Asie-Pacifique

4,17

Violations systématiques des droits

Détérioration par rapport à l’année dernière

La région de l’Asie et du Pacifique est la deuxième pire région au monde pour les droits des travailleurs et des travailleuses, dont la note moyenne a augmenté, passant de 4,09 à 4,17, se situant désormais entre la catégorie des violations systématiques des droits et celle où les droits ne sont pas garantis.

En 2021, le Myanmar, le Cambodge et Hong Kong ont sombré dans la violence, entraînant la répression des manifestations des travailleurs/euses et des poursuites pénales contre d’éminents dirigeants syndicaux. Les Philippines ont été confrontées à une escalade de la violence contre les travailleurs/euses et leurs représentants. Plusieurs pays de la région ont adopté des lois régressives bafouant gravement les libertés civiles et la protection au travail (Inde, Indonésie, Hong Kong, Philippines).

En bref

87%

Dans 87 % des pays, le droit de grève a été violé.

91%

Dans 91% des pays, le droit de négociation collective a été violé.

87%

Dans 87 % des pays, des travailleurs/euses sont exclus du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer.

74%

En Asie-Pacifique, 74 % des pays empêchent les travailleurs/euses d’accéder à la justice.

83%

Dans 83 % des pays, des travailleurs et des travailleuses ont été arrêtés et placés en détention.

35%

En Asie-Pacifique, les travailleurs et les travailleuses ont subi des violences dans 35 % des pays.

91%

En Asie-Pacifique, 91 % des pays ont révoqué l’enregistrement de syndicats.

61%

En Asie-Pacifique, 61 % des pays ont restreint les libertés d’expression et de réunion.

Des travailleurs/euses ont été assassinés au Myanmar et aux Philippines.

Violations des droits des travailleurs

Droit de grèvePoursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

87%

Dans 87 % des pays, le droit de grève a été violé.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 30 novembre 2020, la police a dispersé une manifestation organisée par les travailleurs de Cebu dans la zone économique de Mactan pour exprimer leur indignation, célébrer la Journée de Bonifacio et dénoncer la pratique du gouvernement du «marquage rouge» des activités syndicales. Cinq travailleurs ont été arrêtés lorsque la police a fait irruption: Dennis Derige, Myra Opada, Joksan Branzuela, Jonel Labrador et Cristito Pangan, tous membres de l’organisation syndicale Sentro ng Nagkakaisa at Progresibong Manggagawa (Sentro) et du Partido Manggagawa (PM). Ils ont été placés en détention pour violation présumée des règles de quarantaine et désobéissance, et ont été libérés après le paiement d’une amende de 1 000 pesos philippins (20 USD).

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 5 octobre 2020, en Indonésie, le gouvernement a adopté, sans aucune consultation préalable des organisations syndicales nationales, une loi omnibus modifiant fondamentalement les droits des travailleurs et les règles environnementales.

Peu de temps après, les syndicats ont organisé des manifestations dans tout le pays. La police a violemment réprimé les grèves et a procédé à des arrestations arbitraires, dont 83 personnes dans le sud de Sumatra et plus de 200 manifestants à Jakarta. Trente-deux membres de la Fédération des syndicats indonésiens des travailleurs de la métallurgie (FSPMI) ont été blessés par des canons à eau et des gaz lacrymogènes à Bekasi et dix autres personnes ont été arrêtées à Bekasi et Jakarta, la police accusant les travailleurs de faire grève en dehors des horaires autorisés.

Droit de grèveLicenciés pour avoir participé à une grève

87%

Dans 87 % des pays, le droit de grève a été violé.

Licenciés pour avoir participé à une grève

Le 28 juillet 2020, l’université de Hong Kong a licencié le professeur de droit, Benny Tai, en raison d’une condamnation pénale pressentie pour son rôle dans les manifestations pro-démocratie de 2014. Benny Tai était l’un des initiateurs de la «révolution des parapluies» réclamant davantage de démocratie à Hong Kong. En 2019, un tribunal l’a condamné à 16 mois de prison pour «nuisance publique», mais il a été libéré sous caution en août 2019 dans l’attente de l’appel de sa condamnation. La décision du conseil d’administration de l’université de licencier Benny Tai va à l’encontre d’une précédente décision s’appuyant sur un manque de motifs contre lui pour justifier un licenciement. Benny Tai a indiqué sur Facebook que cette décision marquait «la fin de la liberté académique à Hong Kong».

Droit de négociation collective

91%

Dans 91% des pays, le droit de négociation collective a été violé.

Droit de négociation collective

Depuis longtemps, la compagnie aérienne Malaysia Airlines refuse d’étendre la négociation collective aux superviseurs d’équipages, arguant qu’en tant que cadres, ils ne peuvent prétendre à une représentation syndicale. Le Syndicat national du personnel navigant de Malaisie, qui représente les membres d’équipage de cabine de Malaysia Airlines, a saisi la Cour fédérale qui a décidé en juillet 2020, à la suite d’une longue procédure, que les superviseurs d’équipages avaient le droit d’adhérer à un syndicat et de négocier collectivement. Le Congrès des syndicats de Malaisie a exigé que la compagnie aérienne reconnaisse immédiatement le Syndicat national du personnel navigant de Malaisie en tant que représentant légitime des superviseurs d’équipages dans le cadre de la négociation collective, ce que la compagnie refusait toujours de faire.

Droit de négociation collective

Samsung a refusé d’entamer des négociations collectives de bonne foi et de fournir les informations pertinentes pour négocier. Malgré la présence d’un syndicat au sein de l’entreprise, la direction a fixé unilatéralement les taux salariaux. Cette attitude n’est qu’une violation de plus dans toutes celles que commet régulièrement la société.

Droit de négociation collective

L’entreprise de gestion des services aéroportuaires, Cambodian Airport Management Service (CAMS), dont la société Vinci détient majoritairement des parts, a obstinément refusé d’entamer des négociations collectives avec les syndicats de l’entreprise, affiliés à la Fédération des travailleurs des transports du Cambodge, pourtant reconnus depuis 2019 en tant que syndicats les plus représentatifs. Les négociations ont d’abord été reportées par la direction pour être ensuite interrompues par la pandémie de Covid-19, ce qui a permis à l’entreprise d’imposer unilatéralement des suspensions de travail dans les trois aéroports, sans aucune consultation des syndicats.

Le 4 novembre 2020, la CAMS a informé le personnel de manière informelle du licenciement de 161 personnes, dont 121 membres syndicaux, et n’a accepté de transmettre aux syndicats la liste des travailleurs concernés que le 24 novembre, lors d’une réunion avec le ministère du Travail. La société a contacté les travailleurs individuellement pour les forcer d’accepter un programme d’indemnisation. En janvier 2021, la CAMS avait licencié 130 personnes dans les trois aéroports de Siem Reap, Sihanoukville et Phnom Penh. Le ministère du Travail a fait la sourde oreille aux appels des syndicats dénonçant ces violations flagrantes de la législation du travail.

Droit de négociation collective

Le 15 juillet 2020, à Hong Kong, la compagnie aérienne Cathay Pacific a informé les syndicats de pilotes, Hong Kong Aircrew Officers Association (HKAOA), et du personnel navigant, Cathay Pacific Airways Flight Attendants Union (CPAFAU), qu’elle mettrait unilatéralement fin à l’accord de reconnaissance syndicale en octobre et n’entamerait pas de négociation collective qu’elle a qualifiée de «pratique dépassée». Le 22 octobre 2020, la compagnie a annoncé la fermeture de sa filiale, Cathay Dragon, et le licenciement immédiat de 7 346 membres d’équipage de cabine et de 2 613 pilotes. Le personnel a dû accepter des contrats moins avantageux, impliquant une réduction de 40 à 60 % des salaires et avantages. En juin 2020, Cathay Pacific avait bénéficié d’une aide gouvernementale de 360 millions de dollars de Hong Kong (46 millions USD).

Droit de constituer un syndicat et d’y adhérerTravailleurs exclus

87%

Dans 87 % des pays, des travailleurs/euses sont exclus du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer.

Travailleurs exclus

Certaines catégories d’agents de la fonction publique ne peuvent toujours pas exercer leur droit à la liberté syndicale. C’est notamment le cas des pompiers et du personnel pénitentiaire au Japon.

Droit de constituer un syndicat et d’y adhérerPratiques antisyndicales

87%

Dans 87 % des pays, des travailleurs/euses sont exclus du droit de constituer un syndicat et d’y adhérer.

Pratiques antisyndicales

Au Cambodge, le 17 juin 2020, des travailleurs de Greenfield Industry se sont réunis pour créer un syndicat au niveau de l’usine, affilié à la Coalition of Cambodian Apparel Workers Democratic Union (C.CAWDU), et ont élu onze représentants syndicaux. Trois jours plus tard, le département des ressources humaines a convoqué les onze travailleurs élus et les a informés que l’entreprise ne pouvait pas renouveler leur contrat de travail compte tenu du manque de commandes et des mauvais résultats des travailleurs. Alors que le président du syndicat contestait ces faux motifs, l’entreprise a menacé les représentants syndicaux, les incitant à démissionner de la C.CAWDU s’ils ne voulaient pas en subir les conséquences. Le président du syndicat local, le vice-président, le secrétaire et le trésorier ont été licenciés, car ils ont refusé de signer la lettre de démission qui leur était présentée. Six autres représentants syndicaux ont signé la lettre et ont quitté la C.CAWDU sous la contrainte.

Pratiques antisyndicales

En juin 2020, au Bangladesh, 3 000 travailleurs du secteur du textile ont été licenciés lors d’une manœuvre antisyndicale dans trois usines appartenant à la même société. Il s’agit des usines Saybolt Tex, Tanaz Fashion et Windy Wet & Dry Process, situées à Gazipur et à Dhaka. Les trois usines syndiquées appartiennent au Groupe Windy, qui possède également cinq autres usines sans présence syndicale. En tout, 1 600 personnes ont été licenciées à l’usine Saybolt Tex, 1 200 l’ont été à l’usine Tanaz Fashion et 200 à l’usine Windy Wet & Dry Process. Les travailleurs et travailleuses licenciés ont mené des grèves de la faim et d’autres formes de manifestation dans les locaux des usines du Groupe Windy pour exiger leur réintégration.

Droit à la justice

74%

En Asie-Pacifique, 74 % des pays empêchent les travailleurs/euses d’accéder à la justice.

Droit à la justice

Le 3 juillet 2020, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a approuvé la loi contre le terrorisme qui porte gravement atteinte aux libertés civiles et aux droits au travail en plaçant les travailleurs, les militants syndicaux et les autres acteurs et défenseurs des droits humains à la merci de la police, des forces militaires et des autres forces de sécurité, en les exposant à des arrestations arbitraires, à des attaques aveugles et sans fondement, à du harcèlement, à des intimidations et à des exécutions extrajudiciaires.

Conformément à cette loi, un «Conseil de lutte contre le terrorisme», désigné par le président, peut ordonner l’arrestation de toute personne qualifiée de «terroriste» sans mandat ni procédure régulière et la maintenir en détention jusqu’à 24 jours maximum. La loi s’applique également à toute «incitation» présumée, «par des discours, des déclarations, des écrits, des emblèmes, des bannières ou d’autres représentations tendant à la même fin», laissant ainsi la porte ouverte à une plus grande suppression de toutes les formes de dissidence et d’activisme civique et social. Une condamnation en application de la loi est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 12 ans de prison.

Droit à la justice

Le 30 juin 2020, la plus haute législature de la Chine a adopté à l’unanimité une nouvelle loi sur la sécurité nationale pour Hong Kong qui pénalise pratiquement tout acte considéré comme une menace à la «sécurité nationale» et prévoit des peines maximales d’emprisonnement à vie. Un an après, environ 97 défenseurs des droits de Hong Kong avaient été arrêtés en vertu de la nouvelle loi et pour huit d’entre eux, des poursuites ont été entamées. Ils ont fait l’objet d’accusations fallacieuses, telles que blanchiment d’argent, fraude et discours séditieux.

En outre, 10 200 autres personnes – dont 40 % d’étudiants – ont été arrêtées en lien avec les manifestations contre le projet de loi sur les extraditions de 2019. En tout, près de 2 450 personnes ont été poursuivies et des procédures judiciaires ont été menées à terme dans plus de 940 de ces cas.

Droit aux libertés civiles

83%

Dans 83 % des pays, des travailleurs et des travailleuses ont été arrêtés et placés en détention.

Droit aux libertés civiles

Le 21 octobre 2020, en Thaïlande, des tribunaux ont condamné treize dirigeants du Syndicat des chemins de fer de l’État à trois ans de prison. Les travailleurs membres du syndicat ont fait l’objet d’attaques judiciaires sans merci de la part de la compagnie ferroviaire, State Railway of Thailand, pour avoir mené une campagne nationale sur la sécurité ferroviaire après un déraillement mortel de train en octobre 2009 à la gare de Khao Tao. Les autorités thaïlandaises ont également mené une vendetta contre les travailleurs, notamment par l’intermédiaire du bureau de la Commission nationale de la lutte contre la corruption.

Depuis novembre 2018, les salaires mensuels de sept dirigeants du syndicat ont été diminués pour payer des amendes de 24 millions de bahts (726 116 USD) à la compagnie ferroviaire SRT à la suite de la décision de la Cour suprême du travail de 2017.

Droit aux libertés civiles

Le 10 décembre 2020, à l’aube, aux Philippines, la police nationale a perquisitionné simultanément plusieurs domiciles d’organisateurs syndicaux de la région de Manille. Disposant de mandats de perquisition émis par un juge de la ville, la police est entrée de force dans les domiciles et y a dissimulé des armes à feu, des munitions et des engins explosifs. Six militants syndicaux ont été arrêtés: Dennise Velasco (Defend Jobs Philippines), Romina Astudillo (secrétaire générale adjointe de Kilusang Mayo Uno-Metro Manille), Mark Ryan Cruz (membre du comité exécutif régional de KMU-Metro Manille), Jaymie Gregorio Jr (KMU-Metro Manille), Joel Demate (Solidarity of Labour Rights and Welfare, SOLAR) et Rodrigo Esparago (Sandigang Manggagawa sa Quezon City, SMQC).

Ils ont tous été accusés de possession illégale d’armes à feu et d’explosifs. Alors qu’un tribunal local a décidé de rejeter les poursuites contre Rodrigo Esparago, la police refusait toujours de le remettre en liberté.

Droit aux libertés civiles

Le 4 mars 2021, à 4 heures 30 du matin, aux Philippines, le Groupe de détection et d’enquêtes pénales de la police nationale philippine a fait une descente dans la résidence de Ramir Edriga Corcolon, l’a enlevé et emmené au camp Vicente Lim à Laguna. Il est le président de l’organisation San Pablo City Water District Employees Association (SPCWDEA) et le secrétaire général de la Water System Employees Response (WATER).

Le même jour, à 6 heures du matin, le domicile d’Arnedo Sanggalang Lagunias, le secrétaire du syndicat des travailleurs de Honda, a été perquisitionné; il a aussi été emmené de force dans le même camp. La police aurait trouvé une arme de poing et des explosifs lors de la perquisition.

Droit aux libertés civiles

En 2021, aux Philippines, le gouvernement a intensifié la répression contre le mouvement syndical indépendant en arrêtant illégalement et emprisonnant arbitrairement 28 dirigeants syndicaux.

Le 7 mars 2021, les forces de police ont perquisitionné des bureaux syndicaux et les domiciles de militants dans les provinces de Cavite, Laguna, Batangas et Rizal. La police a arrêté huit personnes, dont Steve Mendoza, le vice-président exécutif de l’Organised Labour Association in Line Industries and Agriculture (OLALIA KMU) à Cabuyao, et Elizabeth Camoral, l’ancienne présidente du syndicat de F-Tech et l’actuelle porte-parole chez Banyan-Laguna.

Droit aux libertés civiles

Lee Cheuk-Yan, le secrétaire général de l’organisation indépendante Hong Kong Confederation of Trade Unions (HKCTU), a été arrêté le 28 février 2020 et accusé de «réunion non autorisée» pour sa participation en 2019 à des manifestations contre le gouvernement exigeant le retrait du projet de loi sur l’extradition et le suffrage universel. Libéré sous caution dans l’attente de son procès, Lee Cheuk-Yan a de nouveau été accusé, le 11 juin 2020, d’avoir incité d’autres personnes à participer à une réunion non autorisée, le 4 juin 2020, pour commémorer le massacre de Tiananmen de 1989 et, le 6 août, d’avoir organisé et participé à une réunion non autorisée avec 25 autres militants. Au total, neuf chefs d’accusation pèsent sur Lee Cheuk-Yan, liés à quatre réunions non autorisées organisées en 2019 et 2020.

Après un procès de quatre semaines en mars 2021, Lee Cheuk-Yan et six autres militants ont été reconnus coupables et condamnés à dix-huit mois de prison. Il doit encore comparaître pour six chefs d’accusation en mai et juin 2021.

Droit aux libertés civiles

À Hong Kong, 53 des militants pro-démocratie les plus connus, dont la présidente de la Hong Kong Confederation of Trade Unions (HKCTU), Carol ng, ont été arrêtés dans un contexte de forte répression policière. Carol ng a été arrêtée chez elle le 6 janvier 2021 par la sécurité nationale pour tentative présumée de «subversion du pouvoir de l’État» en vertu de la loi de 2020 sur la sécurité nationale. Winnie Yu, présidente de l’Hospital Authority Employees Alliance (HAEA), a également été arrêtée. Ces personnes ont été accusées d’avoir organisé les élections primaires des candidats pro-démocratie à l’occasion des élections reportées de l’année dernière et d’y avoir participé. Il s’agissait de la plus grande purge politique contre les démocrates depuis l’application de la loi sur la sécurité nationale.

Droit aux libertés civiles

Le 31 juillet 2020, Rong Chhun, le président de la Confédération syndicale cambodgienne et figure du mouvement syndical au Cambodge, a été arrêté pour «incitation à commettre des infractions graves» pour les commentaires qu’il a formulés publiquement sur la diminution des terres agricoles et les irrégularités à la frontière entre le Cambodge et le Vietnam. Sous ce prétexte fallacieux, les autorités cambodgiennes s’en sont prises en réalité à son rôle dans l’organisation de piquets de grève à l’occasion de la fermeture d’usines textiles et alors qu’il exhortait le gouvernement à apporter des améliorations aux droits humains, en particulier dans le contexte de la pandémie Covid-19. Rong Chhun risque deux ans de prison s’il est reconnu coupable.

Le 7 août 2020, au moins sept manifestants et membres de la Confédération qui exigeaient la libération de Rong Chhun ont été arrêtés, y compris Sor Saknika, la présidente de l’Association des travailleurs informels du Cambodge, accusée d’incitation à rejoindre une manifestation de solidarité.Elle est, à ce jour, toujours en détention provisoire.

Le 10 août, Ouk Chayavy, l’ancienne présidente de l’Association des enseignants indépendants du Cambodge, a été attaquée par des voyous après avoir rendu visite à Rong Chhun en prison. Elle était à la tête de la campagne menée pour libérer le dirigeant syndical et était sur le point de présenter le cas aux Nations Unies et aux représentations dans le pays.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

35%

En Asie-Pacifique, les travailleurs et les travailleuses ont subi des violences dans 35 % des pays.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 26 août 2020, Kamid Istakhori, le secrétaire général de l’organisation Federasi SERBUK, a été physiquement agressé lors d’une manifestation pacifique contre le projet de loi omnibus en faveur de la création d’emplois chez PT. Tanjung Enim Lestari Pulp and Paper (TELP) de Simpang Tiga.

La manifestation pacifique des travailleurs a dégénéré lorsque des membres de la direction de la société ont commencé à disperser brutalement les travailleurs. Kamid Istakhori a essayé d’intervenir et de négocier, mais il a été frappé. Souffrant d’ecchymoses et de blessures au visage, il a été hospitalisé. Quelques jours plus tard, il était encore pris d’étourdissements, de nausées et de maux de tête.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

En Indonésie, tôt le matin du 8 août 2020, la police a dispersé brutalement 50 membres de la Fédération indonésienne des travailleurs des pâtes et papier (FSP2KI) qui bloquaient l’entrée de l’entreprise PT. Tanjung Enim Lestari Pulp and Paper (TELPP) dans la province de Lampung. Cent vingt policiers ont agressé et roué de coups des membres du syndicat et des membres des forces de l’ordre ont sexuellement harcelé plusieurs militantes au moment de la dispersion.

Cela faisait 65 jours que les travailleurs se mobilisaient devant les portes de l’entreprise en marque de solidarité avec 38 membres du personnel dont les contrats de travail ont été résiliés par l’entreprise sous-traitée PT. Kaliguma Transindo lorsque TELPP a mis fin à son contrat et a désigné une autre société. Ils exigeaient que la nouvelle société sous-traitée réembauche tous les travailleurs auparavant employés par PT. Kaliguma Transindo.

Agressions violentes contre les travailleurs et les travailleuses

Le 25 juillet 2020, au Bangladesh, la police de Dhaka s’en est violemment prise à des travailleurs et travailleuses du secteur du textile des sociétés Viyellatex et Shofi Tex. Ils protestaient pour dénoncer le non-paiement des salaires et des allocations. La police a fait usage d’une force démesurée pour disperser la manifestation, se servant de matraques, tirant à l’arme à feu et lançant des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes contre les travailleurs. Douze personnes ont été gravement blessées lors des attaques policières.

Droit de mener des activités syndicales

91%

En Asie-Pacifique, 91 % des pays ont révoqué l’enregistrement de syndicats.

Droit de mener des activités syndicales

Depuis 2018, en Afghanistan, les autorités n’ont pas cessé de s’en prendre au Syndicat national des travailleurs et des employés de l’Afghanistan, l’empêchant de fonctionner. En septembre 2020, le ministère de la Justice a interdit pour la deuxième fois la tenue de son congrès le 5 septembre 2020. L’organisation avait en effet déjà tenté d’organiser son congrès en février, mais avait également essuyé un refus de la part des autorités.

De plus, le gouvernement n’a pas tenu sa promesse de débloquer le compte bancaire de l’organisation et a refusé de restituer les propriétés confisquées du syndicat «jusqu’à la tenue d’un congrès».

Le 19 janvier 2021, le Syndicat national des travailleurs et des employés de l’Afghanistan a finalement réussi à organiser son congrès et a ensuite envoyé la liste des nouveaux dirigeants élus au gouvernement pour enregistrement, mais leur demande a été purement et simplement refusée. Pour l’heure, le gouvernement refuse toujours de renouveler l’inscription du syndicat, de lui restituer ses bureaux et ses propriétés, et de débloquer ses comptes bancaires.

Droit de mener des activités syndicales

L’organisation Union for New Civil Servants, un syndicat de fonctionnaires de Hong Kong formé lors des manifestations pro-démocratie de 2019, a été dissoute en janvier 2021. La décision a été prise le lendemain de la décision du gouvernement de fixer un délai de quatre semaines pour que ses agents prêtent allégeance à la ville et jurent de respecter la Loi fondamentale. Le président de l’organisation, Michael Ngan, a annoncé que le syndicat avait décidé sa dissolution à la lumière du serment d’allégeance imminent. En effet, la situation soulevait de sérieuses inquiétudes pour la sécurité des membres et pouvait conduire à l’éviction de la fonction publique de certains membres du syndicat.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

61%

En Asie-Pacifique, 61 % des pays ont restreint les libertés d’expression et de réunion.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Alors qu’au Myanmar, le coup d’État militaire a pris des proportions inquiétantes avec la répression violente de toute dissidence populaire, des centaines de personnes ont été arrêtées et détenues sans aucun respect d’une procédure régulière. La junte militaire a continué d’asseoir son autoritarisme avec son projet de loi sur la cybersécurité qui accorderait aux autorités des pouvoirs considérables pour bloquer des contenus, plaçant l’ensemble de la population sous surveillance et supprimant la liberté d’expression.

Le 9 février 2021, l’armée a publié un projet de loi prévoyant une fausse période de «consultation» de six jours. Toute remise en question en ligne d’une action de la junte sera punie de peines de prison et de lourdes amendes. La loi reprend, dans son cadre de protection contre la cybercriminalité, toute «déclaration écrite et verbale contre la loi en vigueur» et toute «infraction commise à l’échelle locale ou internationale», ce qui signifie que les personnes en dehors du Myanmar qui critiquent la junte sont passibles d’actions de l’armée.

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 2 avril 2020, au Cambodge, Soy Sros, une dirigeante syndicale locale chez Superl, une société de maroquinerie, a été arrêtée pour «provocation», en application du Code pénal cambodgien, pour ses publications sur les réseaux sociaux critiquant la suspension de membres du syndicat, y compris d’une femme enceinte, pendant la crise du coronavirus. Elle a été détenue à la prison provinciale de Kompong Speu où, selon Pav Sina, le président du Mouvement syndical collectif de travailleurs, sa santé s’est gravement détériorée.

Assassinats

Des travailleurs/euses ont été assassinés au Myanmar et aux Philippines.

Assassinats

Le 7 février 2021, Leonardo Escala, le président du syndicat des dockers du terminal d’ICTSI à Manille et sa nièce de quatre ans ont été touchés à plusieurs reprises par des tirs à l’arme à feu devant son domicile à Tondo (Manille). Ses meurtriers se sont échappés sur des scooters. Leonardo Escala est décédé une heure plus tard à l’hôpital où sa nièce a dû être hospitalisée pour des blessures par balle dans le dos.

Assassinats

Le 17 août 2020, Zara Alvarez, âgée de 39 ans, a été abattue. Elle était la coordinatrice de l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) dans la ville de Bacolod. Elle faisait partie des 600 personnes qualifiées de «terroristes» dans la demande de bannissement déposée au tribunal régional de première instance de Manille en 2018. Son nom et sa photo sont apparus sur des affiches dans les rues de Negros en tant que l’une des responsables présumées du Parti communiste des Philippines. Zara Alvarez, comme beaucoup d’autres, a été supprimée de la liste en 2019. Toutefois, ces personnes étaient toujours menacées ou calomniées par de soi-disant forces de l’État. À ce jour, aucune arrestation n’a été faite en lien avec son assassinat.

Assassinats

Aux Philippines, la violence de l’État contre les militants syndicaux est endémique alors que le président Duterte tolère, voire ordonne des attaques ciblées pour les arrêter et les exécuter. Au début du mois de mars 2021, il a publiquement exprimé son «désir de tuer tous les communistes». Le 7 mars 2021, les forces de l’État ont lancé des raids coordonnés contre des dirigeants et des militants syndicaux dans les provinces de Cavite, Laguna, Batangas et Rizal (Southern Tagalog). Cinq militants syndicaux ont été tués par la police, dont Manny Asunción et Michael Dasigao.

Assassinats

Depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 au Myanmar, des foules se sont rassemblées pour appeler au retour de la démocratie et au rétablissement de l’État de droit. Bien que confrontés à l’extrême brutalité des forces de l’État, qui n’ont pas hésité à tuer et à arrêter en masse, la détermination de ces opposants est restée intacte.

Au début du mois de mars, une coalition de syndicats a appelé à une grève pour «immobiliser complètement et longtemps l’économie du Myanmar». Des travailleurs de plusieurs secteurs se sont joints au mouvement de protestation, surtout ceux des chemins de fer publics et du secteur bancaire. La police a intimidé les cheminots à Mandalay, la deuxième plus grande ville du pays, en patrouillant la nuit dans leur quartier, en criant et en tirant au hasard.

À Yangon et ailleurs, la police et des soldats ont effectué des raids tous les soirs après le couvre-feu de 20 heures et ont tiré à l’arme à feu, lancé des grenades assourdissantes et procédé à des arrestations arbitraires. Les arrestations sont souvent effectuées sous la menace d’armes, sans aucun mandat.

Au moment de rédiger le présent document, au moins 550 personnes avaient été tuées au cours des semaines de trouble, des centaines d’autres avaient été blessées et plus de 2 700 arrêtées, poursuivies ou déjà condamnées.


La région de l’Asie et du Pacifique était la deuxième pire région au monde pour les droits des travailleurs. L'Inde était l’un des pays à avoir adopté des lois bafouant gravement les libertés civiles, ce qui a conduit à une grève générale.Sanjay Kanojia / AFP

Tendances sur huit ans: les violations des droits des travailleurs

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