Cambodge

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Aucune garantie des droits

Aucun changement depuis l'année dernière

Violations des droits des travailleurs

Atteintes aux libertés d’expression et de réunion

Le 2 avril 2020, au Cambodge, Soy Sros, une dirigeante syndicale locale chez Superl, une société de maroquinerie, a été arrêtée pour «provocation», en application du Code pénal cambodgien, pour ses publications sur les réseaux sociaux critiquant la suspension de membres du syndicat, y compris d’une femme enceinte, pendant la crise du coronavirus. Elle a été détenue à la prison provinciale de Kompong Speu où, selon Pav Sina, le président du Mouvement syndical collectif de travailleurs, sa santé s’est gravement détériorée.

Droit aux libertés civiles

Le 31 juillet 2020, Rong Chhun, le président de la Confédération syndicale cambodgienne et figure du mouvement syndical au Cambodge, a été arrêté pour «incitation à commettre des infractions graves» pour les commentaires qu’il a formulés publiquement sur la diminution des terres agricoles et les irrégularités à la frontière entre le Cambodge et le Vietnam. Sous ce prétexte fallacieux, les autorités cambodgiennes s’en sont prises en réalité à son rôle dans l’organisation de piquets de grève à l’occasion de la fermeture d’usines textiles et alors qu’il exhortait le gouvernement à apporter des améliorations aux droits humains, en particulier dans le contexte de la pandémie Covid-19. Rong Chhun risque deux ans de prison s’il est reconnu coupable.

Le 7 août 2020, au moins sept manifestants et membres de la Confédération qui exigeaient la libération de Rong Chhun ont été arrêtés, y compris Sor Saknika, la présidente de l’Association des travailleurs informels du Cambodge, accusée d’incitation à rejoindre une manifestation de solidarité.Elle est, à ce jour, toujours en détention provisoire.

Le 10 août, Ouk Chayavy, l’ancienne présidente de l’Association des enseignants indépendants du Cambodge, a été attaquée par des voyous après avoir rendu visite à Rong Chhun en prison. Elle était à la tête de la campagne menée pour libérer le dirigeant syndical et était sur le point de présenter le cas aux Nations Unies et aux représentations dans le pays.

Pratiques antisyndicales

Au Cambodge, le 17 juin 2020, des travailleurs de Greenfield Industry se sont réunis pour créer un syndicat au niveau de l’usine, affilié à la Coalition of Cambodian Apparel Workers Democratic Union (C.CAWDU), et ont élu onze représentants syndicaux. Trois jours plus tard, le département des ressources humaines a convoqué les onze travailleurs élus et les a informés que l’entreprise ne pouvait pas renouveler leur contrat de travail compte tenu du manque de commandes et des mauvais résultats des travailleurs. Alors que le président du syndicat contestait ces faux motifs, l’entreprise a menacé les représentants syndicaux, les incitant à démissionner de la C.CAWDU s’ils ne voulaient pas en subir les conséquences. Le président du syndicat local, le vice-président, le secrétaire et le trésorier ont été licenciés, car ils ont refusé de signer la lettre de démission qui leur était présentée. Six autres représentants syndicaux ont signé la lettre et ont quitté la C.CAWDU sous la contrainte.

Droit de négociation collective

L’entreprise de gestion des services aéroportuaires, Cambodian Airport Management Service (CAMS), dont la société Vinci détient majoritairement des parts, a obstinément refusé d’entamer des négociations collectives avec les syndicats de l’entreprise, affiliés à la Fédération des travailleurs des transports du Cambodge, pourtant reconnus depuis 2019 en tant que syndicats les plus représentatifs. Les négociations ont d’abord été reportées par la direction pour être ensuite interrompues par la pandémie de Covid-19, ce qui a permis à l’entreprise d’imposer unilatéralement des suspensions de travail dans les trois aéroports, sans aucune consultation des syndicats.

Le 4 novembre 2020, la CAMS a informé le personnel de manière informelle du licenciement de 161 personnes, dont 121 membres syndicaux, et n’a accepté de transmettre aux syndicats la liste des travailleurs concernés que le 24 novembre, lors d’une réunion avec le ministère du Travail. La société a contacté les travailleurs individuellement pour les forcer d’accepter un programme d’indemnisation. En janvier 2021, la CAMS avait licencié 130 personnes dans les trois aéroports de Siem Reap, Sihanoukville et Phnom Penh. Le ministère du Travail a fait la sourde oreille aux appels des syndicats dénonçant ces violations flagrantes de la législation du travail.

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