoir droit à un jugement équitable.

Droit aux libertés civiles

Abdel-Wahab Radwan, vice-président du Comité syndical de la société Public Transport Authority Employees, en Égypte, a été arrêté en mai 2021 du fait de ses activités syndicales. Le dirigeant du syndicat était toujours en détention en 2022 en attendant son jugement. Il était accusé d’être «membre d’un groupe terroriste» et «d’utiliser les médias sociaux à mauvais escient».

Droit de mener des activités syndicales

En Égypte, tous les syndicats indépendants ont été dissous en mars 2018 et rencontrent depuis lors d’innombrables difficultés administratives. En 2022, ils cherchaient toujours à obtenir un enregistrement officiel auprès des autorités. Lorsqu’un syndicat maison existait déjà sur le lieu de travail, les syndicats éprouvaient encore plus de difficultés, dans la mesure où les employeurs affirmaient qu’aux termes de la loi de 2017, un seul comité syndical pouvait être établi, ce qui empêchait d’office la formation d’un nouveau syndicat.

Droit de négociation collective

En septembre 2021, en Égypte, 2.000 travailleurs/euses du fabricant d’appareils électroménagers Universal Group Co. ont organisé une manifestation pour demander le paiement de leurs salaires de juillet et août, et d’autres prestations qui ne leur avaient pas été versées depuis longtemps. Il s’agissait des travailleurs de cinq usines sur les neuf que compte le groupe. Ils reprochaient plus particulièrement à la direction de ne pas respecter la convention signée en octobre 2019 avec le ministère de la Main-d’œuvre, au titre de laquelle elle s’engageait à payer les salaires. À ce moment-là, le ministère était venu en aide à l’entreprise et avait payé les 5.000 travailleurs avec le fonds d’urgence pendant six mois, dans le but d’inciter l’entreprise à ne pas licencier d’employés, mais le groupe a tout de même fait en sorte de contraindre les travailleurs à démissionner.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Le 2 août 2021, le fabricant égyptien de rasoirs Lord International Co. a licencié 38 travailleurs/euses qui avaient participé à une grève aux côtés de 2.000 employés de l’entreprise. La grève avait commencé fin juillet 2021 et mis à l’arrêt la production de deux des trois usines de l’entreprise. La direction a déclaré avoir sollicité une enquête interne sur certains grévistes.

Les travailleurs en grève réclamaient un taux minimum de participation aux bénéfices de l’entreprise et la transformation des contrats de travail renouvelables annuellement en contrats permanents. Ils ont également demandé à la direction qu’aucune mesure disciplinaire ne soit prise contre les grévistes et qu’aucun d’entre eux ne soit licencié. Mais au lieu de cela, l’entreprise a annoncé que les travailleurs identifiés comme les «instigateurs de la grève» seraient licenciés ou mis à pied, et que les personnes mises à pied pourraient faire l’objet de mesures disciplinaires et d’enquêtes plus approfondies.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 28 septembre 2021, les forces de sécurité égyptiennes sont intervenues lors d’une grève pacifique à l’entreprise d’appareils électriques Universal for Electrical Appliances. Dix jours plus tôt, environ 2.000 employé(e)s avaient commencé un sit-in au siège de l’entreprise suite au décès d’un collègue, qui avait eu une crise cardiaque après avoir effectué des heures supplémentaires, sous la pression financière. Les employés n’avaient pas été payés depuis deux mois.

Le 28 septembre, les forces de sécurité ont encerclé le sit-in, fermé les entrées et empêché les travailleurs de sortir, même pour aller acheter à manger. Quelques heures avant cela, les forces de sécurité avaient perquisitionné le domicile de trois employés: Saeed Abdel Qader, Said Mohamed Abdel Latif et Mahmoud Ahmed Haridy, qui était en congé maladie chez lui suite à un coma diabétique. Les trois hommes ont été placés en détention. La fille de Mahmoud Ahmed Haridy a suivi son père lorsqu’il a été conduit au commissariat de Warrak mais lorsqu’elle a demandé de ses nouvelles, les agents qui étaient à son domicile moins d’une heure plus tôt ont affirmé qu’ils n’étaient pas au courant de son arrestation. Un sous-officier lui a conseillé de se rendre au commissariat d’Imbaba, où elle a appris que son père avait été emmené au siège de l’Agence nationale de sécurité, une force de police spéciale connue pour bafouer les droits humains et sanctionner les prétendues «menaces à la sécurité nationale», parmi lesquelles les mouvements syndicaux indépendants.

L’Égypte, où les grèves sont systématiquement réprimées, où les travailleurs sont arrêtés et où les grévistes sont licenciés par leur employeur, figure parmi les pires pays pour les travailleurs.Mahmoud Hefnawy

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