Philippines

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Aucune garantie des droits

Aucun changement depuis l'année dernière

Les Philippines figurent parmi les dix pires pays au monde pour les travailleurs et les travailleuses

  • Violence et assassinats

  • Arrestations arbitraires

  • Répression par l’État

Les travailleurs/euses et leurs représentants aux Philippines sont restés particulièrement vulnérables aux violentes attaques, aux actes d'intimidation et aux arrestations arbitraires. Les syndicalistes, malicieusement qualifiés de «rouges» par le président Duterte, approuvant même les exécutions extrajudiciaires dans ses discours, sont restés confrontés à une menace immédiate de la part de la police et de l’armée, qui ont lancé des raids ciblés à leur encontre. Vingt-huit représentants syndicaux ont été illégalement arrêtés et détenus en mars et en décembre, et sept dirigeants syndicaux ont été assassinés de mars 2020 à avril 2021.

La situation risque de s'aggraver pour les travailleurs/euses suite à l’adoption de la loi antiterroriste, entrée en vigueur en juillet 2020 et accordant des pouvoirs encore plus étendus à la police et aux militaires pour attaquer et harceler les travailleurs/euses et les militants syndicaux.

Violations des droits des travailleurs

Assassinats

Le 7 février 2021, Leonardo Escala, le président du syndicat des dockers du terminal d’ICTSI à Manille et sa nièce de quatre ans ont été touchés à plusieurs reprises par des tirs à l’arme à feu devant son domicile à Tondo (Manille). Ses meurtriers se sont échappés sur des scooters. Leonardo Escala est décédé une heure plus tard à l’hôpital où sa nièce a dû être hospitalisée pour des blessures par balle dans le dos.

Assassinats

Le 17 août 2020, Zara Alvarez, âgée de 39 ans, a été abattue. Elle était la coordinatrice de l’Alliance of Concerned Teachers (ACT) dans la ville de Bacolod. Elle faisait partie des 600 personnes qualifiées de «terroristes» dans la demande de bannissement déposée au tribunal régional de première instance de Manille en 2018. Son nom et sa photo sont apparus sur des affiches dans les rues de Negros en tant que l’une des responsables présumées du Parti communiste des Philippines. Zara Alvarez, comme beaucoup d’autres, a été supprimée de la liste en 2019. Toutefois, ces personnes étaient toujours menacées ou calomniées par de soi-disant forces de l’État. À ce jour, aucune arrestation n’a été faite en lien avec son assassinat.

Assassinats

Aux Philippines, la violence de l’État contre les militants syndicaux est endémique alors que le président Duterte tolère, voire ordonne des attaques ciblées pour les arrêter et les exécuter. Au début du mois de mars 2021, il a publiquement exprimé son «désir de tuer tous les communistes». Le 7 mars 2021, les forces de l’État ont lancé des raids coordonnés contre des dirigeants et des militants syndicaux dans les provinces de Cavite, Laguna, Batangas et Rizal (Southern Tagalog). Cinq militants syndicaux ont été tués par la police, dont Manny Asunción et Michael Dasigao.

Droit aux libertés civiles

Le 10 décembre 2020, à l’aube, aux Philippines, la police nationale a perquisitionné simultanément plusieurs domiciles d’organisateurs syndicaux de la région de Manille. Disposant de mandats de perquisition émis par un juge de la ville, la police est entrée de force dans les domiciles et y a dissimulé des armes à feu, des munitions et des engins explosifs. Six militants syndicaux ont été arrêtés: Dennise Velasco (Defend Jobs Philippines), Romina Astudillo (secrétaire générale adjointe de Kilusang Mayo Uno-Metro Manille), Mark Ryan Cruz (membre du comité exécutif régional de KMU-Metro Manille), Jaymie Gregorio Jr (KMU-Metro Manille), Joel Demate (Solidarity of Labour Rights and Welfare, SOLAR) et Rodrigo Esparago (Sandigang Manggagawa sa Quezon City, SMQC).

Ils ont tous été accusés de possession illégale d’armes à feu et d’explosifs. Alors qu’un tribunal local a décidé de rejeter les poursuites contre Rodrigo Esparago, la police refusait toujours de le remettre en liberté.

Droit aux libertés civiles

En 2021, aux Philippines, le gouvernement a intensifié la répression contre le mouvement syndical indépendant en arrêtant illégalement et emprisonnant arbitrairement 28 dirigeants syndicaux.

Le 7 mars 2021, les forces de police ont perquisitionné des bureaux syndicaux et les domiciles de militants dans les provinces de Cavite, Laguna, Batangas et Rizal. La police a arrêté huit personnes, dont Steve Mendoza, le vice-président exécutif de l’Organised Labour Association in Line Industries and Agriculture (OLALIA KMU) à Cabuyao, et Elizabeth Camoral, l’ancienne présidente du syndicat de F-Tech et l’actuelle porte-parole chez Banyan-Laguna.

Droit aux libertés civiles

Le 4 mars 2021, à 4 heures 30 du matin, aux Philippines, le Groupe de détection et d’enquêtes pénales de la police nationale philippine a fait une descente dans la résidence de Ramir Edriga Corcolon, l’a enlevé et emmené au camp Vicente Lim à Laguna. Il est le président de l’organisation San Pablo City Water District Employees Association (SPCWDEA) et le secrétaire général de la Water System Employees Response (WATER).

Le même jour, à 6 heures du matin, le domicile d’Arnedo Sanggalang Lagunias, le secrétaire du syndicat des travailleurs de Honda, a été perquisitionné; il a aussi été emmené de force dans le même camp. La police aurait trouvé une arme de poing et des explosifs lors de la perquisition.

Droit à la justice

Le 3 juillet 2020, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a approuvé la loi contre le terrorisme qui porte gravement atteinte aux libertés civiles et aux droits au travail en plaçant les travailleurs, les militants syndicaux et les autres acteurs et défenseurs des droits humains à la merci de la police, des forces militaires et des autres forces de sécurité, en les exposant à des arrestations arbitraires, à des attaques aveugles et sans fondement, à du harcèlement, à des intimidations et à des exécutions extrajudiciaires.

Conformément à cette loi, un «Conseil de lutte contre le terrorisme», désigné par le président, peut ordonner l’arrestation de toute personne qualifiée de «terroriste» sans mandat ni procédure régulière et la maintenir en détention jusqu’à 24 jours maximum. La loi s’applique également à toute «incitation» présumée, «par des discours, des déclarations, des écrits, des emblèmes, des bannières ou d’autres représentations tendant à la même fin», laissant ainsi la porte ouverte à une plus grande suppression de toutes les formes de dissidence et d’activisme civique et social. Une condamnation en application de la loi est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à 12 ans de prison.

Poursuites pénales contre des dirigeants syndicaux pour leur participation à des grèves

Le 30 novembre 2020, la police a dispersé une manifestation organisée par les travailleurs de Cebu dans la zone économique de Mactan pour exprimer leur indignation, célébrer la Journée de Bonifacio et dénoncer la pratique du gouvernement du «marquage rouge» des activités syndicales. Cinq travailleurs ont été arrêtés lorsque la police a fait irruption: Dennis Derige, Myra Opada, Joksan Branzuela, Jonel Labrador et Cristito Pangan, tous membres de l’organisation syndicale Sentro ng Nagkakaisa at Progresibong Manggagawa (Sentro) et du Partido Manggagawa (PM). Ils ont été placés en détention pour violation présumée des règles de quarantaine et désobéissance, et ont été libérés après le paiement d’une amende de 1 000 pesos philippins (20 USD).

Vingt-huit représentants syndicaux ont été illégalement arrêtés et sept dirigeants syndicaux ont été assassinés aux Philippines, qui figurent dès lors parmi les dix pires pays pour les travailleurs.Maria Tan / AFP

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